Les signes avaient amené Assa Ruru à se déplacer jusqu'au territoire de Q'Elq'Ay Mayucha. Loin d'être le genre à apprecier effectuer lui même un deplacement, il fallait dire que passer une patte devant l'autre semblait être une veritable calvaire pour le jeune Dodaso de Iná-Apata qui trainait largement de la patte à telle point que ces dernières étaient totalement tachées de boue.
- Eh, Tisres, Avait-il lancé à l'égard de ce dernier - enfin, celui qu'il pensait être le Dodaso de ces terres puisque son état de fatigue ne lui permettait pas de reflechir convenablement -. Pourtant il n'y avait qu'un pauvre kilomètre tout au plus entre les deux territoires, mais c'était pour Assa Ruru le kilomètre de trop. Les piafs m'ont amené à toi, Tisres il parrait que tu vas être d'une grande aide! Il avait contourné l'individu d'un pas nonchalant sans même franchement le regarder avant de s'affaler sur le sol, la tête posée entre les pattes. Un long soupire avait fait se soulever un nuage de poussière et de moustiques: Cette foutue jungle en était pleine.
- Bon, dis moi que c'est bien toi, Tisres. Même de tourner la tête pour vérifier qu'il s'adressait au bon Dodaso était trop agaçant.
En lui-même, Tisres s'amusait beaucoup. Cet Assa Ruru était si crédule. Il faisait un bon public. L'enfant fixait d'ailleurs ce dernier, avec une moue peinée.
- Hé ! Mais pourquoi tu veux me vexer ? C'est pas gentil !
Puis Tisres marqua une pause comme pour réfléchir, s'asseyant comme un chiot, ses deux pattes arrières étalées sur le côté. Il s'enquit, à peu près calme cette fois-ci:
- D'accord. Quoi comme défi ?
Mais sans que ce calme dure, le chiot remonta en excitation:
- Oh ! Est-ce que ce sera en concoction ? J'adooooore faire les concoctions ! Oh, je te l'ai déjà dit non ?
Donc c'était réellement lui, Tisres. Il avait l'air si stupide pourtant. Assa Ruru avait du mal à y croire, il fallait le dire, mais lorsqu'il s'était mis à observer autour de lui et se rendre compte que le village était encore moins peuplé que le sien le Dodaso d'Ina Apata en avait conclu la chose suivante: Ses autres protégés étaient mort à cause de son manque de sérieux.
- Alors je vais surement te vexer. Avait affirmé le Oso avant de poursuivre; Si tu es vraiment Tisres, alors montre mois ce que tu sais faire. C'était alors le défi qu'il lui avait lancé, pressé de savoir de quoi était capable le célèbre Dodaso Enfant. Malgré que sa réputation le précédait, Assa Ruru avait encore du mal à accepter le comportement de l'autre. Il fallait avouer qu'en terme de Dodaso d'exception Assa Ruru était loin d'être un exemple, lui qui était toujours si fatigué et fainéant.
- Humf, Tisres de Q'Elq'Ay Mayachu je te défis, je crois. Il était sûre de lui quant au défis, mais c'était plus sa motivation qui semblait être défaillante. Il avait bayé, complètement bayé à s'en arracher la mâchoire.
Il soupira bruyamment.
- C'est dommage, j'aurai bien aimé leur parler! T'imagine ils m'auraient apprit à voler? Ç'aurait été génial.
Puis, brutalement, le chiot eut une mine sérieuse.
- J'ai dit la vérité, Assa Ruru. Je suis Tisres, Dodaso de Q'elq'ay Mayucha, protecteur des non-initiés de Q'elq'ay.
Et aussi vite qu'il était devenu grave, il redevint frétillant.
- Et arrête de poser la question, ça va finir par me vexer !
Tisres lui décocha un sourire rieur, la langue pendant d'un coin de la gueule.
L'autre était définitivement très intriguant; Il avait l'air de n'être qu'un gamin et malgré les rumeurs et les on-dits que Assa Ruru avait entendu au sujet du Dodaso enfant de Q'elq'ay Mayucha, il s'était trouvé particulièrement surpris du comportement de celui-ci.
- Euh, les oiseaux me montrent des signes...- Il avait fait une pause le temps de ravaler sa salive et d'executer une sorte de moulinet avec sa patte. -Puis tu vois moi je les interprête en fait. Il s'était expliqué.
- Nan euh, sérieusement, c'est toi qui protège ce territoire? Il était venu faire une gymnastique improbable pour venir se gratter le coin de l'oreille, presque étalé sur le sol tant il s'était plié vers l'avant, comme si ses larges pattes ne parvenaient pas à supporter son poids. Ce mec était-il vraiment Tisres? Ou bien se foutait-il simplement de sa gueule?
Pour le coup, Tisres se figea et eut une mine désarçonnée. L'enfant s’aplatissait devant le reproche. Puis Assa Ruru s'était redressé, et Tisres avait pu apercevoir ses yeux verts, qui le fixait d'une moue dubitative. Alors, il se redressa fièrement, et, bombant le torse (et essayant d'imiter le parlé du Dodaso de Iná-Apata ) :
- 'Sûr que je suis un Dodaso ! Les types d'ici ils me font grave confiance, hein. (Et retrouvant finalement son enthousiasme et sa façon de parler habituelle:) Je suis super fort en concoction en plus ! Mais qu'est que tu veux dire par les piafs ? Tu parle aux oiseaux ?! Ça doit être génial ! Tu veux bien m'apprendre, diiiiis ?
Mais en lui il songeait: Les esprits libres ? Il devait être prudent.
- Oh woah! Tout doux mon frère! Il s’était affalé d’avantage. Appelle moi comme tu veux moi j’m’en fou. Puis il s´était roulé sur lui même avant de se redresser avec la plus grande nonchalance du monde.
- Les piafs ont dit que tu allais être une sorte de ... pièce maitresse ou un truc comme ça pour aller s’occuper des esprits libres. Mais il avait aussi un sourcil, dubitatif. T’es certain d’être préparé à être un Dodaso? Je veux dire... les types d’ici ils te font confiance? En montrant du museau les habitants du village.
Tisres marchait, la truffe au sol. Il était sûr d'avoir vu des baies de brumïr par là, et sa réserve commençait à baisser. Tout à coup, cette dernière s'arrêta, et se leva face au vent. Un intrus !
Il trottina à contre-vent, en direction de l'odeur étrangère, et dû soudainement s'arrêter brutalement. Assa Ruru venait d'apparaître devant lui, l'air absolument épuisé. Il s'écroula sur le sol tandis que Tisres le fixait toujours, interdit. Ses oiseaux ?
Puis il s'ébroua et enfila le masque.
- Oh, oui, c'est moi ! Et toi tu est Assa Ruru, pas vrai ? Je peux t'appeler Assa ? C'est tellement plus couuuurt.
Et de sa queue frétiller, et lui sautiller de droite à gauche, l'air absolument tout content.
- Tu m'as fait une de ces peurs en arrivant ! Je ne m'attendais pas du tout à te voir, tu sais. Alors ! Dis moi, qu'est-ce que tu fais ici ? Tu as l'air tellement fatigué ! Tu veux que je t'apporte un truc ? De l'eau ? Moi quand je suis fatigué, je bois toujours de l'eau, ça me redonne de l'énergie !
Puis il s'assit, et pencha la tête sur le côté, attendant sa réponse.