Les flammes étaient gigantesque et si l'incendie semblait avoir commencé du coté de l'Apothicaire Eastwood et de la Galerie d'Art Gabrielli, il commençait à s'étendre, vorace, dévorant les autres boutiques. Bientôt les cris d'horreur des citoyens médusés laissairent place à de terrifiant cris de douleur, des hurlements à en faire pâlire plus d'un, des cris qui rappelaient ceux des executions: Des personnes étaient-elles en train de bruler?
D'où viennent les cris? Il semblerait qu'ils soient masqués par le son de verre qui se brise ainsi que par une étrange - mais néanmoins forte! - odeur de térébenthine! Où se trouvent les victimes? Chez l'Apothicaire ou bien dans la Galerie d'Art? Trouverez-vous la réponse à temps? De quel coté les Gardes vont-ils choisire de mobiliser du monde? Allez vous faire le bon choix? Dépéchez vous, vous avez jusqu'à 16h40 pour faire un choix, peuple de Reign!
Le prophète était absolument ravis de la décision de Paris. Un sourire avait parcourue ses larges babines noire et il s'était rapproché de l'Archidiacre.
- Tu es un homme de foi, Archidiacre Clotaire d'Aspremont. Le ciel en soit témoin, ainsi que tout Paris! Avait-il annoncé. Ses yeux s'étaient clos l'espace d'un instant et son aura s'était faite plus forte, les plaies les petites s'étaient résorbées, les plus importantes semblaient avoir cicatrisées mais ne s'étaient pas effacées. Tout ceux présent sur la place étaient à présent guéris - du moins ils n'allaient certainement pas souffrir de leurs maux - les morts par contre allaient le rester...
Son aura, petit à petit, s'était ravisée.
- Il est tant de s'occuper du reste des blessés de Paris..
( Vous avez acceptez le Prophète parmi vous, il fera donc désormais parti de votre quotidien et certains d'entre vous allez très certainement le voir apparaitre dans vos RPs. Ce RP ce termine sur cette réponse - vous pouvez bien évidemment poster une dernière réaction -.
Il vous est désormais possible d'ouvrir de nouveaux RPs dans un Paris encore catastrophé par les événements avec un quartier des commerces en cendre. Il y a peut-être encore des personnages à sauver, qui sait. Je vous laisse un petit temps pour RP entre vous tranquillement avant de poursuivre les évenements. Merci d'avoir participé et j'espère que tout ça vous plait! )
Tout ces discours hérétiques...Cette imbécile de bibliothécaire, se sentant protégée par cette pseudo-aura divine...Ces impies de bohémiens, pensant trouver le salut dans les vaines paroles d'un faux prophète. Tout ces gens qui ne trouvaient du courage que lorsqu'ils étaient protégés par quelqu'un de plus fort - c'était ça, le peuple de Paris ? Melchior était lâche, mais au moins, il se savait fidèle à ses idéaux, pas la vulgaire catin d'un faux envoyé du Seigneur. Chacun des mots des hérétiques l'écœurait tant qu'il était secoué par de vifs haut-le-cœur. Mais le pire fut d'entendre Clotaire rejoindre le parti du "Prophète" avec un sermon aussi douloureux à entendre que Melchior se sentit profondément trahi, lui qui avait pourtant mis en garde l'archidiacre. Il secoua tristement la tête. Comment avait-il pu être aussi fou pour accorder sa confiance à un gamin comme Clotaire ? Il avait commis l'erreur d'ignorer ses ambitions - il ne la commettrai pas deux fois.
Les bohémiens étaient impurs, insolents, irrespectueux. Ils ne méritaient de place nulle part, si ce n'est aux Enfers. Et Melchior ne comptait pas l'oublier - après tout, n'était-il pas lui même le fruit pourri d'une bohémienne ?
Il se tourna vers Clotaire, et le fixa quelques instants.
-Je te suivrai, noble Archidiacre, lui dit-il.
Ses mots étaient dénués de douceur, ils n'étaient que des formalités répétées par quelqu'un qui se savait contraint de suivre l'autorité pour conserver sa liberté d'agir.
Mais au fond, Melchior haïssait ce faux Prophète plus qu'il n'avait jamais haï. Et il le craignait infiniment davantage.
¤¤¤
Céleste avait assisté aux échanges de paroles, sans trop se concentrer sur ces dernières. La résurrection à laquelle il avait assisté l'avait rendue absolument intrigué. Il désirait tellement en savoir plus. Peut-être que la dame de Longroy en saurait plus, elle qui semblait partager quelque chose de fort avec le Prophète ? Céleste commença à s'approcher d'elle, mais quelque chose le retint, ce qui n'était pas dans son habitude. C'était la voix de sa sœur, qu'il avait reconnu parmi le brouhaha. Il lui jeta un regard à travers la foule. Elle s'opposait au porteur d'espoir ? Pourtant, tous les bohémiens semblaient le rejoindre. Des camps se formaient donc...Mais lequel était le bon ? Y en avait-il un seulement, de bon ?
-Je n'ai pas besoin d'espoir...se rendit compte Céleste à voix haute. J'en ai déjà tellement.
Il observa le peuple discourir. Il se sentait loin de tout cela, pas supérieur, juste étranger. Les discours théologistes ou les grandes envolées de haine, tout cela n'était pas de son ressort. En revanche, il savait que son grand-père n'aurait pas été de cet avis. La haine, Vladislav de Villefleuris la connaissait bien.
Mais il n'était pas son grand-père.
[Melchior est officiellement POUR le Prophète, mais absolument CONTRE intérieurement - et toutes ses décisions iront dans ce sens. Céleste est désintéressé, mais laisse le bénéfice du doute au Prophète et est donc POUR]
Tandis que ses yeux ambrés s'ouvraient grand d'admiration pour dame Yolande, Eusebio sembla recouvrer des forces, comme nourri de ce beau discours qui lui parlait tant. Elle avait raison en tous points, et sa place à lui, malgré la peur, malgré le désaccord des Pastore sur la situation, se trouvait à côté d'elle, parmi le peuple qui se voulait enfin libre du joug de l'Inquisition. Quitte à donner leur pleine confiance à un inconnu sorti du bûcher...
Oui, mais il y est entré pour sauver Milet. Que faisait Milet dans l'apothicairerie, alors ? C'était une toute autre question...
Mais une question à laquelle il réfléchirait plus tard. Sortant des rangs de la foule, le jeune loup, qui s'était fait discret depuis le début des événements tragiques, vint se joindre la tête haute au regroupement autour de la famille Longroy. Il écoutait avec attention une nouvelle venue s'exprimer, partageant son avis sur de nombreuses choses, et hochant la tête au rythme de ses paroles. Venant se placer à côté des bohémiens, il posa son regard ferme, quoi qu'un brin méfiant, sur le Prophète puis tout le monde réuni autour d'eux. Il ne se sentit pas le besoin de parler, mais adressa un faible sourire à dame Yolande, l'assurant de tout son soutien. Si elle était une élue, de toute façon, il préférait bien mieux se ranger de son côté.
Les pouvoirs du Prophète sortaient réellement de l'ordinaire, et faisaient montre d'une grande puissance qui fit frémir Clotaire. En soi, envoyer valser quelqu'un, quand bien même il s'agirait d'une grande dame - dans tous les sens du termes - en pleine attaque et maîtrisant l'art du combat, ce ne devait pas être grand-chose pour un chien capable de ressusciter les morts. Quoi que le fin mot de cette histoire n'avait pas été résolu, aussi l'Archidiacre se gardait de poser un quelconque avis là-dessus pour le moment, mais se sentit quelque peu refroidi par la démonstration de force. Pourtant, en se tournant vers lui, le grand chien gris fit preuve de chaleur et de cordialité, et Sa Grâce ne sut plus quoi en penser.
Du reste, son opinion se travaillait petit à petit, écoutant les réponses du Prophète et les murmures glissés dans son oreille, qui rejoignaient les mises en garde de Melchior. Les avis divergeaient sur la situation, d'aucuns répétaient sorcellerie, hérésie, punition divine, tandis que les autres prônaient une nouvelle ère de paix et de protection pour Paris. Yolande de Longroy se faisait la porte-parole du petit peuple, les rameutant sans difficulté sous sa bannière. Et comme il les comprenait...
Le Prophète également s'adressait au peuple, et c'était normal, car ils étaient le cœur de Paris, sa fibre principale... Et leur ennemi, ce ne devait pas être l’Église, ce ne pouvait être le Créateur, mais c'était bien cette Inquisition, l'enfant maudit dont il souhaitait tant se défaire... Était-ce là l'occasion rêvée de mettre un terme à cette barbarie, à ces effusions de sang ? Mais qu'en penseraient Melchior et tous ces curés bien pensants, qui ne pouvaient souffrir de partager leur belle ville avec les marginaux...
Et qui était-il, lui, dans tout ceci ? Il ne savait plus. Où était sa place ? Dans la famille d'Aspremont ? Au sommet du clergé ? Parmi tous ces gens, à qui il rêvait de ressembler, et qu'il souhaitait rencontrer pour les soulager de leurs peines et leurs peurs les plus profondes ? Yolande de Longroy s'adressait à l'Archidiacre, cherchait son soutien, mais qui pourrait lui parler à lui, à celui qu'il était vraiment ?
C'est alors que Sibylline fit son entrée sur le parvis, tandis que de plus en plus de partisans grossissaient les rangs de la dame de Longroy. Sibylline, gravement brûlée, sûrement dépossédée de tous ses livres et de sa librairie qu'elle affectionnait tant, où elle aimait tant accueillir les visiteurs, même les plus revêches... Sibylline qui faisait fièrement face à tous ces yeux scrutateurs, pour leur parler, les convaincre, mais le convaincre lui également ! Lui adresser des paroles si belles et si gentilles alors que lui avait menti sur son identité... Et c'est elle qui l'aida à retrouver sa place. Oui, c'était dans l'amour de son prochain et dans le secours aux âmes perdues qu'il se retrouvait, qu'il existait vraiment. Même en tant que représentant sacré du Créateur sur Terre, c'est le rôle qu'il aurait dû exercer depuis le début, et non dans la Cathédrale, mais dans la rue. Le Très-Haut qui n'était qu'amour et pardon... Tout ce que demandait Yolande... Tout ce que promettait le Prophète...
Comment y résister ?
Adressant un sourire ému à la jeune libraire, les yeux humides, Sa Grâce adressa un regard circulaire à tous les gens présents autour de lui. Son choix était fait, pour le meilleur et pour le pire. Et il était prêt à en payer le prix, même si ce serait la pire décision de sa vie ; tout ceci n'était motivé que par son envie de bien faire et d'en sauver le plus grand nombre, de sauver ceux qui le méritaient vraiment, qui en avaient besoin. Bien qu'ils soient enfermés dans la haine ou dans la peur, les nobles réticents pourraient être sauvés, eux aussi. Refuser l'aide du Prophète, c'était condamner tout Paris à brûler. Du moins, il tâchait de s'en convaincre.
- L’Église vous suivra, Prophète. Car en effet, elle a grandement besoin de son aide, et je souhaite de tout cœur que vous puissiez nous guider sur le droit chemin. Voltant dans un mouvement de robes, il fit face à ses détracteurs. Contrairement au Malin, le Tout-Puissant ne naît pas dans les flammes, il est vrai, il les traverse ! Il les franchit, et ce pour venir en aide à son peuple. Qui suis-je, pour refuser l'aide de cette patte tendue vers nous, alors que tant de gens en ont besoin ? Alors que moi-même, j'en ai besoin ?
Baissant la tête, le barzoï se frappa la poitrine de sa patte, secouant la tête. Bien sûr, le moment était mal choisi pour s'auto-flageller, mais il se sentait le besoin de se rapprocher de son peuple, de leur montrer que lui aussi, il voulait faire confiance, lui aussi, il voulait leur bien.
- Je ne suis en rien différent de vous... J'ai également mes faiblesses, mes craintes, mes désespoirs... Disant cela, son regard se porta inconsciemment vers la famille Montdargue, et plus généralement l'Inquisition regroupée autour d'elle. Mais je veux justement me battre contre tout ceci, car je sais que le Créateur me donnera, nous donnera à tous la force de briser nos chaînes et nous relever de ces épreuves.
Soudain redressé de toute sa hauteur, plein d'assurance et le regard brillant de détermination, Clotaire se tourna à nouveau vers le Prophète, s'avançant d'un grand pas vers lui, tendant à nouveau sa fine patte pour illustrer une fois pour toute sa décision.
- Prophète, le peuple des justes s'en remet à son Créateur, et à vous... J'espère ne pas me tromper en vous donnant notre confiance.
Le regard brûlant, ses prunelles sondaient son vis-à-vis ; qu'importe qu'il passe pour un fou aux yeux de tous, que son choix soit décrié. Pourvu qu'il ne se trompe pas.
Malorsie en avait la mâchoire tombante, jusqu'à ce qu'elle retrouve assez d'esprits pour murmurer "il est fou, l'Archidiacre est fou, c'est un hérétique comme les autres", puis elle tourna son regard hagard vers son seul dieu et maître, ne sachant que faire. Devraient-ils brûler tous ces païens ici et maintenant ?
Longuement restée silencieuse face à ce chaos sans nom, Sibylline cligna des yeux. Sa joue gauche, son flanc droit, et l'une de ses pattes demeuraient entièrement brûlés. Elle avait observé, sans un mot, sans un acte, l'ignoble et étrange spectacle se déroulant sous ses yeux clairs. Elle avait reconnu de nombreux visages, simples rencontres ou bien de solides relations, mais n'avait rien fait. Quelque chose, un instinct, sans doute, lui sommait d'attendre. Elle n'avait pas encore sa place dans cette cohue. Sa librairie et son honneur brûlé, la jeune chienne réfléchissait à vitesse, mesurant ses idées et potentiels propos. A demi couchée, elle s'était redressée, puis inspira. Son souffle demeurait encore brûlant. Avec délicatesse, elle vint non loin de Yolande, gardant une distance respectueuse. Ses yeux bleus semblaient aborder une conscience nouvelle. Les capacités des êtres vivants étaient aussi magnifiques que dangereuses, une chose qu'il ne fallait pas oublier. - Je m'adresse à l'Inquisition. Vous, qui semblez agir au nom du Seigneur, vous qui, encore une fois, annoncez une quelconque calomnie, vous trouverez sans doute mes paroles mièvres, et mon discours, ridicule. Mais brûler, tuer, proclamer le nom du Seigneur sous la coupe des flammes et des épées, est sans doute la chose la plus insensée que j'ai pu constater à votre égard. Votre cruauté n'a d'égal que votre arrogance, après tout, votre seul argument de défense sont les coups de crocs et des lames. En vérité, vous avez peur, bien plus peur que nous tous. Car pour la première fois, le peuple ose choisir son destin, en se déchirant de votre influence néfaste. Pour la première fois, votre pouvoir est mis en doute, et c'est cela que vous craignez ! Le peuple agit sous son propre gré, nous ne sommes pas les moutons qui doivent être traqués par les loups ! Sans le pouvoir, sans le contrôle, vous n'êtes rien, vous perdez vos repères. On ne tue pas et on ne fait pas résonner la terreur au nom du Tout Puissant. C'est l'acte le plus immonde que vous faites à son égard.
Ensuite, Sibylline se tourna vers le Pèr... Non, sa Grâce l'Archidiacre. Elle annonça, toujours d'une voix forte :
- Votre Grâce ! Aujourd'hui, beaucoup de questions se posent, de doutes et d'inquiétudes. Vous avez notre destin en vos pattes, vous faites face à un être encore jamais vu. On dit que la peur est la sœur du courage. Nous avons assisté à des événements dépassant tout entendement. Chacun est perturbé, dépassé, mais certains cherchent la lumière au milieu des ténèbres. Si le Seigneur est un être d'amour, je reste certaine qu'il doit être également exigeant et sévère. C'est pour cela que nous faisons face à des épreuves qui nous paraissent parfois sans aucune pitié. Mais voyez ! A travers les flammes, cet émissaire nous tend la main. Et Dieu sait combien l'inconnu fait peur. Mais c'est justement en lui faisant face, en prenant nos décisions, en prenant en pattes notre Destin, que nous pourrons tracer une voie saine. A travers les flammes, ce personnage a laissé un être innocent vivre. Il nous tend la patte. Alors, que devons-nous faire ? Elle s'adressa au peuple. Devons-nous suivre les chiens de la nuit et des flammes, retourner dans notre quotidien de craintes, de peurs ?! Devons nous subir le courroux de ceux qui pendant tout ce temps nous ont terrorisés, nous maintenant sous leurs crocs ? Devrions-nous suivre ce chemin tout tracé, ou bien écrire NOTRE chemin ?! Ceci est l'unique chance de savoir si nous trouverons la lumière dans ces ténèbres. Nous ne devons pas la laisser passer.
Enfin, elle adressa un sourire au "Père d'Aspremont", un sourire sincère.
- Votre Grâce, permettez moi de vous adresser ces quelques paroles. Vous souhaitez le bien du peuple, son salut. Vous chérissez chaque être avec amour et soin. N'est-il pas normal, qu'au bout d'un temps, la paix soit réclamée, après tout ces sombres instants et moments ? Le Seigneur ne souhaite que le bonheur et la joie de son peuple. Vous le savez bien plus que moi. Ensemble, nous sommes capables de créer ce bonheur, cette idée de paix, mais cela restera impossible pour ceux restant dans les limbes du passé et des regrets. Il est temps d'avancer, Votre Grâce.
Yselde, perdue dans ses pensées, continuait d'observer le peuple arguer, discutailler, et échanger ses opinions. Ce fut à peine si elle remarqua l'intervention de Bellevale, qui se solda par un échec misérable. Les oreilles tendues de la demoiselle captaient tout ce qui se disait autour, histoire de l'analyser. Certains avaient un avis tranché, d'autres semblaient plus perplexes.
Elle faisait certes partie de la première catégorie, mais malgré tout, un doute persistait. Des années auparavant, on avait déjà entendu parler d'un chien doté d'une telle force, sorte de bénédiction divine —voire malédiction, en fonction des croyances.
Si ce genre de... se refusant à employer le terme miracle, la chienne au pelage clair préférait penser phénomène naturel. Si ce genre, donc, de phénomènes naturels commençait à apparaître partout, et si chacun d'eux pouvait s'amuser à faire de telles apparitions et à tenir de tels discours en public, la ville de Paris aurait vite fait de se retrouver avec une guerre civile ——ou autre catastrophe— entre les pattes.
Aussi se remit-elle à hésiter. Le regard méprisant que le soi-disant prophète avait jeté à Bellevale, qui était à terre à ce moment-là, lui avait grandement déplu. Yselde redoutait une escroquerie à l'échelle de la cité. Mais en même temps, peut-être était-il en mesure de faire dégager l'Inquisition? Lequel était le pire?
Son regard se posa sur sa mère. Non, elle ne pouvait pas la laisser seule. Qui savait ce qui pouvait lui arriver? Elle qui s'était promis de rester à ses côtés le plus longtemps possible, ne pas rejoindre le camp de Yolande revenait, à ses yeux, à une trahison. Et puis, si le prophète n'était pas qu'un simple opportuniste, le jeu en vaudrait la chandelle...
Tiraillée entre deux opinions contradictoires, la jeune noble ne savait plus que penser. Et si en fait le chien gris était un imposteur qui, dès qu'il aurait obtenu suffisamment de pouvoir, profiterait de la situation et mettrait la capitale à feu et à sang?
Nouvelle oeillade bleue vers Yoyo Longroy. À vrai dire elle aurait aimé charger ses yeux de reproche, mais elle ne pouvait pas, n'en avait pas la force; pas contre son modèle.
Quelque chose dans l'esprit d'Yselde céda.
Presque à contrecoeur, la silhouette gracile se mit à avancer, d'abord lentement, puis se fraya carrément un chemin dans la foule en lancant des coups d'épaule un peu au hasard.
En passant à côté de Frambault, elle laissa discrètement traîner son regard sur le visage du chien de chasse. Au fond de ses prunelles brillait une lueur inquiète; pas inquiète à cause de ce que dirait l'Inquisition, non. Inquiète de jusqu'où pourrait aller le prophète. Pas sûr que le Montdargue l'ait remarquée, mais son expression changea du tout au tout lorsqu'elle leva la tête vers le mâle gris : un mélange de confiance et d'assurance, avec un brin de curiosité. Confiance-assurance-curiosité qui passèrent à un air tendre et désolé en se tournant brièvement vers sa mère.
Pourvu que nous ne soyons pas en train de faire une grave erreur, songea-t-elle en se plaçant à côté d'une bohémienne qu'elle connaissait de vue et de nom, une certaine Blanche.
[Yselde rejoint les rangs du prophète, bien qu'un peu à contrecoeur.]
Quand la Bellevale fut mise à terre avait autant d'aisance que si le chien gris avait repoussé un caneton lui sautant dessus, Amalthée fut convaincue qu'elle avait en face d'elle un sorcier. Tout le répugnait, sa face roussit comme ses pouvoirs magique, mais malgré tout elle se retenait de dire quoi que ce soit. L'archidiacre avança parmi la plèbe et s'exprima, le regard interrogateur, presque perdu, l'air du parfait benêt dont il suffisait de murmuré quelques chose à son oreille pour l'influencer. La comtesse reconnaîtrait cet air entre mille.
Elle fut tenté, j'espace d'un instant de se glisser à ses cotés et de lui souffler quelques paroles judicieuse. C'est pour cela qu'elle quitta discrètement ses dames pour se glisser près de sa Grâce et près des limiers de Montdargue. Elle ouvrit la bouche, mais ses paroles timides, incertaine au vu de la houle qui se déchainnait autour d'elle, semblaient se perdre dans les méandres de la foule.
- Je ne me souviens pas que, dans les textes sacrées, le Créateur sort des flammes ... Après tout, le Malin est un menteur...
Mais on parla, toujours plus fort, toujours mieux et Yolande de Longroy qui s'attirait l'amour du peuple fit pesté la chienne dont un regard rapide vers l'amas d'être qui se rassemblait autour du pseudo Prophète lui montrait à quel point la matriarche avait reussit son coup. Elle pesta, ils étaient tous aveugler par la lumière que dégageait ce démon.
[ Amalthée est toujours contre le prophète]
Sous ses mots, les murmures s'étaient tus. Tantôt choqués, tantôt outrés par les paroles révolutionnaires de la dame, tous réfléchissaient, faisant tomber un silence de plomb sur l'assemblée. Yolande elle aussi retenait son souffle, craignant voir Frambault, dans sa colère, lui tomber dessus pour l'égorger sur place. Mais ce fut la voix du vieux gris qu'elle entendit. Puis, le profond timbre du fils de Krismund qui s'était joint à ses côtés - et Yolande de se redresser davantage, protégée par le géant bohémien, acquiesçant à ses mots si sages. Ensuite, le murmure de l'ombre noire qui l'avait suivie - une ombre qui disparut aussitôt sous un faible sourire reconnaissant de la dame.
Évidemment, la rage de Frambault ne tarda pas - et il hurlait, perdu, impuissant face au peuple qui osait enfin ouvrir la bouche. Yolande décida de l'ignorer mais sursauta en entendant le bruit d'un choc derrière elle; en se retournant, elle vit la Capitaine de la Garde projetée au sol. Si elle se trouvait dans son dos... avait-elle essayé d'attaquer le Prophète en traître ?! Et elle qui pensait que les Deschênes accordaient tant d'importance à leur honneur...
Mais encore une fois, le Prophète avait fait preuve de sa toute-puissance, juste devant l'archidiacre qui s'avançait enfin. Mais avant de s'occuper de l'émissaire divin, l'homme d'église se dirigea vers Milet - un geste et des paroles que Yolande accueillit avec gratitude. Tous semblaient horrifiés de voir son époux bouger et les simples mots de l'archidiacre, qui demandait à ce qu'il soit soigné, lui firent le plus grand bien. Il vint ensuite s'entretenir avec le Prophète - et Yolande resta à sa place, un peu en retrait. Une prouesse dont son idiote de nièce n'était évidemment pas capable - et la voici qui débitait encore des âneries. Les victimes d'aujourd'hui ? Mais les victimes d'aujourd'hui, c'était le peuple tout entier ! Chaque petit commerçant, chaque citoyen qui vivait dans les appartements au-dessus des boutiques - chaque famille qui se retrouvait à la rue et perdait en même temps son seul moyen de gagner sa vie. Quelle idiote ! Si l'Inquisition n'était pas déjà au point mort niveau réputation, voilà des mots qui lui auraient fait perdre encore plus de popularité...
Yolande écouta les paroles du Prophète, avant de s'éclipser à mi-discours pour se précipiter près de son mari qui avait l'air de reprendre ses esprits. Épuisée, elle faillit pleurer de le voir si perdu. Elle le prit dans ses pattes, cherchant dans son regard une preuve, une assurance qu'il était toujours lui-même... tout en n'oubliant pas de prêter une oreille à ce qui se disait tout autour. Et la noble lettrée ne put s'empêcher de bondir pour démonter, presque par réflexe, la faible argumentation du Pastore.
- Le feu ? L'image de la destruction ? Et qui manie le feu ici, si ce n'est Frambault ? Cet homme - elle montra le Prophète d'un signe de tête - nous sauve des flammes ! C'est là toute la nuance ! Et comment pouvez-vous craindre qu'il s'agisse d'une menace ? L'Inquisition nous brûle déjà vivants, personne ne pourrait faire pire !
Sa voix était résolue, ferme - et son éloquence était parfaite. Yolande était de ceux qui avaient appris à débattre et à parler. Ses mots n'étaient pas anodins. Nous. Nous, car elle parlait du bas peuple, des marginaux, des apeurés, des petits artisans. Et elle s'incluait parmi eux - elle était avec eux et les soutenait de par ce simple mot. Nous. Elle n'ignorait pas qu'il s'agissait là du plus grand pourcentage de la population, bien que le moins influent. Comme... une armée de fourmis. Si faibles seules, mais capables d'assaillir des montagnes ensemble...
Et ses mots semblaient trouver écho dans le cœur du peuple. Les sœurs de Theobald le rejoignirent, l'une d'elles appuyant ses propos. Puis, la batelière qui alla même jusqu'à se présenter devant la dame en y allant de ses propres arguments. Le petit peuple... Yolande esquissa un sourire presque maternel en leur direction - un sourire fier. Elle savait qu'il était plus difficile pour eux de rejoindre sa cause aussi ouvertement, car ils étaient bien plus enclins qu'elle aux représailles. Mais ils osaient. Et elle ne l'oublierait pas.
A ce stade, Yolande se fichait pas mal de la décision de l'archidiacre. Le peuple, plutôt que de suivre le Prophète, voulait surtout se défaire de l'Inquisition. Et la dame de poser son regard altier sur Clotaire. Elle avait déjà gagné. Seuls les de Longroy s'étaient tenus aux côtés du peuple. Les de Montdargue, Pastore et Deschênes avaient tous témoigné (certains avec plus de virulence que d'autres) de leur avis : un avis qui se voulait contre le Prophète, mais aussi contre le peuple. Ils avaient peur du changement ! Eux, les grands de ce monde, les nobles... ils avaient peur comme des enfants. Alors que le peuple, lui, se levait contre l'oppression ! Et seule la famille de Yolande les soutenait et souhaitait les mener dans leur combat.
Alors oui, malgré la ranimation de Milet qui pouvait sembler contre-nature (bien que Yolande ne le considérait qu'inanimé et non mort), elle était sûre de s'être attirée les faveurs de la populace. Elle continua donc à l'intention de Clotaire :
- Archidiacre, vous nous avez enseigné que le Créateur n'était qu'amour, pour tous ses enfants. Nous avons laissé sa chance à l'Inquisition, et dans son intolérance à l'égard du peuple de Paris - appuya-t-elle en regardant les Bohémiens -, elle ne nous a montré que mort et souffrance, là où cet étranger nous promet l'amour du Seigneur. Y a-t-il vraiment lieu à des débats théologiques aujourd'hui alors que, comme vous l'avez souligné, nous avons tous besoin de soins et de réconfort ?
Elle s'avança un peu pour continuer.
- Acceptez son aide. Et dans le pire des cas, s'il s'avère en fin de compte qu'il n'est pas celui qu'il prétend... alors, à ce moment-là, qu'il parte ! Il ne pourra pas faire pire que Frambault, qui se dit lui-même, ainsi que tous les Inquisiteurs, aptes à discerner la volonté du Créateur et assassiner certaines de ses créations. Mais en quoi seraient-il plus légitimes que celui-ci, qui apaise nos douleurs ? Une pause. Si ce sont ses pouvoirs qui vous effraient... Eh bien, ils sont justement la preuve de sa bonne foi : s'il voulait nous gouverner par la force et la peur, rien ne l'empêchait de le faire ! Si cet inconnu avait décidé de marcher devant le trône du roi de France pour se faire roi à sa place, il aurait pu le faire. Il aurait pu gagner tout pouvoir. Alors, pourquoi s'attarder sur une seule ville ? Pourquoi respecter leur libre arbitre ? Yolande ne croyait certes pas à cette histoire d'envoyé du Créateur, mais ne pouvait nier sa bonne volonté.
[Yolande est toujours pour le Prophète]
Du avait voulu bondir aux côtés de Théo lorsque Frambault l'avait menacé, et seule l'intervention du garde l'avait retenue. La situation lui échappait. Une colère si forte qu'elle surpassait sa logique froide coutumière ? Elle ne s'y était absolument pas préparée.
A ses côtés, elle avait vu Blanche avancer de même.
Puis le Conteur était arrivé, et leur frère s'était détourné vers Yolande et le prophète.
Là, Du avait hésité. Mais c'était trop beau. Elle refusait d'y croire.
Et Bellevale s'était jetée sur l'étranger. Mais, trop vite pour qu'elle puisse mettre des mots sur le fracas de pensées qui s'étaient levées à son action, elle avait été soufflée, comme aussi légère qu'un fétu de paille, et la jeune chienne qui avait plus tôt taché d'organiser la lutte contre l'incendie s'était précipitée auprès d'elle.
Il maîtrisait des pouvoirs.
Ses paroles sonnaient trop belles à ses oreilles, mais s'il y avait une chance que ce soit vrai ? Comment ne pas craindre pour les sien pourrait-il être moins impossible que réchapper d'un incendie sans une brûlure, ou empêcher un attaque sans un seul geste ?
Et la Dame avait raison, ô combien raison. Du connaissait bien ce dont elle parlait... Et Blanche, et Théo, tous deux avaient connus de près l'Inquisition.
Bon sang, et elle était censée être la grande sœur, par les Forces.
Puis l'Archidiacre arriva, et, malgré le maëlstrom de ses pensées, le canisisthe gagna un peu de son estime en se préoccupant des blessés. Le sang allait arrêter de couler...
Elle leva la tête, et son regard tomba sur celui de Théo.
Ses paroles résonnèrent avec ses pensées, puis Blanche quitta ses côtés avec un sourire rassurant, et elle rejoint Théo. "Un nouvel espoir...", dit-elle.
Que lui importait, après tout, que ce soit vrai ou non ? Ensemble, ils réussiraient à survivre à n'importe quoi, et peu importait combien cette pensée était naïve. Peut-être bien que ce prophète pouvait leur donner un meilleur futur.
Alors elle s'avança auprès de sa famille.
Elle n'était pas de ceux qui prendraient la parole. Qu'est-ce que son avis aurait pu changer, après tout ?
[Du est pour le prophète.]
L’inquiètude et la peur se muait peu à peu en violence, la populace se divisant en plusieurs groupes : ceux pour le prophète, ceux contre et les autres, indécis. Mais suite au message de Dame Yolande, la jeune Angélique ne pouvait qu’être encore plus pour le prophète. La méchanceté gratuite de Frambault et sa famille… ils ne pouvaient servir le Créateur. Ils n’étaient que de pauvres âmes perdues, croyant en des choses ignobles et en s’assurant que tout ce qui divergeait soit faux. Et cela, elle ne pouvait l’accepter. Les chiens ne devaient plus avoir peur.
Se redressant, la jeune chienne s’avança vers Dame Yolande, appelant les petits pour qu’ils restent dans ses pattes.
- Je me nomme Angélique de Saintance et je suis entièrement d’accord avec vous Ma Dame. Et je suis prête à marcher à vos côtés Prophète. Nous ne pouvons plus vivre dans le drame, la peur, la colère… Les de Montdargues ont assez manipulé de gens comme ça. Il est temps de changer. Je ne veux plus entendre de cris provenant de bûchers. Il y a eu assez d’innocents brulés. Faisons place à une nouvelle manière de vivre, ici, à Paris.
Il fallait convaincre l’Archidiacre… c’était tout ce qui comptait maintenant aux yeux de la belle blanche. Elle ne voulait plus être dirigée par les meurtriers de sa mère.
Lorenzaccio se rua sur la pauvre chienne qui venait de se faire renverser par Frambault. Il ne comprenait pas pourquoi tant de haine… mais peu lui importait, il fallait qu’il aide sa Dame, celle à qui il s’était promis d’aider jusqu’à la fin. Il l’aida quelque peu à se redresser, prenant soin de ne pas toucher ses membres endoloris puis sans un mot, il la suivit tout en la soutenant.
Lorsqu’elle prit la parole, le Renard fut surpris par la force et le calme qui animait Yolande. Et il n’eut qu’encore plus d’estime pour elle. C’est donc dans un faible chuchotement qu’il s’adressa à elle avant de disparaître dans la foule :
- Je suis avec vous ma Dame, ne doutez jamais de ça. C’était une magnifique prestation et j’espère que vous arriverez à rallier la majorité à votre cause. Je vais partir maintenant mais sachez que je garde un œil sur vous et votre famille…
Et il s’éclipsa.
Le Prophète se tourna vers la danseuse, qui avait pris la paroles un instant plus tôt. Posant ses yeux dorés dans les siens, elle se sentit soudain toute petite.
« N'êtes vous pas de simple canidés vous aussi? Ne sommes nous pas tous les enfants de quelqu'un, ainsi que du Créateur? Que l'on y croit ou non, c'est un fait et aucun des enfants du Seigneur ne devrait être traité de la sorte. » Lui répondit-il d’une voix calme, qui calma aussitôt ses craintes.
Ledit prophète parlait bien, et Blanche retrouva soudainement espoir. L’espoir d’un renouveau pour son peuple, un espoir de paix et de tranquillité, un espoir de ne plus élever les enfants bohémiens dans la crainte et la prudence.
… mais fallait-il s’y fier ? Les mots de Mama Illfada résonnaient encore dans sa tête. Ah, si seulement elle avait été là…
Mais elle n’eut pas le temps de de se questionner plus, spectatrice des événements qui suivirent à une vitesse folle.
D’abord, ce fut à la Dame de Longroy de poser ses pattes sur son défunt mari et alors, l’impensable se produisit : le corps inanimé se mit à bouger sous les yeux stupéfaits des Parisiens.
La danseuse frissonna. Les morts ne devraient-ils pas rester morts ? Faire revivre des corps sans vie était, selon elle, aller contre la nature. On ne jouait pas avec la vie.
Mais si la pseudo résurrection de Milet de Longroy l’effrayait, elle n’était pas pour autant d’accord avec le Limier qui, d’un geste brusque, avait écarté la dame de Longroy pour venir saisir son mari par la nuque, prêt à le renvoyer dans les nimbes une nouvelle fois. Ah ! Une nouvelle fois les Montdargue s’auto-proclamaient détenteurs du droit de retirer la vie.
En un instant, la bohémienne sentit son frère se détacher d’elle, pour foncer en un éclair vers Frambault. D’un mouvement d’épaule, il le repoussa sans difficulté. Le Limier ne faisait pas le poids face au géant qu’était Theobald et heureusement.
Blanche se raidit et amorça un pas vers son frère, sans pour autant s’éloigner de Du. Mais Yolande pris rapidement parti pour le Bohémien, et dénonça les méfaits de l’Inquisition.
C’en était trop, et Yolande avait parfaitement décrit la chose. Elle avait raison, depuis trop longtemps les Parisiens laissaient l’Inquisition les terroriser. Il était temps de réagir, et quoi de mieux que la venue du Prophète qui leur offrait un nouvel idéal de vie ?
Un éclair traversa alors la foule, se jetant contre le prophète cette fois ci. Dame Bellevale espérait sans doute évincer l’étranger en agissant ainsi, mais, d’un moindre effort, il la balaya d’un revers.
Bientôt, chacun alla de son opinion. Certains rejoignirent l’avis de Yolande et montrèrent leur soutien au Prophète, d’autres se turent alors que de son côté, l’Inquisition fulminait. Même l’archidiacre Clotaire fit son entrée sur le devant de la scène.
Mais ce sont les paroles de Theobald qui achevèrent de décider Blanche.
« Donnons une chance à cet espoir de paix, aussi incertain soit-il aux yeux de chacun. Ou nous nous réveillerons encore demain, hantés par les hurlements des innocents succombant aux vices de cet ordre corrompu. Nous demandant alors, qui sera le prochain. »
Lentement, la jeune danseuse se décolla de sa sœur de cœur, Du, lui adressant un sourire qui se voulait rassurant. Inspirant un grand coup, comme pour se donner du courage, elle se dirigea vers son frère qui trônait prêt du Prophète, et doucement, elle vint se ranger à ses côtés.
Elle avait peur des pouvoirs du Prophète qui lui rappelaient étrangement les dires de Mama Illfada, mais Theobald avait raison : cette promesse, cet idéal de paix était trop beau pour risquer de passer à côté. Alors, à son tour, Blanche prit la parole, son regard balayant l'assemblée avant de se poser sur l'archidiacre :
« Tout comme vous, moi aussi j’ai peur. Mais mon frère et Madame de Longroy ont tous deux des paroles sages. L’Inquisition n’a que trop caché ses crimes derrière la religion. Il est temps que cela cesse. Tous ensemble, tournons nous vers ce nouvel espoir. »
Elle doutait que son discours ravisse Paris entier, la plupart tenait son peuple en horreur. Mais Blanche espérait pouvoir raisonner quelques esprits embrouillés.
Doucement, elle vint saisir la patte de Theobald pour se rassurer, et tournant son visage vers le Prophète, elle lui murmura :
« Si l’avenir est tel que vous nous le promettez, dans ce cas, je n’hésiterai pas à me joindre à vous. »
Elle le vouvoyait cette fois ci, témoignant le respect qu’elle éprouvait à son égard, malgré la crainte qui lui chatouillait l’estomac.
[Blanche est effrayée par les pouvoirs du Prophète, mais elle veut croire en ce nouvel espoir. Elle est donc, sauf si revirement de situation, POUR le Prophète]
Marie était restée hagarde face à tout ce qu’il se passait devant ses yeux. Elle était jeune après tout, et influençable. Aussi elle ne savait comment elle devait réagir.
Son cousin empêcha les deux chiens de se battre.
Elle vit une ombre sortir de nulle part, bondir sur le Prophète. Son cœur loupa un battement et elle s’approcha, ce n’est que lorsqu’elle fut éjectée que Marie parvint a discerner dans cette forme brutale sa mère adoptive. Lorsque celle-ci heurta le pavé, la petit chienne s’écria :
“ Dame Bellevale !! ” avant de courir jusqu'à elle. Elle l’aida comme elle pouvait à se redresser et eut l’air d’autant plus perdue.
“ Pourquoi avoir fait cela ? ”
Impossible. Milet… Milet était en train de bouger. Sous la patte du prétendu Prophète et de Dame Yolande, il semblait reprendre vie. Si, avant cette vision, Francesco écoutait les questions des habitants de Paris en intervenir d’une oreille attentive, analysant chacune des réponses données, ce n’était plus le cas à présent. Ses yeux s’étaient arrondis, preuve de son effarement, et un léger grognement était sorti. Un mort était un mort. Roi, noble, paysan, citadin, qu’importe.
« C’est… c’est impossible. »
Ses yeux clignèrent, il recula de quelques pas, comme si prendre du recul lui ferait découvrir ce qu’il se passait réellement. Pourtant, il ne s’agissait définitivement pas d’une hallucination. Si lui ne bougeait plus, ce n’était pas le cas de tout le monde. Notamment pour Frambault qui se jeta sur le chef de famille des De Longroy, afin de le faire repartir dans le royaume des morts. Ainsi que Theobald qui envoya paitre le Limier en le poussant violemment. En temps normal, le grand blanc aurait surement eu une esquisse de sourire. Intervention d’un garde, destiné à calmer les ardeurs, ainsi qu’un discours de la part de Yolande. Discours irréfutablement vrai et réaliste. Mais cela ne résolvait pas la question. Le sujet actuel était ce prétendu Prophète. Fallait-il le croire, pour la simple raison que l’Inquisition voulait sa mort ? Et les événements s’enchainaient, sans laisser le temps au Pastore, de digérer et traiter les informations qui arrivaient en masse. Theobald demanda de laisser une chance à cet inconnu, posant son regard sur la foule. Bellevale se jeta sur le gris et se trouva projeter au loin, sans même pouvoir l’atteindre. Cette protection, cette impression de réconfort qu’ils avaient ressentis plus tôt… Il y avait des signes, des signes qui montraient le bien de ce chien. Mais n’étaient-ils pas là pour les fausser, pour les guider dans la voie du mal, faisant croire que le chemin suivi était celui du bien ? L’Archidiacre évoqua le fait que le calme était la clé, il semblait évidement que lui aussi, doutait. Une inquisitrice parla elle aussi, ayant un avis tranché. Puis un discours prônant la paix.
Les flammes, le feu, l’image même de la souffrance, de la mort… Le même feu avec lequel l’Inquisition brulait ses victimes. Une résurrection, ou une guérison incompréhensible… Dans tout ce qu’on lui avait dit, on avait évoqué les Saints comme des abominations, qu’était-ce donc un auto-proclamé prophète qui se permettait de ramener des morts à la vie ? Tant de mystères, de choses incompréhensibles pour le mortel qu’il était. C’en était trop. Trop pour qu’il ne se méfie pas. Trop qu’il ne soit pas effrayé. Et la peur entraine la haine.
« Le feu est l’image même de la destruction. Quelqu’un qui apparaît dans les flammes ne peux pas vouloir la paix. Ne serait pas plutôt là un avertissement, afin de nous montrer ce que vous nous réservez, si nous ne vous suivons pas ? »
Il parlait d’un ton calme, car il voulait vraiment une réponse. La paix, il voulait la paix. Un monde harmonieux, heureux. Un monde vivant dans le respect des lois du Créateur. Mais avec ce désastre, tous ces évènements, il n’était pas capable de l’espérer.
Francesco est donc CONTRE le prophète (pour le moment)
Si le sauvetage de Milet avait soulagé la peine qu'éprouvait Yolande et ses filles présentes, il avait rendu dubitatif la plupart des canidés présents. Si bien qu'une immense femme armée s'était jetée sur le Prophète lui même. Le grand chien gris avait dardé un regard meprisant à son égard et d'un geste calme l'avait projeté au sol. Il n'y avait là pas que de la force brute mais bel et bien une sorte de force mystique. Même la grande Bellevale Deschênes n'avait pu toucher le Prophète: Il était réellement protégé par la lumière sainte du créateur...
Et ce Frambault de Montdargue avait eu la cruauté de vouloir retirer la vie à ce pauvre Milet qui était vraisemblablement sans denfense. Quel ignoble personne il faisait et il se permettait de parler au nom du Créateur.
- Que sais-tu du Créateur, toi qui prônes la violence et la répression? Avait-il demandé à l'Inquisiteur qui avait été bien trop occuper à remettre d'autres personnes à leur places. Yolande de Longroy avait cependant bien suffisament résumé la pensé qu'était celle du Prophète. Il y avait ici des chiens au coeur noble: Ce garde qui avait empêché le bohémien et l'inquisiteur de se lancer dans une bagarre sans nom, il portait en lui un grand sens du devoir, il méritait une place de choix. De même que ce bohémien, finalement, qui n'avait pas hésiter à mettre sa vie en jeu pour sauver le faible Milet.
Celui que l'on attendait était finalement venu: l'Archidiacre Clotaire et toute sa cours. Le Prophète avait accueilli sa venu par un grand sourire chaleureux et une patte tendue.
- Archidiacre Clotaire d'Aspremont! Avait-il annoncé son entrée. Et d'une oreille attentive il avait écouté ce qu'il avait à dire. Lui aussi doutait, ils doutaient tous finalement et ils avaient de quoi compte tenu des circonstances dans lesquels il était apparu.
- Douteriez vous de la toute puissance de notre père à tous, Archidiacre Clotaire d'Aspremont? Avait-il demandé avec calme mais sans tacte, il était certain. Je ne voulais pas de tout ce carnage, personne ne le voulait, malheureusement notre Créateur en a décidé autrement. Il s'était tourné vers Rowena, la petite apothicaire; Je me suis hâté dans votre humble boutique lorsque je l'ai vue en feu avec ce pauvre homme à l'intérieur. Il avait montré Milet qui était enfin parvenu à se mettre debout et à chercher du regard sa douce Yolande.
- Acceptez mon aide, c'est à vous, au peuple que je parle! Et vous ne souffrirez plus jamais du joug des pécheurs avides de pouvoir! Si l'Église ne veut pas nous suivre, peu importe, qu'elle emprunte cette voie qui n'est pas la notre, qui n'est pas celle de notre paix mais celle de cette inquisition qui vous effraie tant! Il s'était tourné vers Clotaire une dernière fois: S'il vous plait, faites moi confiance, Archidiacre Clotaire d'Aspremont! Joignez-vous à la paix.
( N'hésitez pas à faire réagir votre personnage haut et fort pour aiguillez Clotaire dans son choix )
Tandis que plus loin, la foule se regroupait autour du Prophète auto-proclamé et que les questions fusaient en tous sens, Eusebio luttait avec son corps de géant pour se remettre debout sans chanceler. Il ne ressentait aucune douleur particulière, au contraire, c'est presque comme s'il ne s'était jamais senti aussi bien depuis ces derniers jours, mais malgré ça il peinait à se maintenir debout et droit sur ses hautes pattes. Il se sentait lourd, comme si ses oreilles étaient emplies de coton et qu'il était plus lent que le monde autour de lui. Plutôt désagréable...
En spectateur passif, rejoignant à pas lents l'attroupement, il vit défiler plusieurs scènes qui lui firent bondir le palpitant et dresser l'échine : la pseudo-résurrection de Milet de Longroy, l'agression de dame Yolande et la menace de Frambault, immédiatement mis hors d'état de nuire par Theobald - joli tir ! ... Si le paysan retira quelque jouissance de cette intervention, il prit quand même peur pour son amant. Qu'adviendrait-il de lui si l'Inquisition parvenait à faire entendre sa voix ?? C'était assez peu probable pour le moment, bien que les gardes mettent tout leur cœur à montrer les crocs et pester sur tout le monde, mais ça restait un danger potentiel... Et que dire de ce Prophète ? Que dire de ses propos, de ces élus, dont la simple mention lui serrait les tripes ?
C'est alors que Yolande s'exprima devant le peuple rassemblé, souhaitant ouvrir les yeux de tous sur la situation et surtout sur l'Inquisition. Eusebio était de tout cœur avec elle, hochant la tête à chacun de ses dires, mais il ne pouvait le clamer haut et fort... D'une part parce que sa bouche pâteuse et sa voix cassée n'attirerait l'attention de personne, mais aussi parce qu'il risquait de s'attirer nombre d'ennuis dont il n'avait pas spécialement besoin dès maintenant. C'était surtout l'attention du sire de Montdargue qu'il souhaitait éviter sur lui tant que les choses ne seraient pas calmées... Les paupières papillotant distraitement pour se maintenir éveillé, le vilain regardait autour de lui, cherchant les renforts de la grande dame, scrutant la réaction du prophète, inquiet de tout. Qu'allait devenir Paris ? Frambault, furieux de sa déchéance, éructait à nouveau ses menaces à l'encontre de tous les chiens rassemblés, et bien qu'il n'y croie pas plus que ça, le jeune loup se sentit frissonner, impatient de savoir quel avenir leur était réservé.
Il supposa qu'une réponse leur serait bientôt donnée, l'Archidiacre approchant avec toute sa cour...
Clotaire en était presque venu aux pattes avec les deux curés missionnés par Melchior pour le ramener dans ses appartements, alors que l'incendie s'était déclaré et qu'il avait envoyé du monde à la rescousse. Il n'avait aucunement l'intention de disparaître comme un lâche, après avoir mis autant d'énergie dans la préparation de son discours et de son apparition au public, ce serait comme jeter tous ses efforts au feu ! - même si cette image était un peu maladroite dans le contexte actuel.
Un grand bruit d'explosion avait calmé tout le monde dans un premier temps, et le silence qui suivit en fut presque effrayant. Les yeux écarquillés, le barzoï regardait les débris fumants qu'on apercevait depuis la place, et les gens qui peinaient à se relever. Cette image lui retourna l'estomac, atterré de voir à quel point le contrôle de la situation leur échappait. Mais alors, l'impensable se produisit...
Si la majeure partie de la scène lui échappait, les mots du nouveau venu, proclamés avec force, tombèrent directement dans l'oreille de Sa Grâce, qui en resta muette et immobile de stupeur. L'Archidiacre se sentit chanceler, et dut s'appuyer sur les chiens à ses côtés - finalement, ils avaient bien fait de rester par-là. Un poids terrible l'écrasait, comme un étau venu d'en haut, pour l'éprouver face au peuple de Paris. Qui était-il, pour répondre d'une telle responsabilité ?? Ses yeux effarés cherchèrent Melchior, qui se dirigeait justement vers lui, et la gorge nouée, Clotaire ne put que l'écouter dans ses recommandations et conseils, hochant fiévreusement la tête. Se mordant les babines, le barzoï se redressa pourtant avec force, lâchant un profond soupir. Il devait faire face avec honneur. Pour lui, et pour tous les parisiens qui attendaient une réponse claire de l’Église... Il ferait face.
D'un pas énergique, il fit irruption alors que Frambault de Montdargue était lancé en pleine prédication de malheurs sur Paris, suscitant le trouble et le malaise chez les gens présents, mais le silence se fit lorsque l'Archidiacre posa son regard redevenu calme sur eux. Clotaire devait faire un grand travail sur lui-même pour retrouver ses esprits et appréhender dignement à la situation, mais pour l'heure, il s'en sortait bien. Ses yeux noisette parcourent les visages, les décombres, avant d'effleurer le corps agité de soubresauts de Milet, puis se posèrent sur le Prophète, vers qui il fit un pas.
- Le Créateur nous a envoyé beaucoup d'épreuves aujourd'hui. Si nous voulons en sortir vainqueur, le plus important est tout d'abord de garder son calme. Il refit une inspection générale en tournant la tête autour de lui, incitant les badauds au silence et à la paix. Ce n'était pas le moment d'échauffer les esprits en se montrant hostile. Nous avons tout intérêt à bien mesurer la situation avant de pousser les hauts cris, et tandis même que nous palabrons, certains ont besoin de soins...
En effet, des corps étaient encore étendus sur le sol, et même si toute douleur semblait avoir disparue, le sang perlait encore aux plaies, les bosses gonflaient. Il fallait y remédier au plus vite, pour les blessés, mais également pour le... ressuscité. Les yeux scrutateurs de l'Archidiacre vinrent se poser sur Milet de Longroy, qu'il approcha à pas lents, posant une patte sur son cou - la pulsation du sang était présente, il était donc bien vivant... Mais quelqu'un avait-il pu attester auparavant qu'il était bien mort, et non pas évanoui à cause de la fumée ? Mystère.
- Le seigneur de Longroy a besoin de voir quelqu'un en urgence, si le Créateur a estimé que son heure n'était point encore venue. Le Très-Haut, et non ce fameux prophète. Tout venait d'En-Haut, quoi qu'en disent les usurpateurs. Dans un plus ample mouvement de robes, Clotaire fit de nouveau face au chien gris, plissant ses yeux aux paupières tombantes, avançant vers lui sans animosité, mais avec fermeté. Les Saintes Écritures rapportent déjà des cas de résurrection pour les plus fidèles au Créateur, mais cela reste si rare... Vous promettez le salut pour Paris si nous suivons vos pas, mais vous sortez des flammes, d'un ravage, de la mort... Nous savons que les voies du Seigneur sont impénétrables et qu'il envoie sur notre Terre émissaires et catastrophes pour nous éprouver, mais tout ceci... Son doux regard flotta vers les restes des bâtisses, tout autour d'eux, et sa dernière question fut posée dans un souffle, comme s'il voulait être rassuré, conforté dans sa foi. ... en est-il capable ?
Malorsie rongeait son frein depuis un moment. Trop heureuse d'avoir été choisie par le Roy de l'Inquisition pour intervenir auprès de lui sur le cas Milet de Longroy, elle avait dû faire face à bien des déconvenues ensuite, allant jusqu'à pousser un cri lorsque son seigneur et maître fut malmené par un bohémien aux allures d'ours. La rage s'empara alors de son être, et elle darda des yeux furieux sur tout ceux qui semblaient se réjouir de la scène. Son fiel transperça notamment cette bonne vieille tante Yolande et son discours à l'eau de rose ; elle aurait pu vomir tant les propos de cette fausse noble la débectaient. Heureusement, Frambault vint rappeler à tous ces nigauds les malheurs qui ne manqueraient pas de s'abattre sur eux s'ils venaient à faire confiance au cabot gris et son visage brûlé. Rien que cette face lui inspirait le plus grand dégoût... Comment pouvaient-ils seulement l'écouter, lui qui pratiquait la magie noire et manipulait les âmes de tous ceux présents ??
Le nouvel Archidiacre arriva sur ces faits, et la colley grimaça. Voilà qu'on versait à nouveau dans le mièvre, dans l'écoute et le respect de chacun, et les plus faibles et gna gna gna... La demoiselle voyait rouge. Ils se fourvoyaient tous, ne le voyaient-ils donc pas ?? Bouillonnant dans le silence qui pesa quelques temps après l'intervention de Sa Grâce, Malorsie s'avança, laissant éclater son courroux et se permettant de répondre avant le principal intéressé.
- Le Créateur est capable de bien des choses, il a toute puissance sur nos vies, et ça - elle désigna le Prophète d'un geste rageur de la patte - ce n'est qu'une épreuve de plus dans Sa Volonté de nous guider sur le droit chemin ! Il ne cesse de nous envoyer des signes, des signes évidents de Son Souhait... La milicienne jeta un coup d’œil éloquent sur les bâtisses ayant souffert de l'incendie puis sur leurs propriétaires, avant de glisser sur les Longroy. Les victimes d'aujourd'hui ne sont pas anodines... Il faut seulement un peu de bon sens pour le réaliser, et en tirer les choix qui s'imposent. Son regard de glace fixa avec férocité le chien gris et balafré. C'est à l'Inquisition que revient de combattre les ennemis du Créateur, et nous nous acquitterons de cette mission une fois de plus...
La blonde fit un pas en avant, effrontée. Elle se moquait bien de l'avis du peuple sur cet énergumène, pour sa part, le choix était clair : il fallait évincer cette menace de leur ville.
Si le Créateur ne s'était pas manifesté lui-même clarifier l'esprit de ses fidèles, ce fut une autre force qui appuya les idées de l'Inquisiteur de Montdargues. En effet, sans crier gare et bondissant de la foule. Une mâchoire digne de celle d'un cachalot tenta de s'abattre en plein dans le dos de ce soit disant Prophète, espérant performer là où Frambault avait échoué. Par un coup un cloche, les crocs de Bellevale visèrent la nuque du Grand Gris, prêt à la broyer en miettes. Cette magie pouvait-t-elle marcher sur lui ?
Au même instant, une voix susurra près du bâtard Pastore. Lorsque que les yeux ambrés du noiraud purent couler vers l'arrière, Gino put reconnaitre le minois d'Antonito cachée sous une cape. Le bourgeois avait tenu a se faire discret, prenant aucun artifices ou tenues d'apparats ce qui contredisait toute son personnage cela va sans dire. Il ressemblait presque à un ... simplet ou un voleur. Encore une combine pour suivre Beata en secret, ou était-t-il en manque d'informations ? L'Italien pouvait totalement se reconvertir en espion. Jusqu'ici personne n'avait reconnu son aura dans la foule." Mon frère, il faut faire quelque chose. Et vite ! "
( Bellevale est clairement CONTRE ce prophète et compte d'ailleurs le tuer sur le champ. Prouvez votre foi envers lui en le sauvant! Antonito est du même avis. )
EDit : Ce post aurait du être envoyé à 12h mais Wix m'a faut faux bond lel.
Ils osaient se soulever contre l'Inquisition et l'autre avait osé tâche de bohémien avait eu la folie de bousculer Frambault et de l'interrompre au moment où il allait remplir son devoir. Ils étaient tous devenu fou et s'il lui fallait brûler Paris pour prouver au monde qu'il se trompait, il le ferait! Et Yolande, dans un élan de folie - surement manipulée par le Prophète d'une façon ou d'une autre - avait osé parler.
- Tu vas regretter ce que tu viens de faire, un jour ou l'autre, bohémien... Avait-il grogné entre ses longs crocs blanc à l'égard de Théobald. Il s'était finalement relevé et avait lancé un regard assassin aux trois individus qui venaient de le contrarier, à savoir le dit bohémien, la Dame de Longroy et ce pauvre garde qui avait simplement voulu calmer la situation.
Milet de Longroy semblait essayer de se redresser difficilement, mais ne disait mots. Ses pattes étaient tremblantes comme un homme qui viendrait de vivre l'évenement le plus traumatisant de sa vie, et c'était certainement le cas.
- Si l'Inquisition vous fait si peur c'est que vous avez probablement quelque chose à vous reprocher! Si vous commencez à accepter parmis vous ce genre de chose- Il avait montré Milet de la patte -eh bien vous acceptez le malin dans vos rues, dans vos maison, parmis vos voisins et votre famille! Il se mit à observer à un à un ceux qui avait osé s'exprimer et plus précisément le vieux conteur à qui il ferait regretter les paroles.
- Si les flammes de l'Inquisition vous effraie vous êtes loin d'être préparez à l'Enfer qui vous attend en ne respectant pas ses preceptes! Refusez de m'écouter, refusez de suivre le droit chemin... Jetez vous dans la gueule du démon! Allez-y! Il les mettait réellement en garde, Frambault était convaincu du bien fondé de ses dires et le prophète le terrifiait et de plus, sentir le pouvoir lentement lui glisser d'entre les pattes était une sensation affreuse. Il avait cherché du regard son cousin à plusieurs moment, cherchant une forme de réconfort, voulant sentir qu'il était épaulé. Il se sentait seul face à cette foule d'idiots, d'hérétiques, d'âmes damnés. Il les detestait tellement...
( Frambault est totalement CONTRE le prophète )
Comme tout les chiens de cette ville, Amalthée avait participé à la fête comme on aurait fait acte de présence à une cérémonie mondaine. Quand Bon-coffre avait hurler au feu, elle avait été l'une des premières à se lever et à voler au secours des innocents autant pour faire cesser leurs cris qui lui blessait les oreilles que pour empêcher son coeur de se serrer à l'idée de les voir succomber aux flammes. Après tout, Amalthée était une lady cruelle, mais sensible. Mourir par le feu était une mort répugnante.
Par crainte de brûler ses beaux habits, elle avait rapidement fait halte pour aller rejoindre de bataillon de bourgeoise-infirmière improvisé d'où elle avait put assisté à l’explosion, à l'arrivé du Prophète et au corps de Milet de Longroy.
Amalthée de Laurier se tenait dans le groupe de femmes entourant Yolande de Longroy quand le chien gris s'exprima et que les avis à son sujet fusèrent. La jeune dame ne dit rien, mais se faisait ses propres avis en secret. Elle ne voyait qu'en cet homme une incarnation du malin, de l'hérésie pure quand, dans les pattes de sa dame, Milet de Longroy se mit à palpité. Elle réprima de justesse une grimace de dégoût en imaginant que le corps mort revenir à la vie, ainsi elle ne put qu'être d'accord avec les paroles passionnés de Frambault de Montdargue et bénit son action correctrice. Seulement, il fallait que ce balphémateur se mette en travers de sa route.
Amalthée pousa un profond soupir en voyant les traits de Theobald, le gitan, se dresser face à l'inquisiteur. Dire qu'on le laissait librement déambuler dans la ville. A n'en pas douté, Céleste devait être dans les parages, les gitans l'attirait comme les rats sont attiré par les ordures. Cela sentait mauvais pour elle, encore une fois...
Yolande de Longroy se dressa, à la fois outré, fatiguer, crispé et s'exprima en un discours magnifique et très éloquent. Malgré les conviction de la dame de Laurier, Amalthée fut tenté de se joindre à sa cause, d'autant plus que les de Longroy, férue de science, mettait constamment son esprit en appétit, mais c'était sans compté sur l'alignement du prophète et ses pouvoirs démoniaque. La dame se mordit discrètement les lèvres, elle se dit qu'elle devrait suivre l'avis général pour faire bonne figure, mais qu'il lui faudrait un jour choisir son propre camps.
Peut-être ce jour est-il arrivé ?
[Amalthée est contre le prophète et soutien les de Montdargue, pas ouvertement pour l'instant]
Qu'importe son ire, qu'importe son désir de violence ; lorsque le vieux Geoffroy s'interposa, un déclic eut lieu. Et dans un spasme de détente, Theobald s'était apaisé. Toisant avec un calme surprenant le limier et ses pions avant de s'en détourner sans un mot ni un regard en arrière, se dirigeant vers la Dame et le prophète, désormais côte à côte.
Il avait fait son choix. Malgré la transe dans laquelle sa précédente rage l'avait inconsciemment plongé, rien de tout ce qui avait été dit ne lui avait échappé et tandis que ces vérités s'imposaient dans son esprit, le bohémien s'était arrêté à leurs côtés. Se dressant une bonne fois pour toute contre l'Inquisition, et tout ceux qui la suivaient aveuglément.
Plutôt mourir debout que de vivre à genoux.
❝ Donnons une chance à cet espoir de paix, aussi incertain soit-il aux yeux de chacun. Ou nous nous réveillerons encore demain, hantés par les hurlements des innocents succombant aux vices de cet ordre corrompu. Nous demandant alors, qui sera le prochain. ❞
Il avait posé son regard sur chacun, puis ses soeurs, qu'il fixa longuement. Espérant de tout son coeur qu'elles le suivraient, sans peur.
[Theobald est pour le prophète.]
Geoffroy était brusquement revenu à la réalité, lorsque dans un geste tout aussi violent, Frambault s'était jeté sur Milet avant que Theobald ne le percute de plein fouet. Le choc avait repoussé le Limier et soudainement, le vieux Conteur avait pleinement pris conscience de la situation.
On faisait bouger des morts.
On brûlait des vivants.
Paris n'était plus si innocente.
Écoutant les propos virulent de Dame Yolande, après avoir remarqué qu'un garde s'était dressé entre Frambault et Theobald, il avait rapidement réfléchi. C'était comme si son esprit avait soudainement repris le contrôle: l'entièreté de la situation le dépassait et personne n'avait le moindre contrôle. Il suffisait d'une étincelle pour faire exploser les tensions de chacun. Oubliant le Prophète, préférant le mettre de côté, il s'était rapproché du Bohémien. Personne semblait lui porter la moindre attention, portés qu'ils l'étaient sur le discours de la Dame de Longroy. Il s'était glissé entre le garde et le Mavlaka, offrant une double barrière face à Frambault. Il ne savait pas encore comment il allait réagir, mais les paroles de la noble seraient sources de nombreux conflits.
"Vous savez tous les représailles qui m'attendent. Vous savez tous ce que Frambault va dire. Mais partagez-vous son avis ? Allez-vous le laisser tuer des innocents de plus ? Allez-vous le laisser me tuer ?"
Geoffroy avait ouvert la bouche, plein d'incertitude. Elle avait raison. Frambault n'était rien de plus qu'un assassin sous couverte de l'Inquisition. Qui était-il pour les condamner ainsi ?
"...elle a raison" avait-il murmuré pour lui même, avant de l'affirmer, un peu plus fort, "Dame de Longroy a raison. Il est des actes impardonnables. Et même si... animer les morts n'est qu'hérésie, faire qu'il y en ai d'avantage pour servir le Créateur, n'est-ce pas là un blasphème ?"
Se redressant, il avait dévisagé Frambault. Qu'allait-il dire ? Qu'allait-il faire ? Sa colère tomberait-elle sur Paris comme les foudres divines qu'il savait, ironiquement, si bien manipuler ? Car si le Prophète était l'envoyé du Créateur, alors Frambault était la personnification de toute Sa cruauté.
[Geoffroy est contre le Prophète (car il juge que faire revenir les morts est la preuve de l'hérésie), mais il le soutiendra si cela venait entraver l'Inquisition]
Les esprits s'échauffaient de plus en plus. Certains criaient au Malin, d'autres restaient à trembler dans un coin sans mot dire - et Yolande comprenait leur désarroi. Ils croyaient tant au Créateur qu'un tel événement les chamboulait dans leur profond intérieur - là où Yolande, non croyante, n'était seulement touchée que par les pouvoirs surnaturels du Prophète plutôt que par ses affirmations religieuses. Elle comprenait donc que ce soit plus dur pour certains que pour d'autres, hormis l'Inquisition. Eux ne croyaient pas vraiment; ils profitaient plutôt de cette couverture pour justifier leurs méfaits et gagner du pouvoir par la peur ! N'était-ce pas justement d'eux dont parlait le Prophète en faisant référence à une Église corrompue ?
Yolande sentit une nouvelle fourrure la frôler et reconnut du coin de l’œil le pelage charbonné de l'Italien déchu. Sa présence la rassura autant qu'elle l'inquiéta : elle appréciait énormément son soutien dans ce moment difficile, mais il n'était pas temps qu'il se fasse remarquer ! Elle avait beau avoir changé sa couleur, ses traits et son allure restaient les mêmes - par chance, ni les Inquisiteurs ni les Gardes ne le recherchaient. Et s'il y avait des mercenaires dans la foule... elle espérait juste qu'ils soient trop occupés avec tout le reste pour le remarquer.
Et ce fut là que tout s'accéléra. En une seconde, Yolande vit Frambault foncer droit sur elle - elle se retrouva sauvagement bousculée, sa patte tordue flanchant sous elle pour la jeter une nouvelle fois sur les pavés. Elle eut à peine le temps de se retourner avec effroi, les yeux fixés sur les crocs du Limier, qu'un rugissement vint faire trembler l'air et que le corps de Frambault, si frêle à côté de la montagne de muscles qui l'avait attaqué, valsa lui aussi sur le trottoir.
Le fils de Krismund ! Un noble cœur qui défendait le sien - pourtant, lui non plus ne croyait pas au Créateur, et tous savaient que les bohémiens se méfiaient des pouvoirs surnaturels. Tout aurait dû le ranger du côté de l'Inquisition, et pourtant... pourtant, l'Inquisition de la génération précédente avait tué sa mère. Tout le monde connaissait cette histoire. Oh oui, elle était là la clé. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis...
Un garde vint se placer entre les deux mâles, voulant couper court à la bagarre - mais ferait-il le poids si les deux larbins de Frambault décidaient d'attaquer ? En même temps, un étranger qu'elle ne connaissait pas (sûrement allemand si elle en croyait son pelage, bien qu'elle prit ses étranges mots pour de l'italien) l'aida à se relever en faisant une boutade, comme quoi il pourrait écrire une chanson sur la journée - et c'était sans doute vrai, mais Yolande n'était vraiment pas d'humeur à rire.
Ses émotions tourbillonnaient en elle avec un tumulte qu'elle n'avait jamais vécu - la colère, la haine, la rage, la peur, la tristesse. Le calme olympien qu'on lui connaissait se brisa et, doucement, presque avec fierté malgré ses blessures, elle vint se placer aux côtés du Prophète. Elle n'en pouvait plus. Elle avait vu son époux pris dans un incendie, avait dû évacuer de justesse ses enfants, avait entendu les cris de Milet brûlé vif, l'avait vu piégé dans une explosion, avait vu son corps ressortir en un seul morceau (sauf qu'il volait), l'avait vu bouger, puis presque assassiné... Qui pourrait supporter ça ?
- Attendez... juste... une seconde.
C'était la première fois qu'elle parlait autrement que pour appeler le nom de son mari. Malgré sa haine, sa voix était calme, presque faible. Il fallait qu'on l'écoute.
- Frambault... l'Inquisition... dit agir au nom du Créateur. Alors, elle brûle vos frères. Son regard se posa sur Sibylline. Elle tue vos parents. Les Bohémiens. Elle menace, nous fait vivre dans la peur depuis des années. Elle dit nous protéger, fit-elle en se tournant vers les autres bourgeois, mais elle nous violente comme des vauriens ! Nous devons enseigner à nos enfants de ne jamais s'approcher de son quartier. Est-ce normal ? Est-ce que c'est ça, votre Créateur ? Elle leur posait la question à eux, les paroissiens. Eux, les croyants. Son discours était fatigué, teinté de lassitude. Si c'est ça, alors je préfère le Créateur qui efface notre douleur et ranime les inconscients. Après tout, qui avait vérifié que le cœur de Milet ne battait plus ? Encore une fois, c'est Frambault qui affirme que mon époux était mort... mais vous me connaissez - de tous ici, c'est bien moi qui refuse de croire à ces choses impossibles. Je suppose que ce... Prophète possède un pouvoir de guérison, et qu'il a ranimé mon époux, mais je ne pense pas que son âme était partie.
Elle posa les yeux sur Milet qui, de toute façon, n'avait pas vraiment l'air si vivant que ça. Mais elle savait que ses arguments se tenaient. Et là, elle avait oublié ses filles au manoir. Beata, qu'elle devait encore protéger. Il n'y avait plus que cette extrême lassitude, faisant presque oublier à Yolande son instinct (ou sa volonté ?) de survie.
- Hier encore, Frambault traitait l'apothicaire de sorcière à cause de ses remèdes qui ne sont pas les mêmes que ceux de nos médecins. Et aujourd'hui, il la soutient ? Elle regarda Rowena, presque avec compassion. Voici, j'ose m'opposer ouvertement à l'Inquisition telle qu'elle est menée aujourd'hui. Vous savez tous les représailles qui m'attendent. Vous savez tous ce que Frambault va dire. Mais partagez-vous son avis ? Allez-vous le laisser tuer des innocents de plus ? Allez-vous le laisser me tuer ?
Et, finalement, elle fixa Clotaire.
Alors qu'elle s'apprêtait à s'avancer vers sa mère, Yselde suspendit son geste : premièrement, on l'avait devancée. Certes, le chien qui avait abordé sa mère était sans doute un inconnu pour celle-ci, mais au moins au surface, il semblait à peu près passable. La fille de l'intéressée laissa donc faire.
Deuxièmement, Yolande ne savait pas qu'elle était là. En fait, la demoiselle n'était même pas supposée être là, mais plutôt dans une calèche, ou même à l'abri, dans le manoir des Longroy. En bref, elle avait peur de causer un nouveau choc violent à sa mère qui les croyait toutes en parfaite sécurité. Sachant qu'elle venait de vivre la résurrection de Milet en direct, 2D, 3D, 4D, toutes les D du monde, tomber nez à nez avec une Yselde toute crasseuse de sa chute, et dont le côté gauche du visage était barbouillé de sang frais, ne lui ferait certainement pas du bien. Mieux valait-il peut-être lui laisser le temps de s'apercevoir de sa présence par elle-même.
Troisièmement, la façon dont l'héritier Montdargue observait la femme de Milet —comme d'habitude, mais en bien pire— ne lui plaisait pas du tout. Éviter que le deuxième membre de la famille Longroy présent sur la scène ne passe aussi pour un "hérétique" aux yeux de l'Inquisition parut être une bonne idée à la jeune chienne.
À contrecoeur, elle resta donc éloignée de sa mère; au lieu de quoi, elle se rapprocha imperceptiblement de Frambault, sans laisser transparaître la moindre de ses intentions. Tout en gardant un oeil, bien entendu, sur le nouveau chevalier servant de sa mère. Méfiance méfiance.
-C'est une sacré histoire que nous vivons la... C'est toujours comme ça a Paris ? Je pense très sincerement écrire une chanson la dessus... s en posant la main sur le pommeau de mon arme, au cas ou et au vu de la situation qui s’envenimait a vu d’œil j'allais m'avancer malgré moi mais je n'eus pas besoin de faire quoi que ce soit car un garde se posta entre les principaux intéressés . Un bohémien avec un air mystérieux et l'inquisiteur " Frambault " bien remonté oula ça allais être une belle bagarre si ces deux la s’affrontait. Personnellement je n’avais rien contre l'inquisiteur il avais l'air tout retourné et ça devait être une dure journée a se voir remettre sa foi en cause. Je pouvais comprendre moi même j'étais toujours entrain de me demander c’était quoi le truc dans ce tour de magie.
Et puis qui suis je pour juger après tout si il veulent vraiment le bruler je n'allais certainement pas jouer ma vie ici et maintenant . Ce qui m'agaçais au plus haut point c'est que Dame Yolande fut malmené dans toutes ces opérations, elle qui avais déjà perdu et retrouvé son mari parlé avec un magicien....Bref .
Je m'approchais d'elle, doucement en montrant patte blanche aux suivantes pour qu'elle me laisse aider Dame Yolande a se relever et peut être a ce "Millet" comme ils l’appelaient.
- Madre de dio... dis je un peu consterné au vu de la situation a la gente dame que je relevais sans peine. Vous n'avez rien madame ? J’espère que ces rustres ne vous pas blessé dans la pagaille generale?
J'avais parlé doucement avec un visage plutôt doux a la jeune femme histoire de la rassurer et de m'assurait qu'elle allait bien ainsi que de son mari pendant que les voix vociféraient
-C'est une sacré histoire que nous vivons la... C'est toujours comme ça a Paris ? Je pense tres sincerement écrire une chanson la dessus...
Je disais ça pour alléger l’atmosphère mais en réalité ma main ne quittais pas la garde de mon fleuret et j’étais prêt a le dégainer si besoin .J’espérais bien une petite récompense en retour, de l'argent ferais l'affaire il me manque des chaises chez moi.Ou bien une amitié avec Yolande qui serait quelque chose qui me ravirait au plus point . Enfin bref comme on disais au camp : Bolsa sin dinero, llámala cuero.
Yselde n'avait pas tenu plus longtemps. L'incendie, la panique, la foule... Et surtout, sa mère. Voir Yolande s'effondrer, et ne pouvoir lui venir en aide, emportée à toute vitesse par le cocher, lui avait été insupportable. Dame Beata, qu'elle avait tenté en vain de calmer, avait fini par hurler le nom de la ville comme une possédée avant de s'évanouir une bonne fois pour toutes. En proie au désarroi le plus total suite à ce qui venait de se passer, la jeune chienne n'avait pu se rendre utile qu'en essayant d'installer un peu mieux la Douce sur une banquette.
Ce fut à cet instant que ca l'avait pris à la gorge : Yolande de Longroy, sa mère, son modèle, la chienne qui l'avait élevée et éduquée, se trouvait à présent seule entre un incendie et une foule affolée. Le temps de réflexion ne fut pas bien long, et ce fut plus par instinct que suite à une longue réflexion qu'elle agit. Sous l'expression effarée des personnes encore conscientes autour d'elle, la demoiselle se leva, se mit debout sur une banquette, et sauta en toute tranquilité du véhicule qui les emmenait.
Tout se passa très vite d'ailleurs, moins de cinq secondes, et de manière totalement inexpliquée. Absorbé par la course, le cocher ne serait averti de sa manière... originale, disons, de quitter la voiture, qu'après avoir prêté attention aux cris des passagers restants.
Le sol heurta Yselde de plein fouet, ou l'inverse, elle ne sut pas trop et ne chercha pas à le savoir pendant qu'elle roulait par terre et mettait brutalement fin à sa trajectoire en heurtant un perron de pierre grossière. Sonnée, une arcade sourcilière largement ouverte, elle ne mit cependant que peu de temps à se relever, merci l'adrénaline. Titubante comme un ivrogne, à peine fut-elle debout qu'elle commença à boitiller en direction de la fumée qui s'élevait, au loin, par dessus les toits.
...
La première chose qu'elle vit en arrivant fut le corps inerte de son père, à côté de cet étrange chien gris à l'aura fascinante. Elle étouffa tant bien que mal un cri de douleur qui montait tout droit de ses entrailles, au plus profond de sa personne. Dissimulée dans l'ombre, elle observa la suite des évènements, ébahie par le phénomène qui se produisait.
Milet, apparemment plus ou moins mort, aux pattes d'une Yolande dévastée et en pleurs, reprit vie.
REPRIT. VIE. Yselde, aux prises avec une stupeur et une incrédulité sans pareilles, eut de longues secondes d'immobilité léthargique avant de finalement oser se montrer. C'est à peine si elle réalisait que Frambault tentait de tuer son père, qu'un chien s'interposa. Elle le reconnut vaguement mais, complètement perdue, le regard dans la brume, le sourcil gauche largement ouvert avec un épais filet de sang qui courait le long de son visage et gouttait doucement sous la mâchoire... elle ne fut pas réellement en état de mesurer la gravité de la situation.
Ses pensées ne tardèrent pourtant pas à s'éclaircir.
D'après les bruits alentours, le chien gris était un prophète, ou du moins disait l'être, et il venait de ressusciter le sieur de Longroy. Les yeux bleus d'Yselde se posèrent sur sa mère. Toujours un peu en retrait, son cerveau tournait à fond pour tenter de comprendre complètement ce qui se passait. Rapidement, elle sut que personne ne savait précisément. Mais l'idée que Frambault ait tenté de tuer Milet revint en force. Ce sale roquet fanatique, ce pouilleux tout juste bon à se rouler dans des bassins d'eau bénite, à se gaver de croquettes sans levain et à prétendre savoir chasser... Deux prunelles sombres comme des puits sans fond effleurèrent un court instant, et à distance, le nobliau à col roulé. Puis se tournèrent aussitôt vers le prophète. Une puissance "divine". Un appui sur la religion. De quoi fasciner certains. Même si Yselde n'aimait pas spécialement le canisthisme (plutôt le contraire, tout compte fait), ce chien était une véritable opportunité. Parce que si il parvenait à gagner la confiance de tous, et à avoir suffisamment d'influence, il serait très probablement en mesure de rivaliser avec l'inquisition. Ou peut-être mènerait-il la ville au désastre, la mettrait-il à feu et à sang? Rien que pour avoir un infime espoir de voir l'Inquisition malmenée, la jeune dame se mit à espérer quelque chose de lui. Il s'avéra tout de même, de son point de vue, très intéressant. Elle ne dit rien, ne se manifesta pas, confondue dans la foule. Mais elle sut que, eût-il fallu s'en cacher, si les actions du prophète lui plaisaient, elle en viendrait peut-être à le soutenir. Peut-être.
[Yselde n'est pas totalement convaincue, et se demande ce que veut réellement cet illuminé. Mais elle voit en lui une chance de bousculer l'Inquisition, ce qui la rend plutôt POUR le prophète.]
La situation semblait s'envenimer au fur et à mesure que les minutes défilaient. Edwin était sur ses gardes, prêt à intervenir au moindre début de conflit. L’incendie avait suffisamment semé le trouble. L’arrivée de ce Prophète n ‘avait fait que jeter de l’huile sur le feu, les parisiens étaient perdus et ils avaient besoin de Garde pour sécuriser la situation et être prêts à agir à n’importe quel moment.
Tâchant de masquer son trouble derrière un masque d’impassibilité devant la résurrection de Milet, le Garde avait vaguement écouté les questions des uns et des autres, ainsi que leurs réponses. Il fixait du regard chaque individu, chacun de leurs mouvements. L’énervement de Frambault n’échappa pas à son regard et l’animosité de l’Inquisition envers ce genre événements miraculeux ne présageait rien de bon. Sous la surprise générale, le Roy bouscula Dame Yolande et s’apprêta à planter ses crocs dans le corps de Milet.
Un bohémien surgit des rangs comme une furie et percuta violemment le Limier, défendant le chef de la famille Longroy. La situation échappait à tout contrôle. Jugeant que c'en était assez et ignorant les invectives des uns et des autres, le Général de la Garde se posta entre les deux chiens.
- Il suffit ! Ne croyez vous pas qu'il y a eu assez de pagaille et de blessés comme ça ?!
Ses paroles ne s'adressaient à personne en particulier, toutefois, Prophète ou non, Démon ou pas, il ne tolérerait aucune action agressive de plus. Il ne prenait aucun parti, si ce n'était celui des innocents. De la pauvre dame qui avait été injustement poussée de côté comme une vulgaire poupée de chiffon au bourgeois qui était étendu sur le sol. De plus, l'inconnu avait certainement encore des explications à donner. Vrai élu du Créateur ou non, ces histoires d'hérésie ne concernaient pas la Garde. Toutefois, un citoyen de Paris, certes ramené a la vie par une façon mystérieuse, n'avait pas à être attaqué de la sorte alors qu'il était sans défenses.
Ces foutus démons. Comment osait-il ? De quel droit se permettait-il d'attenter à la vie d'un habitant de Paris, qui n'était qu'une victime dans cette histoire ? Qu'avait-il comme preuves de sa culpabilité, à cet instant ? Rien. Absolument, rien.
Un frisson de colère avait soulevé le pelage du colosse. Ses pupilles s'étaient contractées et ses muscles, à l'unisson, s'était tendus.
La seconde d'après, le voilà foncer avec impétuosité vers Frambault, lancé de toutes ses forces pour envoyer valser à coups d'épaules ceux qui se mettraient en travers de son chemin. ❝ DÉGAGEZ. ❞ tonna-t-il d'une voix qui lui était étrangère. Une haine sans nom la faisait trembler, aussi violemment que le corps du Roy de l'Inquisition lorsqu'il le chargea pour l'éloigner, quitte à le saisir de ses crocs. De tout son poids, il l'avait éjecté en arrière, sifflant un grognement sinistre envers ses adversaires.
❝ Dis à tes larbins de reculer. ❞ gronda-t-il, les traits tirés par la colère.
Il le fixait dans le blanc des yeux. C'était un avertissement pour le Limier. Le premier, et le dernier.
C'était pure sorcellerie et Yolande de Longroy était la complice de ce démon. Frambault l'avait sa chance d'écraser cette famille d'hérétique: Là sous les yeux de la toute puissante Inquisition ils avaient utilisé l'art de la nécromancie. D'un signe de la tête, il avait intimé à Hermant et Malorsie de le suivre et de se mettre en position. Le Roy de l'Inquisition avait dût contourner l'étranger à l'accent espagnol ainsi que l'apothicaire sur laquelle il avait arrêté son regard un instant: Voilà qu'elle conversait avec les étrangers...
- Quelle abomination! Avait remarqué Frambault en s'approchant du corps de Milet maintenant dirigé par une quelconque force démoniaque que le prophète avait l'audace d'appeller "la vie". Il était mort et devrait le rester! Les crocs totalement dévoilé, l'Inquisiteur ne laisserait pas passr ça! Il était hors de question qu'une telle chose se produise impunément sous son regard et tous les hérétiques seraient punis ici même et dans l'immédiat!
- De plus, l'apothicaire n'a pas tort! Aboyait-il. Que faisiez-vous tous les deux là dedans? Les Longroy continuent encore de comploter dans notre dos à tous et voilà maintenant qu'ils s'allient au malin! Ses babines s'étaient soulevées et d'un coup d'oeil il avait vérifié que Malorsie et Hermant assuraient ses arrières avant de pousser dame Yolande de Longroy d'un coup d'épaule et plaquer le corps frêle de Milet. La gueule grande ouverte prêt à planter les crocs dans la nuque du chef de la famille Longroy pour mettre fin à la renaissance contre nature de l'héritier de Lubin.
ALERTE: Vous avez 30min pour répondre et sauver Milet des crocs de Frambault!
Si dans 30min personne n'a poussé Frambault...
Les réactions différaient entre chaque individu. Quand l’un croyait l’inconnu, un autre le disait envoyé du Diable. Rowena, elle, était totalement perdue. Nombreuses étaient les questions intéressantes, ainsi l’apothicaire remit de l’ordre dans ses pensées et attendit la réponse du Prophète. Bien qu’il prétendit ne pas être à l’origine de l’incendie qui avait ravagé le quartier commerçant, il ignora simplement la question de la jeune chienne. Celle-ci fronça les sourcils. Avait-il donc quelque chose à se reprocher ?
Alors que la Dame Longroy posait sa patte dans celle, tendue, de l’étranger, d’autres questions fusèrent. Des bohémiens se questionnèrent quant à leur cause. D’autres sur les circonstances de l’apparition du Prophète. Rowena ne pouvait qu’approuver les dires de la jeune libraire qui s’était exprimée et de ce chien au pelage bicolore. Comment cet individu pouvait-il prétendre être un envoyé du Créateur en débarquant dans sa boutique en feu, un cadavre à ses côtés ? D’autant plus que Milet n’était pas encore mort quand tout le monde était arrivé. La jeune chienne se demandait bien ce qu’ils bricolaient tous les deux dans sa boutique. Encore un mystère dont il ne voudrait sûrement pas lui donner la réponse.
Bien qu’il ait l’air pacifique et qu’il aurait soit disant souhaité apparaître en un jour moins… funeste, Rowena ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la méfiance à son égard. Alors qu’elle cogitait, elle vit avec stupéfaction le corps de Milet reprendre vie sous les pattes de sa chère et tendre. Aussitôt, les exclamations et les remarques fusèrent. On parlait de miracle, on parlait de sorcellerie, de l’œuvre du Malin. L’apothicaire, elle, commençait à se dire que ça faisait beaucoup trop pour une journée. Ses pensées s’embrouillaient, elle était confuse. Le Créateur appelait à lui ceux qui quittaient ce monde. Il était insensé et terrifiant que quiconque puisse ramener quelqu’un d’entre les morts.
Un chien que Rowena n’avait encore jamais croisé lui proposa aimablement de l’héberger une fois que tout ceci serait fini. Elle en fut reconnaissante et nota dans un coin de son esprit qu’il faudra peut-être qu’ils en discutent plus tard. Quoi qu'il en soit, Rowena se permit de poser sa question une nouvelle fois.
- Excusez moi d'insister... Vous n'êtes peut-être pas à l'origine de cet incendie, mais j'aimerai tout de même bien savoir ce que vous faisiez tous les deux à l’intérieur, alors que tout le monde se trouvait à la fête.
Quant à la résurrection du chef de famille Longroy, Rowena n'arrivait pas à définir si ce genre d’événements apportera du bon ou du mauvais à paris. Pour l'instant, elle n'avait aucune confiance en ce prétendu Prophète.
(Pour l'instant, Rowena est effrayée et n'a pas confiance en le Prophète.)
MARIE
En le voyant, elle avait baissé les oreilles, son expression ne laissant voir qu'une intense crainte. Elle n'osa pas bouger.
Comme tout le monde ici, elle avait vu ce frisson parcourir l'échine du mort. La petite blanche ne sut pas ce qu'il était bien de faire, mais une chose était sûre : Elle était effrayée. Sans ses repaires, sans Dame Bellevale pour lui dire que faire, elle était perdue.
Pourtant, quelque chose en elle, comme un espoir, une infime part d'optimisme lui fit réfléchir à tout ce que des pouvoirs comme ceux du Prophète pouvait faire, de bien comme de mal. Le bien lui parut si imposant face aux mauvaises choses qu'elle cligna plusieurs fois des yeux avant d'oser articuler entre ses babines timides :
" Vous... Vous pourriez l-le... Refaire ? Je veux dire... A-avec n'importe qui ? Ou bien... Comptez v-vous vous montrer injuste en l-laissant tous ceux qui sont en deuil dans l-leur peine... ? "
ALEXANDRE
Si le rouquin avait ressentit une vive colère à l'égard de son frère lorsqu'il le vit et que son échine avait été parcourue d'un frisson en sentant l'odeur de Céleste, il avait pourtant réussit jusque là à garder son calme. Mais en voyant l'étendue des pouvoirs du Prophète, son esprit de Montdargue ressurgit.
Il courba l'échine avec crainte et recula vivement, les crocs découverts, plissant sa peau sanguinolante et brûlée.
" Comment est-ce seulement possible ?! avait-il couiné, v-vous... Vous êtes une créature du malin !! "
[ Marie n'est pas encore sûre de son choix, elle est curieuse et terrifiée. Alexandre est CONTRE pour le moment. ]
C'était tout bonnement incroyable; Ce qui s'était déroulé sous les yeux de la foule ne pouvait pas être réelle, le vieux conteur n'en croyait pas ses yeux lui non plus. Gino en avait même oublié la réponse qu'avait donné le Prophète aux questions qu se posaient les Bohémiens tant il avait été impressionné. Il ne voulait pas y croire: Peu importe ce que le Prophète venait de faire et peu importait ses intentions, faire revenir un mort à la vie c'était mal.
- ... Comment... Arrivait-il à peine à articuler. É cattivo... Il refusait d'accepter ce qui venait de se passer. Il savait bien, pourtant, que le décés de Milet de Longroy allait détruire cette famille et ses filles, mais c'était la volonté du seigneur et une épreuve qu'il mettait en travers de la route de ses enfants. On n'accedait pas facilement au Paradis, il fallait éprouver la vie avant cela. Le grand chien noir avait plaqué les oreilles dans sa grande chevelure bouclée et avait décidé de ne pas faire plus de vague, d'attendre la suite. Peut-être le Prophète allait-il demander quelque chose en échange maintenant? Gino commençait à craindre de plus en plus cet étranger qui - malgré l'acceptation des bohémiens - ne semblaient pas vraiment de se soucier de l'éthique et de ce qu'il était bien de faire. Ses convictions n'avaient pas l'air juste; Il était comme l'Église de Paris.
- On ne peut pas jouer de la sorte avec les créations de notre Seigneur...
(Gino commence à craindre le prophète)
Alors que Lorenzaccio fuyait la place où tout le monde s'était réuni, une odeur le stoppa bien rapidement. Faisant volte face il s'élança dans le dédale de rue de Paris, droit vers les boutiques qui brûlaient et d'où des cris stridents provenaient. Les yeux affolés, le renard ne songea même pas à s'arrêter pour remettre sa capuche en place lorsque celle-ci tomba de sa tête noire. De plus, le peuple serait bien trop affolé pour le remarquer.
Arrivant sur les lieux, la curiosité remplaça la peur dans ses yeux verts. Des groupes s'étaient formés de toute part et tous, regardaient la même chose. Un étrange chien sombre à côté duquel se trouvait Milet. Que se passait-il ? Regardant de tous les côtés, Lorenzaccio découvrit sa protectrice dans tous ses états. Il se devait d'être auprès d'elle maintenant pour la soutenir dans cette dure épreuve de la vie...
Le Renard noir se fraya donc un passage entre les autres canidés jusqu'à se retrouver auprès de sa Dame. Il la frôla délicatement afin de la rassurer de sa présence. Il serait là pour elle, il lui devait tout. Elle l'avait sauvé et il lui en serait reconnaissant à vie. Quant aux paroles du Prophète... Il ne savait quoi en penser. Le Créateur l'avait abandonné depuis bien longtemps s'il existait réellement alors il ne voyait pas en quoi il suivrait se soit disant Prophète... Il ne savait même pas s'il devait y croire. Il se plierait donc à la décision de l'Archidiacre. Mais lui... il en avait fini avec les croyances et l'Eglise.
Angélique était complètement affolée, hurlant les noms des petits afin qu'ils la rejoignent. Une fois rassemblés, ils se mirent à suivre la foule sans réellement s'en rendre compte. Tout ce qui comptait à ses yeux c'était que les petits aillent bien, le reste, elle s'en fichait.
La panique avait gagné tout le monde. Les cris fusaient de toute part mais quelques uns couvrirent les autres. Ces derniers étaient de vrais cris de douleur, puissants, effrayants... Les boutiques en train de brûler étaient maintenant devant la foule. A l'intérieur, des vies semblaient se mouvoir... mais pour combien de temps encore ?
Puis, un soufflement. Des chiens se firent balayés, elle, elle ne sentit que le souffle chaud sur son visage blanc devenu gris à cause de la cendre qui volait. Dans ses pattes, les petits couinaient de terreur. Elle regrettait tellement de s'être déplacée aujourd'hui. Elle n'aimait pas être mêlée dans les affaires de Paris, elle préférait rester en périphérie, discrète, sans que rien ne l'atteigne elle, ou les jeunes.
Puis ce qu'elle vit lui fit pousser un cri de détresse. Alexandre ! Une jeune louve semblait le pleurer. Etait-il...? Non... Intimant Aélais et Anselin de la suivre, elle se rua vers eux, les larmes manquant de noyer ses beaux yeux ambrés. Le pauvre était allongé, brûlé. Son beau poil roux en avait pris un coup. Mais ce n'était pas de ça dont elle s'inquiétait. C'était de sa vie. S'allongeant prêt, de lui, elle cherchait un signe de vie.
- Il est vivant pas vrai ?
Ses yeux jaunes imploraient la louve. Alexandre ne pouvait pas mourir. Elle avait déjà vu trop de mort. Il était proscrit que lui aussi s'en aille...
Puis la lumière fut et un étrange personnage entra en scène. Ce fut le spectacle le plus fou qu'elle n'ait jamais vu. Le peuple se calma aussitôt pour écouter ce que l'étranger avait à dire. Un prophète ? Au vu des blessés qui allaient mieux d'un coup, Angélique ne put que croire que le grand chien sombre était envoyé par le Créateur lui même.
[Lorenzaccio se fiche bien de suivre ou pas le Prophète, il se pliera à la décision qui s'ensuivra. Angélique est POUR suivre le Prophète.]
Il lui disait de croire. Mais pas au Créateur : il lui disait de croire en lui, et en elle. Elle n'était pourtant pas sûre de comprendre, car n'osait pas imaginer ce qu'il avait en tête - tout en restant consciente qu'elle-même n'avait aucun pouvoir qui changerait la situation. Il avait dit qu'elle était élue du Seigneur, tout comme lui - sans doute ignorait-il qu'il parlait à une véritable sceptique qui ne croyait pas une seconde à l'existence de cette entité telle que le Canisthisme la décrivait. Peut-être avait-elle l'air de la parfaite bourge paroissienne... ?
D'autres continuèrent à interpeller l'étranger - certains visages que Yolande reconnaissait, d'autres pas. Les réponses qu'il leur donna ne convainquit pas la dame... Il disait n'avoir rien à voir avec l'incendie, pour affirmer ensuite qu'il avait été causé par leur blasphème et que le Créateur l'envoyait lui pour les remettre sur le droit chemin et les sauver - mais s'il les aimait tant que ça, pourquoi leur envoyer telle souffrance ? N'aurait-il pas mieux fallu envoyer ce Prophète avec des prodiges de joie et de richesses, plutôt qu'accompagné de douleur et de destruction ?
Mais le scepticisme purement scientifique de Yolande fut instantanément brisé quand il déposa sa patte sur Milet. A ses côtés, elle entendit Perrine retenir un souffle d'effroi - et elle-même ne se sentait pas si bien, jusqu'à ce que... non... c'était impossible ! Milet semblait bouger, et elle crut que le choc avait été trop grand pour elle, qu'elle devenait finalement folle - mais la chaleur sous ses coussinets semblait si réelle...
- Milet... ? articula-t-elle d'une voix faible et brisée, d'une voix qui avait peur d'espérer pour rien. Elle réussit à arracher ses yeux effarés du visage de son époux pour les poser sur celui du Prophète. Il devait expliquer ! Il le devait ! Perdue, elle tourna son regard vers la foule, cherchant son approbation ou son soutien. La foule n'était pas compacte, mais séparée en plusieurs groupes - Yolande vit l'archidiacre, l'évêque et leurs diacres d'un côté; le fils de Krismund et ses comparses bohémiennes de l'autre; il y avait également les citoyens, comme Sibylline et la jeune Eastwood; et le chien gris qui l'avait relevée de sa chute un peu plus tôt - et qui ne cachait nullement son incompréhension. Un inconnu s'approcha d'elle pour constater de lui-même l'état de Milet, mais les bourgeoises autour de Yolande l'empêchèrent de trop s'approcher (elles craignaient encore que tout ça soit dangereux). La dame de Longroy n'osa pas s'enquérir de l'avis des Inquisiteurs présents, refusant de les regarder dans son tour d'horizon. Tous, pourtant si différents, cachaient la même peur au fond de leurs yeux. Et la pauvre Yolande ne savait quoi penser de ce tour de force surnaturel. Peut-être... peut-être Milet avait-il juste été inconscient ? Peut-être ce chien-là n'était-il qu'un puissant guérisseur, comme celui qui avait sauvé le roi Lubin ?
... Oh. Yolande regarda une nouvelle fois la foule. L'auditoire était principalement constitué de jeunes gens, et peut-être avaient-ils été trop jeunes pour s'en souvenir, mais elle... Elle, du haut de sa vie bien menée, se souvenait très bien de l'Étranger et de sa Sainte Force. Elle n'avait pas entendu cette histoire de la bouche de ses parents comme c'était sans doute le cas pour eux, elle l'avait vécue. Désirée était née cette année-là, et sa famille avait été anoblie, et... Cette fois, elle se résigna à voir l'Inquisition, la terrible Inquisition qu'elle craignait aujourd'hui plus que tout.
Ils vont le tuer. Comme pour l'Étranger qui a sauvé le roi; ils vont le conduire au bûcher ! craignit la dame en son for intérieur, avant de fixer une fois encore le Prophète. L'histoire se répétait. Il allait être condamné. Et elle ne voulait pas ça.
[Yolande n'est pas convaincue par les arguments du Prophète. Elle ne croit pas à son histoire sur le Créateur. Cependant, elle croit reconnaître en lui la Sainte Force qui a autrefois sauvé le roi Lubin - elle est donc pour le Prophète.]
Tout était allé très vite, beaucoup trop vite pour moi. J’étais a la fois terrifié et complétement fasciné par la scène qui s’était déroulée devant moi. Je n'avais fait aucune remarque concernant l'inquisiteur qui s’inquiétait plus a s’énerver contre un conseil plutôt qu'un gars qui le traitait de catin.Non plus a la jeune femme très séduisante qui semblait être une bohémienne qui demandais ce qu'on pouvait faire pour son peuple . Ni contre la jeune femme désespérée qui voulais revoir son mari au point de faire confiance a ce prophète. Il y avais tellement de gens, de passions, d'espoirs a contenter, moi j’étais juste curieux. Ça me faisait peur évidemment, ça m’abasourdissait mais bon bon au vu de mes convictions je n’étais pas étonné . Il y avais y avais plus de chance de croiser des sorciers que de croiser ce bon dieu en personne , enfin sans passer l'arme a gauche. Instinctivement, je mis la main au pommeau de mon fleuret, j'avais juste peur que l'inquisition ai le sang chaud et ne se fasse tuer au premier moment . Peut être fallais t'il être prêt a les stopper pour les protéger ? Je me ravisais me disant que de toute façon je ne jouerais pas ma vie pour rien et ce n’était pas le moment de me faire bruler vivant.
Soit j'avais vraiment vu ce que j'ai vu soit je m’était pris la cuite de ma vie.
Je me précipitais vers le mort vivant pour aider Dame..."Yolande" je crois, a regarder si son bien aimé n'avais rien . Et quand le prophete leur dit de venir avec lui je les suivait . Non pas parce que j’étais d'accord mais bien parce que je m'en voudrait si 'il arrivais le moindre mal a ces gens. Ils on déjà bien morflés avec le feu et l'explosion inutile de leur rajouter. Et puis si il leur arrivais quelque chose j'aurais surement moins de clients donc...
Et puis quelque chose m'intimais de suivre cet homme il n'avais surement pas fini de nous surprendre.
Mais au moment ou je passais devant l'apothicaire je lui glissais a l'oreille tout en restant regarder le prophète de loin :
"Si vous avez besoin d'un endroit ou dormir après tout ça je viens d’emménager c'est pas le luxe mais c'est déjà pas mal et ça vous évitera d'aller dans une taverne "
Puis je suivais le prophète.
(Sebas est curieux pour l'instant)
On était venu l'aider, relevant sa tête d'une patte. Il avait senti la fraicheur de l'eau sur sa truffe et avait bu sans demander son reste, à grandes lampées. Reconnaissant, il avait levé les yeux vers son bienfaiteur, qui était la jeune Blanche. Il l'avait déjà vu danser, comme dansent les flammes des brasiers, avec une farouche élégance. Heureux, il lui avait souri:
"Merci jolie danseuse. C'est fort appréciable."
L'eau lui donnait l'impression d'éteindre un brasier, brasier dans sa gorge et non plus dans l'apothicairerie. Dans sa nuque on pouvait voir une mauvaise plaie et sur l'arrière de sa tête une splendide bosse. Tout son corps était raidi par le coup. Il n'avait plus l'âge de les encaisser. Quoi qu'encore un peu mais tout de même... Il n'avait même pas essayé de relever la tête pour voir si le Balafré allait bien. Tout ce qui lui importait, c'était de reprendre pleinement possession de ses capacités.
Souhait vite, trop vite, exaucé: une chaleur avait empli son corps, comme la chaleur d'un bon feu de cheminée qui crépite et qui réchauffe la pièce. La même sensation que celle qu'il avait quand il se couchait dans son lit et que la mère Bertille avait pris la peine de faire chauffer sa chambre. Une plénitude bienheureuse qui l'apaisait. Mais pourquoi la douleur s'était si rapidement estompée ? Il reprenait ses esprits peu à peu, le flou de son esprit se dissipait et il entendait des questions fuser çà et là. Blanche avait délicatement reposé sa tête et Geoffroy avait articulé un merci. Peu à peu, il avait osé bouger son corps, n'y croyant pas: aucun mal. Il n'avait plus aucune raideur. Il avait porté la patte derrière sa tête et avait constaté qu'il saignait encore. Un linge de ses braves bourgeoises serait fort apprécié.
Et c'est lorsqu'il s'était enfin relevé, qu'il avait pivoté pour faire face à l'apothicairerie, qu'il l'avait enfin vu. Ce grand chien, géant, baigné d'une auréole d'or. Qui était-il ? Était-ce de lui que se dégageait cette chaleur si réconfortante ? En l'observant mieux, il avait été saisi d'un frisson: le corps sans vie de Milet de Longroy... gisait dans les airs. Abasourdi, ne comprenant pas ce qu'il voyait, il était comme subjugué par le chien à la face brûlée. Il n'entendait pas les questions. Il ne parvenait pas à saisir la réalité brutale de la situation: son esprit si usé connaissait les contes, oui, mais les prophètes ? Mages ? Nécromanciens ? Non. Il ne connaissait pas tout ça. Et c'était effrayant.
Les sourcils froncés, il avait observé Dame Yolande s'approcher. Poser sa patte dans celle du géant gris, qui à son tour l'avait posé sur le cadavre de Milet. Et ce dernier de se mouvoir ! Geoffroy avait été vivement saisi d'horreur. Comment ? Par quel procédé ? Quel maléfice ? Toutes ses rumeurs sur les saints qu'il avait entendu... on parlait de télékinésie, de télépathie et de clairvoyance. Mais la nécromancie ? Jamais il n'avait osé parler d'un tel mage noir dans ses contes, de crainte de s'attirer malheur. Un mort animé ! Un mort qui revenait parmi eux ?
"Cela... cela ne se peut."
La voix du Conteur, si enjouée et aux accents malins d'habitude, était blanche. Il n'existait plus. Osant s'approcher de quelques pas, se retrouvant à deux ou trois mètres du Prophète, il avait légèrement incliné la tête, perdu.
"Est-ce une hallucination ? Mes yeux seraient-ils devenus si vieux que je ne puis leur faire d'avantage confiance ?"
La peur naissait dans le ventre du vieux chien, mais l'aura dorée l'apaisait. Dans un état second, il s'était entendu dire:
"N'êtes vous pas un des personnages de ces contes que j'ai pour habitude de parler ? Comment êtes-vous sortis de mes histoires ?"
Une hallucination. Forcément. Le coup à la nuque lui avait retourné les idées. Il s'était assis, comme un bon chien et avait dodeliné de la tête: son esprit refusait d'admettre ce qu'il voyait.
[Goeffroy est pour le moment effrayé par le Prophète]
Du s'interrogeait.
Ce "prophète" ne semblait certes pas mal indisposé envers leur peuple, mais tout semblait bien trop beau, et elle se méfiait trop pour y croire.
Et tous ces gens, qui se tenaient debout malgré leurs blessures. Ils allaient finir par en mourir, ne plus ressentir la douleur ne voulait pas dire qu'elle n'était plus nécessaire. Le sang coulait encore.
Dans les moments de silence - qui se rarifiaient au fur et à mesure des réponses de l'étranger - elle entendait les gouttes s'écraser au sol. Cela troublait sa réflexion, par des spasmes d'une intense émotion qu'elle n'arrivait pas à identifier, et qui la faisait frissonner.
Mais elle ne pouvait rien y faire. Alors elle tentait de réfléchir malgré tout.
"Tous les enfants du Créateur..."
Cela semblait si étrange à la bohémienne, que quelqu'un qui s'annonçait venir du "Créateur", montre ainsi un avis si opposé à celui de l'Église. Oh, quoique celle-ci professait cela... mais seulement dans le principe. Cet avis, qui lui semblait trop beau, pouvait presque la convaincre de se rallier à lui. Plus de chasse ? Plus de monstrueux feu hurlant de cris horribles ? Plus cette peur qui lui collait aux poils pour sa famille ?
C'était trop beau. Cela devait cacher un piège.
Et quel horrible blasphème pouvaient-ils bien avoir commis en ce jour ? Mettre Paris en feu ? D'où le feu pouvait-il être parti d'ailleurs ? Comment y avait-il survécut ?
Tandis que Milet...
Milet bougeait. Son poil se hérissa alors qu'elle restait figée. Les morts étaient faits pour le rester. La vie était équilibrée par les Forces, qui étaient équilibrées par la mort.
Était-ce le Mal dont avait parlé Mama Illfada ?
Théo s'était rapproché d'elle et de Blanche, et elle fit un infime pas vers lui, s'appuyant discrètement contre lui. Elle songeait ainsi, se dit-elle, parce qu'aucune perte ne l'avait véritablement ébranlée. L'épouse de Milet semblait si perdue...
Aurait-elle le même cheminement de pensée si elle perdait un des membres de sa famille ?
Devenu spectateur de la scène, Theobald observait dans un silence religieux le prophète et les âmes qui se pressaient désormais autour de lui. Tous portaient en leur coeur de sincères interrogations et il n'était pas une exception, mais il n'avait pas eu besoin de les exprimer à voix haute. Blanche l'avait fait pour lui et solennel, il avait opiné de la tête, ne manquant pas de glisser un regard ô combien ombrageux envers ceux qui osaient toiser sa soeur.
Ses crocs l'en démangeraient presque, mais il ne s'abaisserait pas à leur niveau. Préférant reporté toute son attention sur l'envoyé et celle qui se tenait face à lui, patte dans la patte. Quand bien même se méfiait-il de cette magie étrangère... Il ne pouvait pas s'empêcher d'espérer un miracle. Pour Yolande, pour ses filles.
Puis, le prophète s'exprima. Et quand bien même le bohémien avait pris soin de rester neutre dans l'expression de ses émotions, ses prunelles se mirent à étinceler à l'entente de ces mots. Enfin.
Malgré qu'il eut perçu le timbre familier de Radek, il n'était pas parvenu à détourner son regard du prophète, assistant alors à la résurrection de Milet. Sa gueule s'était finement entrouverte. Se surprenant à espérer que l'improbable puisse être vrai. Que derrière ce geste ne se trouverait pas de lourdes conséquences. Que la famille des Longroy puisse être recoller, car rien n'était plus déchirant que la perte d'un proche. Il voulait croire de tout son coeur en la pureté de ce miracle, mais une partie de lui- celle qui faisait de lui un Mavlaka, lui hurlait de se méfier. Ses mâchoires se refermèrent lentement.
A pas de loup, sans se sortir de son mutisme, il s'était rapproché de ses deux soeurs. Se blottissant presque contre elles.
- Fermez les yeux, croyez en vous, croyez en moi. Avait-il dit à Dame Yolande, tenant sa patte dans la sienne fermement, avec passion avant de répondre aux interrogations du peuple. Une ravissante jeune femme d'apparence assez exotique avait d'abord pris la parole, se questionnant sur le sort de son peuple.
- N'êtes vous pas de simple canidés vous aussi? Ne sommes nous pas tous les enfants de quelqu'un, ainsi que du Créateur? Que l'on y croit ou non, c'est un fait et aucun des enfants du Seigneur ne devrait être traité de la sorte. Donnait-il à la bohémienne pour réponse. Ce que le Prophète n'avait pas loupé par ailleurs, c'était la reaction de certains lorsque la chienne avait pris la parole.
Rapidement d'autres questions s'étaient enchainées, toute venant d'une autre ravissante jeune femme à la cheveulure impressionante. Elle s'inquiétait pour les siens ainsi que son sort et c'était normal; Un doux sourire était venu parcourir les babines du gris au visage brulé. Un autre personnage était ensuite venu appuyer les questions de la jeune "roturière".
- En effet, voilà un jour bien funeste pour des présentations. J'aurai aimé me montrer à vous plus tôt et un jour plus joyeux... Il avait observé tout autour de lui les décombres et les flammes qui s'étaient faites étouffées par son aura. Vous n'aviez pas besoin de moi avant, vous n'aviez pas encore pousser le blasphème aussi loin, voilà pourquoi je ne me suis pas montré plus tôt. Paris est condamnée sans moi. Voyez ces flammes, voyez vos morts...
Il s'était ensuite tourné de nouveau en direction de Yolande et avait posé la patte de la Dame sur le corps froid de son mari qui à son contact avait semblé rayonner d'une douce chaleur. Un frisson avait parcouru l'échine du mort.
- ... Voyez ma voie, suivez là! C'était un ordre à l'égard de tout Paris. Il allait désormais montrer de quoi il était capable. Milet de Longroy, sous les yeux ébaït de qui pouvait bien l'accepter, semblait se mouvoir sous les pattes de sa douce épouse.
Melchior s'apprêtait à partir, accompagné de deux dévots, quand il entendit la voix du "Prophète". Il s'immobilisa et se retourna lentement, stupéfait, apercevant la silhouette du chien en question. Ses paroles faussement porteuses de foi le laissèrent agité tandis qu'il avisait Clotaire, non loin de lui, également cerné par des diacres angoissés. Il chercha son regard, chargé de consternation, d'incompréhension et irritation, puis s'approcha de lui à vive allure, malgré son instinct qui lui criait de faire demi-tour et de fuir les ennuis en approche. Le discours du "Prophète" l'irritait hautement, et chaque intervention du Roy de l'Inquisition ne faisait que renforcer sa propre opinion, semblable avec celle du Limier. Mais Melchior n'était pas aussi extrémiste, et encore moins aussi courageux ; trop inquiet pour oser ouvertement s'opposer, il se contenta de glisser à Clotaire :
-Il se prétend émissaire du Seigneur, mais le seul signe de son arrivée sont les flammes du Malin. Méfie toi de cette engeance, Clotaire. Si Sa volonté était dans les mots de ce disgracieux usurpateur, nul innocent ne serait mort aujourd'hui, et notre Eglise aurait été épargnée de cette humiliation.
Son regard s'était durci en prononçant ces mots, et un frisson le parcourut. Le regard du Beauceron glissa sur la foule, s'arrêtant brièvement sur la veuve de Longroy qui s'était attirée l'intérêt du "Prophète", puis fixa quelques instants l'insolente et imprudente bohémienne osant défier toute autorité. Se sentait-elle protégée par la parole impie de l'usurpateur ? Ce n'était qu'un Déchu atteint de folie des grandeurs ; il finirait par sombrer comme tous les Déchus et enfants de Malin avant lui.
Mais malgré son opinion purement négative, Melchior se garda de l'annoncer ouvertement. Il était l’Évêque de Paris, et il devait se ranger derrière son archidiacre, même si cela lui coûtait. En ce jour funeste, l'unité de l'Eglise serait la seule chose capable de la préserver d'un pseudo-Prophète et de ses quelques imbéciles fidèles.
Céleste était arrivé tard à la fête - si tard que celle-ci s'était déjà terminée dans les flammes et les cris. Le comte, sans comprendre, avait suivi la foule de badauds tentant d'éteindre le feu, guidés par la voix de la Garde, puis s'était décidé à se saisir de quelques sauts d'eau et de les jeter innocemment sur le feu, sans réel empressement, suivant juste l'entrain du reste de la foule. Il avait aperçu Théobald, au loin, et avait souhaité le rejoindre, ravi de le voir, quand une énorme déflagration avait secoué le bâtiment entier, pour laisser s'émerger un étrange chien défiguré, simplement calme et posé. Quand la foule avait reculé devant cette arrivée théâtrale, Céleste s'était approché de quelques pas, curieux, écoutant les échanges entre les différents acteurs de ce théâtre morbide.
Le jeune comte avait hésité, puis s'était assis avec perplexité, après avoir écouté les paroles de Blanche - qu'il était content de voir, l'ayant déjà aperçu chez les Bohémiens.
-Je ne suis pas certain de comprendre...s'était-il bruyamment exprimé à l'encontre du Prophète, ayant à peine attendu que le seigneur de Montdargue termine son injonction, peu préoccupé par ce qu'il avait à dire ou par l'opinion des autres sur son irruption soudaine. Mais j'approuve les paroles de la roturière (il désigna gentiment Sibylline).Vous semblez bien intentionné, mais pourquoi profiter d'un incendie pour nous annoncer votre venue, si vous n'en êtes pas responsable ? Ce n'est pas très "angélique", tout cela...
Il sourit, réellement circonspect, mais très curieux de voir la suite des événements, et d'entendre les nombreuses questions trouver réponse - si réponse il y avait à donner.
Créature brûlée de toutes parts gisant au sol, Sibylline haletait, prise d'une crise sans précédent. Le Feu, le Feu avait failli la prendre, mais à présent, la jeune chienne ne pouvait ouvrir les yeux. Elle tremblait violemment, sanglotant presque. Mais il fallut une sensation, une intense sensation de bien être. Ses brûlures profondes ne lui faisaient plus de mal. Elle parvenait à bouger les membres. Qui était donc à l'origine de ce miracle ? Elle parvint à se redresser. La douleur physique n'était plus, mais la douleur psychique était violente. A travers cette foule, elle vit un visage, le seul qui a présent pouvait la soulager, celui ayant risqué sa vie pour elle : Alexandre.
A pas vifs, incapable de parler, elle vint se réfugier à ses côtés, observant le "Prophète" d'un air désespéré. Sa patte pressa celle d'Alexandre, un remerciement, tandis qu'elle restait près de lui. Elle écouta attentivement les longues conversations, observa Yolande poser sa patte dans celle de ce mystérieux personnage. Elle fit un pas, demandant doucement :
- Toi qui te déclare comme un possible guide, j'aimerai te demander ceci. Ces morts, ce désastre, le feu, tout ce qui nous a brisés aujourd'hui, est-ce le prix que nous devions payer en échange de ta venue et de ces promesses que tu nous présentes ici ? Nous ne connaissons ton nom, ni d'où tu viens exactement, comment pouvons-nous vraiment te faire confiance ? On ne peut réparer ce qui s'est passé, on n'en sait pas même la cause. Pourquoi, t'être présenté seulement maintenant, si tu désires tellement nous sauver ? Loin de là l'idée de t'offenser, je souhaiterais juste comprendre.
Sa voix n'était pas en colère. Elle cherchait plus à comprendre, aux côtés d'Alexandre qui ne partagerait sûrement pas ses paroles.
(Sibylline est pour le Prophète.)
Son intervention était loin d'avoir fait l'unanimité et Frambault sentait bien que lentement l'Inquisition perdait de son autorité depuis quelques mois. Ses crocs avaient claquées et ses sourcils s'était froncé lorsqu'un étranger était venu se permettre de l'interpeller et de lui donner ce qui avait l'air d'être un ordre aux yeux du Limier.
- Mais pour qui tu te prends toi? Lui avait demandé l'héritier de Montdargue non sans une grande animosité. Lui, il n'en avait que faire des parisiens, qu'ils brûlent si le Seigneur en avait voulu ainsi! Mais bien rapidement, le Limier avait jugé meilleur de reporter son attention sur le sorcier, l'auto-proclamé "Prophète". Il n'oublierait néanmoins pas le visage de cet étranger et montrerai bien rapidement à ce nouveau venu où était la place de chacun à Paris.
Le grand chien gris s'était mis à baragouiner, à parler de vie et de mort comme s'il en savait plus qu'eux. Et quelque chose avait fait tiquer Frambault; Le grand inconnu avait affirmé que certains d'entre eux étaient libres de faire des choix que jusqu'à présent seul le créateur était capable de faire. C'était de l'hérésie et ni l'Archidiacre, ni même son Évêque n'étaient présent pour se positionner et pour réveiller les foules.
Étrangement, le Limier s'était montré discret. L'échine courbée vers l'avant, la tête frôlant presque le sol et les oreilles aussi dressées qu'elles pouvaient l'être en direction du "prophète" et de Dame Yolande de Longroy, à l'affut comme un pointer en chasse.
- Hermant, Malorsie... Restez prêt à agir. Leur avait-il murmuré. Qu'est-ce que l'étranger pouvait bien préparer? De la nécromancie? Frambault en était convaincu et l'idée même lui avait arraché un discret sourire des babines... Voyons s'il est vraiment celui qu'il prétend être...
Il pourrait certainement mettre à jour les hérétiques de la ville; Mais quelle plus grande hérésie que de parler au nom de Dieu et de s'auto-proclamer son prophète? Et Yolande de Longroy n'était visiblement pas une sainte...
De plus, voilà que maintenant la bohémienne s'en mêlait; Elle qui aurait dût mourir dans les flammes, il était encore temps que ça arrive d'ailleurs. Frambault gardait ça en tête mais pour l'instant les questions de la bohémienne restaient en suspend et le Limier était curieux d'entendre le point de vu du Prophète à ce sujet. Ainsi, on verrait bien qui il était vraiment.
Les parisiens les plus en forme venaient en aide aux blessés, certains graves, brûlés sévèrement par l’explosion. C’est ainsi que les trois bohémiens se séparèrent pour chacun s’occuper d’une victime différente, se gardant tout de même à l’œil, les uns les autres.
Mais alors que chacun vaquait à ses obligations, une étrange aura enveloppa la délicate danseuse. Elle n’était pas désagréable, au contraire : un sentiment de bien être la saisit, alors même que l’estafilade sur sa cuisse ne se faisait plus sentir. Un rapide coup d’œil alentour lui assura qu’elle n’était pas la seule à être proie à cette étrange sensation, puisque déjà, bon nombre de victimes se relevait, comme soulagés de l’heure douleur.
Il était là, l’individu à l’origine de tout ce soulagement. Le visage à moitié brûlé – blessures qui ne semblait pas dater des événements récents, ceci-dit – il s’avançait au milieu de la foule, le corps de Milet de Longroy, inerte, flottant à ses côtés.
Les paroles de Mama Illfada frappèrent de nouveau l’esprit de Blanche. Un grand Mal venait sur la cité de Paris, et elle se rappelait la méfiance de cette dernière concernant lesdits « Saints ». Qu’en était-il d’un individu omniscient, qui maîtrisait la capacité de calmer les esprits et la télékinésie ? Quels autres pouvoirs cachait-il ? Se pouvait-il que… derrière ce calme apparent soit caché le grand mal qui frapperait Paris ?
Elle écouta l’autoproclamé Prophète répondre à certaines des questions des habitants, – dont celle de Gino, les idoles soient louées, il allait bien ! - elle l’écouta répondre avec calme aux accusations non fondées de l’Inquisition, tout comme elle écouta ces présentations, sa pseudo-volonté de laver les pêchés de l’Église.
Jusqu’ici, elle était d’accord : l’Église avait été loin d’être exemplaire, s’alliant avec l’Inquisition pour coffrer les Bohémiens. Mais qu’en était-il de ce nouvel arrivant ? Quelle garantie avaient-ils que la situation serait meilleure en acceptant sa présence ?
Alors, déposant délicatement la tête du conteur au sol sans oublier de lui adresser un sourire se voulant rassurant, elle se leva, au moment même où Dame Yolande posait sa patte dans celle du brûlé.
« Prophète ! » L’interpella-t-elle sans animosité, avant qu’il ne fasse une nouvelle démonstration de sa puissance. « Tu dis vouloir laver Paris de ses pêchés. Qu’en est-il de mon peuple ? » Elle s’exprimait haut et fort, pour que tous les Bohémiens présents entendent sa question. « Nous offriras-tu la paix et l’asile, ou bien continueras-tu à brûler et pendre les miens pour des crimes qu’ils n’ont pas commis ? »
Sa question était sincère et ne traduisait aucune haine envers le prophète. Elle avait juste besoin de réponses et d’une garantie quant à la sécurité de son peuple.
Le calme après la tempête.
Le feu qui se calmait, les cris qui se taisaient, l'agitation qui cessait. Et cette douce et tendre aura d'or qui l'enveloppait, presque avec amour. Presque pour la réconforter. Ce fut bien grâce à elle que Yolande ne s'effondra pas en voyant le corps inerte de l'amour de sa vie flotter aux côtés du Prophète. Mais, dans cette aura scintillante, c'était à peine si sa lévitation l'étonnait. Le halo surnaturel avait calmé son cœur en tumulte, n'y laissant qu'une paix sans fin. Elle ne sentait plus aucune douleur - ni mal de tête, ni patte tordue, ni blessure au flanc. Elle eut tout de même la curiosité de poser le regard sur son côté, et y vit le linge trempé que Perrine y avait noué se rougir petit à petit. Elle saignait... et pourtant, elle ne le sentait pas du tout.
Son égarement fut de courte durée, et toute son attention se reporta bien vite sur Milet. Il était... encore plus beau que d'habitude. Son visage semblait paisible. Il avait simplement l'air de dormir, tel qu'elle le trouvait tous les matins - son air digne et noble présent même dans le sommeil, alors que sa tignasse d'ange auréolait son doux visage sur l'oreiller... Oh, le verrait-elle jamais ouvrir les yeux à nouveau ? Lui sourire tendrement, comme chaque matin ?
Des larmes roulaient doucement sur les joues de la dame. Son groupe de bourgeoises s'était agglutinée à elle; tantôt pour la réconforter, tantôt pour se cacher du Prophète. Perrine était la plus proche, presque collée à elle. Et le Prophète parlait - et les autres aussi, ils aboyaient, s'insultaient, se contredisaient pour finalement se mettre d'accord contre le sorcier. Yolande les entendait bien, et comprenait leurs propos, mais n'en retenait aucun. A juste titre, sans doute.
- Malheureusement, le Seigneur donne la vie et parfois il la reprend. Nous n'y pouvons rien, c'est là sa volonté. Elle quitta lentement des yeux son époux pour les lever vers le visage meurtri du grand gris. Mais parfois, le Seigneur laisse aussi à ses élus le choix d'exécuter leur propre volonté! Mes frères, mes sœurs, voyez comme votre volonté est grande! Il apostrophait la foule à la manière des crieurs de rue et des saltimbanques. Oh, il était un excellent orateur, pour sûr. Très chère sœur, élue, tes pouvoirs sont grands... Tu veux le voir revenir n'est-ce pas?
Sœur ? Élue ? Mais de quoi parlait-il ? Et à quels pouvoirs faisait-il référence ? Yolande sentit son éternel esprit critique remettre ses paroles en cause et se méfier de tout - et pourtant, pour une fois, elle avait envie d'écouter son cœur. Bêtement, comme les simples d'esprit. Elle en avait besoin, et elle ne pouvait pas écouter son orgueil et décider de refuser la compassion et la foi de cet inconnu pour montrer un semblant de fausse fierté - pas avec Milet gisant à ses pattes. Elle voulait juste... écouter son cœur. Et tant pis s'il disait agir au nom d'un Créateur inexistant ! Ses pouvoirs, eux, semblaient bien réels - elle leur trouverait une explication rationnelle plus tard.
Alors, sans mot dire, elle leva une patte et l'approcha de celle du Prophète. Elle entendit la voix apeurée de Perrine "Dame Yolande, non..." mais y prêta à peine attention. Vu la démonstration de force de cet individu, il n'avait pas besoin de son accord pour lui faire du mal : elle allait jouer le tout pour le tout. Et elle posa sa patte dans celle qui lui était tendue.
Comme il s'y était attendu, l'accueil avait été mitigé. Mais il était canin de s'emporter de la sorte: Ainsi les aboiements de Limier ne l'avait même pas atteint, il s'était contenté d'arquer un sourire presque moqueur à l'égard du jeunot. C'était ensuite au tour d'un grand gaillard noir de s'exprimer, appuyé par le regard inquisiteur d'un autre grand chien brun.
- Je vais vous aider à vous réconcillier avec cette religion que vous avez bafouée, ici, à Paris plus qu'ailleurs ... Avait-il précisé en posant ensuite le regard en direction d'Alexandre qui s'était montré moqueur. Une question pourtant avait été laissée sans réponse, il s'agissait de celle de Rowena. Le prophète avait entamé une marche au milieux des individus et des décombres quand il s'était soudain fait interpeller par un étrange individu un peu trop passioné à son gout peut-être.
- Je ne suis pas à l'origine de cet incendit. Avait-il simplement répondu avant de poursuivre; Quant aux blessés... vois-tu des gens souffrir en cet instant, mon fils? Depuis qu'il était sortit des décombres sont aura avait appaisé les souffrances des uns. À peine en avait-il eu finit avec celui-ci qu'un autre chien était venu lui sauter au cou l'insultant de démon sans aucune retenu. Il était de la même trempe que les deux autres rouquins idiots qui étaient intervenu plus tôt.
- Hum. Il en avait conclu qu'il s'agissait donc d'un clan, d'une famille très peu ouverte. Son regard s'était posé un long moment sur l'élégant rouquin. Malheureusement, le Seigneur donne la vie et parfois il la reprend. Nous n'y pouvons rien, c'est là sa volonté. L'auto-proclamé prophète s'était arrêté aux pattes de Yolande de Longroy et y avait déposer Milet.
- Mais parfois, le Seigneur laisse aussi à ses élus le choix d'éxecuter leur propre volonté! Mes frères, mes soeurs, voyez comme votre volonté est grande! Commençait-il à annoncer, plus fort cette fois-ci avant de tendre la patte en direction de Yolande, attendant qu'elle y pose la sienne. Très chère soeur, élue, tes pouvoirs sont grand... Tu veux le voir revenir n'est-ce pas?
Tout était allé si vite et s'était enchaîné sous les yeux d'un Hermant qui, contrairement à ses habitudes, était prit au dépourvu par les événements. Le feu qui s'était déclenché près de la boutique Eastwood était alors rapidement venu jouer les troubles fêtes. Le reître, qui s'était vêtu de beaux apparâts pour l'occasion, imita la foule et surtout son ami Frambault, s'élaçant sans hésiter à la suite de l'essaim de son cher cousin. Un gros groupe de chiens finit alors par parvenir à la source des cris, et le rouquin n'appréciait guère la présence d'une telle meute sur une potentielle scène de crime. L'esprit aiguisé et méfiant du setter lui inspirait l'intime conviction que cet incendie n'était pas un accident. Mais il n'eut pas le temps de réfléchir à tout ça, car les flammes grandissaient, devenant plus rouges et plus menaçantes encore. Il fallait être aveugle pour ne pas y voir un signe du seigneur. Le feu s'abattait sur Paris, et nul ne pouvait alors le nier. Au milieu des cris et des souffrances, une formidable explosion déchira l'air, et tout fut projeté par la force du choc. Un souffle s'abattit sur les décombres carbonisées des rues de Paris, et le silence remplaça la chaos. Une aura dorée vint envelopper toute chose, relevant les blessés et les ruines. Hermant se releva, les yeux grands ouverts face au prodigieux spectacle qui prenait place devant lui. Un chien sombre sembla alors descendre du ciel, le corps de Milet de Longroy à ses cotés, et se proclama alors prophète. Ses mots se voulaient bienveillants, et les faits étaient là, les victimes remarchaient et les maux étaient soulagés. Médusé, le rouquin ne bougea pas. Pour lui c'était là la plus pure des sorcelleries, la manifestation incontestable du malin qui descendait punir Paris pour ses péchés. Il était choqué, pas effrayé mais complètement troublé et regardait, impuissant, son cousin Frambault prendre la parole avec virulence, comme à son habitude. Les mots de son cher camarade lui parurent judicieux, et lui redonnèrent lucidité et conscience. Il bondit alors aux côtés de Frambault, mais lorsqu'il entendit son frère, ce traître, se mettre à japper des insultes à l'égard de son supérieur. Hermant montra les crocs, la haine brûlant au fond des yeux, fixés sur le bandit. Il avait presque honte d'être du même sang que ce voyou, et ne pouvait le laisser manquer ainsi de respect à sa famille. Pourtant, il jugea mieux de ne rien faire, les circonstances étaient déjà bien trop compliquées pour en rajouter une couche. Il se contenta de jeter un regard assassin et dégoulinant de mépris à Alexandre, qui lui aussi s'était mit à beugler sur le soit-disant prophète. Quelques autres chiens vinrent assaillir le nouveau-venu de questions, et ce dernier avait plutôt intérêt à leur répondre, sinon il serait vu comme un imposteur. Si ce n'était pas déjà le cas.
《 Étranger, démon ! Le rouquin soyeux l'apostropha également à son tour. Puisque tu te dis sauveur, pourquoi Milet de Longroy gît-il près de ton flanc ? 》
Le sort du Longroy était bien le cadet de ses soucis, vu le mépris qu'il éprouvait pour cette famille d'hérétiques, mais si un chef de caste aussi puissant que Milet avait été déchu par ce mage noir, rien ne garantissait que les autres nobles ne pouvaient l'être également.
[L'avis de Hermant sur le prophète est pour l'instant négatif.]
La religion, les envoyés divins,les prophète très franchement jusqu’à cet instant precis je n'y croyais pas. J’étais bien baptisé et j'avais fait tout les sacrements mais là. Pour la première fois je croyais. Et je sus que j'avais extrêmement peur. Le feu ? Les explosions ? Un homme se tenais au milieu enfin j’étais loin il ressemblait plus a une silhouette qu'a autre chose. Par contre les roches qui virevoltait autour , une grande et puissante voix qui s'annonçait être le prophète et une lumière aveuglante qui parcourut la place et soigna les brulures que j'avais eu plus tôt ... On ne pouvait pas être plus clair sur la menace en cours. Dieu était soit très démonstratif dans sa force ou bien un sorcier extrêmement puissant venait de faire son entrée dans Paris et... jamais je ne me suis jamais senti aussi impuissant.
De ma position je ne voyais pas de morts a proprement parler mais il en avait c’était sur qu'il yen avais. Soit dans l'explosion soit étouffé ou brulé par les flammes et déjà que c'est tendu a Paris la situation ici allait être insoutenable. "Bon focus toi sur quelque chose Sebas par l'amour de dieu !"
Je ne me rendais pas compte mais j’étais entrain de m'avancer vers la silhouette, j’étais en colère. Comment quelqu'un qui se nommait lui même prophète ou même au service de dieu pouvait laisser les gens souffrir de cette façon.
-TOI! fis je en pointant l'énergumène mon doigt tout en continuant a avancer vers lui d'un pas décidé.
Mais soudain quelque chose tiqua dans mon crane, cet espèce d'instinct, ce doute qui te dit que c'est trop beau pour être vrai. C’était trop beau.Trop parfait .
Je m'approchais plus doucement réalisant qu'il n’était peut être pas le responsable du feu et de l'explosion. Bon pour la magie on repassera mais rien ne prouve que ce soit lui le coupable.
-Sais tu quelque chose a propos l'incident ici! En est tu a l'origine ? Je m'en fout de qui peux etre magicien ou je ne sais quoi. Mais ce qui s'est passé ici est grave! Il faut aider ces gens d'abord nous parleront ensuite de notre "décision". Des gens meurent en ce moment même!
Je me tournais a présent vers l'inquisiteur qui traitait le prophète de démon auparavant.
-Ne croyez vous pas que la vie des parisiens est plus importante pour l'instant ? On peux encore sauver des gens ! Et cet homme pour ce que je peux voir n'a pas l'air d'un pyromane. Un magicien puissant en effet qui a soigné ...je mis une petite pause dans mon discours pour ravaler ma salive. J’étais encore essoufflé par la course dans Paris. Qui a soigné tout ces gens, mais l'heure n'est pas a la religion ou a la vengeance mais au secours du peuple parisien!
Sebas tendis la main a l'inquisiteur pour l'aider a se relever, il en avait assez . Des morts qui s’entassaient et de l'odeur de brulé.
Le feu dévorant sembla se calmer après l’explosion, laissant un peu de répit aux parisiens. Rowena regarda, estomaquée, l’étrange lumière dorée soudainement apparue entre les ruines de sa boutique et les souleva comme s’ils étaient aussi légers qu’une feuille portée par le vent. Il sembla à la jeune chienne que les rares égratignures qui parcouraient son pelage ne la piquaient plus. Sa surprise fut encore plus grande lorsqu’elle vit un grand chien gris sortir de sous les décombres.
L’apothicaire écouta ses paroles, encore sous le choc, et vit en même temps le corps de Milet de Longroy flotter aux côtés de l’inconnu. Comment se faisait-il qu’il ait survécu ? Le chien mystérieux au visage brûlé se prétendit prophète envoyé par le Créateur. Tiens donc. Le Créateur avait eu une bien drôle idée d’envoyer un prophète au milieu de sa boutique, qui était pourtant bien fermée et dont il ne restait désormais que de vulgaires gravats éparpillés. N’était-il pas censé apporter le bien et non pas la destruction ?
Pourtant, il n’y avait aucune animosité dans ses mots et son calme déconcertant lui donnait presque froid dans le dos. Il demandait au parisiens de les rejoindre. Rowena vit du coin de l'oeil le Roy de l'Inquisition cracher tout son mépris sur l'individu, et des voix méfiantes s'élevaient déjà. L'apothicaire quant à elle, ne pouvait pas lui faire confiance, ni lui suivre aveuglément. Une seule et unique question tournait dans son esprit, et elle allait de ce pas la lui poser. Après que d'autres aient interrogé l'inconnu, elle le fit à son tour, les sourcils froncés.
- Que faisiez vous dans ma boutique ?
MARIE
Marie n'avait toujours pas réussit à bouger. Elle fixait, blême, la scène devant elle. Des gens étaient morts, vraiment morts. D'autre étaient blessés et elle n'avait rien put faire, sa petite intervention avait même précipiter les choses. Elle se sentit terriblement coupable et inutile. Si jamais Dame Bellevale m'avait vu... Oh seigneur... Geignit-elle en son for.
C'est alors que des cendres une silhouette se dressa. La petit bull terrier sursauta, son seau toujours solidement ancré dans sa gueule. Un sensation étrange l'envahit, qui la détendit, elle sentit une douce chaleur dans son ventre, bien mieux qu'après le meilleur des repas. Elle réussit enfin à desserrer ses mâchoires et écouta l'étranger parler.
Elle fut fascinée, si influençable qu'elle ne parvint pas à remettre en doute la parole du chien brûlé.
" ... Un prophète ? Mais qui donc peut s'auto-proclamer prophète de la sorte ? Vous n'allez donc pas faire confiance à ce sorcier et son maléfice? Parisiens, ne vous laissez pas avoir par le démon ! " Marie sursauta. Elle tourna le museau vers cet inquisiteur sans savoir comment réagir alors que déjà les chiens de Paris venaient poser des questions à ce Prophète.
La petite blanche grimaça et s'approcha à son tour, ouvrant simplement les yeux. Pour le moment, elle n'osait pas s'affirmer et préféra attendre d'entendre les réponses de ce grand gris.
ALEXANDRE
On était venu l'éteindre, mais le grand chasseur ne s'en était même pas aperçu. La douleur était si forte que même une fois partie, le feu continuait de lui causer des souffrances atroce. Il sentait sa chair à nue, sa chair carboniser, la moitié de son visage, une partie de son oreille avaient été emporté. Envoler dans les cendres de l'explosion.
Il gémissait, pathétique sur le pavé, on l'avait traîner plus loin, mais il était trop ivre de douleur pour en éprouver la moindre reconnaissance.
C'est alors qu'un aura doré envahit son champ de vision, il sentit la douleur s'évanouir comme un mauvais rêve puis, peu à peu, une certaine force lui revenir. Sans plus attendre, il se releva. Son œil gauche ne s'ouvrait qu'à demi, mais son droit voyait très bien et le rouquin cru un instant à une hallucination... Mais à mois qu'elle soit collective, cela ne pouvait être que la réalité.
Il écouta le prophète, sans vraiment savoir que dire. D'autre prirent la parole, dont son horrible cousin qu'il n'avait sut voir jusque là. Un jeune noiraud posa une question tout à fait pertinente, mais Alexandre prit le temps de répondre Frambault qui lui cassait les oreilles. Il tourna le museau vers lui en grognant.
" Ferme ton clapet Frambault ! Aboya-t-il, arrête de t'agiter comme une putain dans un foutu bordel ! " Il n'avait pas encore prit conscience de son horrible brûlure qui lui ravageait maintenant le visage. Du sang suinta de sa chair carbonisée et coula dans des plic plic indifférents.
Le rouquin se tourna maintenant vers le Prophète, ni pour, ni contre, pour le moment.
" Prophète du Créateur hein ? C'est possible aussi que ce soit le Diable qui t'envoie. Dis moi mon vieux, le feu là, il est arrivé par hasard ? Et puis... Qu'est ce que le Créateur a à foutre de nous ? Il y a des pêcheurs dans le monde entier, Paris, sa religion corrompu... Elles le sont toutes. " Il secoua doucement le museau dans un ricanement.
Le chaos continuait. Comme si l'adrénaline qui coulait dans ses veines l'empêchait de s'arrêter, Theobald avait couru au secours des blessées et des inconscients... Découvrant avec grande peine les macabres conséquences de l'explosion. Ses soeurs avaient raison ; il devrait cesser de jouer au héros. Seulement, comment ? La simple idée de les perdre elles aussi le terrifiait plus que celle de la mort. ❝ C'est promis. ❞ avait-il alors répondu à leur inquiétude. Acceptant ce châle protecteur, qui flottait désormais au rythme de sa course.
Son coeur s'était arrêté lorsqu'il avait aperçu, parmi tout ces corps à terre, celui de son bien aimé désormais affalé sur le pavement. Sans hésitation, il s'était élancé vers lui. ❝ Eusebio ! ❞ Il appela son nom, mais sa voix fut englouti par le fracas des rues. Continuel. Jusqu'au moment où tout cessa.
Interrompant ses foulées, le bohémien avait lancé un regard par dessus son épaule. Et quelle ne fut pas son choc lorsqu'il posa ses yeux sur la source de ce calme... et ce qui flottait à ses côtés. Milet. Ses pupilles s'étaient contractées, à la fois sceptique et intéressé par les mots du prétendu prophète. Se pourrait-il qu'ils... Non. Quelque chose clochait. Aussi bienveillante sa présence était-elle, cet envoyé restait un étranger aux desseins inconnus. Les mots étaient un art que l'on pouvait apprendre à manier à la perfection, après tout.
Se détournant de la scène, Theobald s'était silencieusement approché du fermier, déposant un chiffon humide sur ses plaies. Par miracle, l'explosion l'avait épargné et tout n'était que superficiel. Que les Idoles soient louées. Toutefois, le soulagement fut de courte durée car les aboiements du Montdargue étaient insupportables. De plus, le seul démon qu'il voyait ici... C'était lui. Lui et ses larbins, de son essaim jusqu'à cet évêque.
Sans s'en préoccuper plus, il avait posé une patte réconfortante sur l'épaule du blessé, lui intimant de se reposer avant de repartir vers Gino, se postant à ses côtés pour l'appuyer dans son questionnement. Ses yeux d'or braqués en direction du gris.
Quelque chose chez celui-ci... lui semblait familier. Ou n'était-ce qu'une impression, apportée par cet étrange halo apaisant ? Contraste parfait avec la peine qui le submergeait à la vue du corps de Milet.
Le vent soufflait fort et un tapis de nuage recouvrait déjà le toit du monde . Il allait pleuvoir . Cela me mettais quelque peu en joie, moi qui adorais la pluie.Peut être parce que je la trouvais jolie ?Non, plutôt que j'adorais la manière dont elle faisait taire tout bruit quand elle tombait avec fracas. Un peu comme si la nature elle même nous disais :"Taisez vous, je suis toujours la." Oui j'aimais la pluie.
Je remis mon chapeau sur mes yeux pensant que j'en avais encore pour une heure je pensais bien pouvoir un peu dormir dans la charrette. Je me laissais bercer par le doux bruit de la campagne et je plongeais dans un sommeil sans rêves . Enfin ce qui devait s'annoncer sans reve fut etrangement ravivé tout d'un coup, des hurlements. J’étais dans une ruelle sombre, je la connaissais. Un autre hurlement je commençais a courir vers le bruit pour définir son origine mais je le connaissais deja. Je voulais faire demi tour mais c’était trop tard.
"Aide moi Sebas!"
Mon mentor plus mort que vivant me tendais la main pendants que des silhouette l'ecartelais, et puis la fumée le feu...j’étouffais.
-Monsieur ! Monsieur réveillez vous !
J’ouvrais les yeux et me redressais en haletant. Un cauchemar, tout allais bien c'etait bien ma veine . Pourtant l'odeur de brulé ne quittais pas mes narines.
-Hmm ...Qui ya t'il ?demandais je en retrouvant peu a peu mes esprits
-Paris brule! Monsieur c'est terrible !
Je n'en croyais pas mes yeux il avait raison. Je pouvais voir les imposantes murailles de paris s’élever au loin mais pour une fois quelque chose les dépassais . De la fumée noire. Ça devrait être grave. Je n'eus même pas le temps de penser que je vis une explosion se produire au loin, c'est pire que ce que je pensais! Je me retournais vers le conducteur de la charrette:
-Il faut faire vite!
-Mais...mais
-Ne discutez pas des gens meurent en ce moment même!fit je avec une expression d'horreur sur le visage
Il coopéra en lançant son cheval a tout allure m'obligeant a me tenir a la charrette et a maintenir mon chapeau sur ma tete. Que se passait t'il ? On m'avais prévenu que la situation était tendue a paris mais je ne pensais pas quelle serait aussi catastrophique! Une explosion en plein Paris ?Était ce la guerre ? Merde...j'avais bien choisi mon moment pour revenir a la maison moi, j’espère que mes parents ne sont pas la bas!
***
Plus nous nous rapprochions de la ville plus les pleurs, les cris, les toussotements, se faisaient entendre partout autour de nous .Et c'est ainsi que je les vit les portes de Paris, qui débordait de monde s'enfuyant a toutes jambes a l’extérieur.
Une fois que nous sommes arrivé pile devant la porte je remercias le marchand avant de descendre d'un coup de la charrette du paysan. Main sur le pommeau du glaive a ma ceinture je m’élançais vers l’épicentre du feu. Ma priorité sortir les gens de la le reste importe peu une fois que les gens seront sortis d'affaire.
Cela me pris un moment avant d'arriver sur place le feu se propageait vite. Je m’arrêtais un moment pour reprendre mon souffle quand soudain une petite fille me tira sur les vêtements . Elle tremblait de peur et pleurait abondement .
-Ma...maman!
Elle pointait le bâtiment léché par les flammes devant elle, "Sa mère était bloqué la dedans ? "
Mon sang ne fit qu'un tour et je m’élançais vers la porte déjà a moitié défoncée. d'un coup de pied je finissais le boulot et la porte s’écroula avec fracas. Couvrant ma bouche d'un tissu je rentrais dans le bâtiment évitant le plus possible les flammes et je montais a l’étage du bâtiment. Une marche, deux marche quand la troisième fragilisée ne tint pas mon poids. Elle craqua et j'eus le réflexe d'enlever ma patte, je vis les morceau de bois tomber dans un enfer ardent. Je devais me depecher ou ma visite a Paris ne serait pas très longue.
Je montais et cherchais la mère que je trouvais allongée sur le sol inanimée surement a cause de la fumée. Je fis comme je put et la pris sur moi pour la transporter dehors. Mais moi aussi la fumée commençais a me faire tourner la tête."Vite tiens bon mon corps, encore un peu!"
Je contournais comme je pouvais les abysses de flammes qui étaient partout et accélérais la cadence a la fin . La structure allais céder.Je sorti la mère de la jeune fille juste a temps car quelques temps après la maison privée d'appuis solide s’écroula sur elle même ne révélant qu'un tapis de flammes.
Des gens me virent sortir de la maison en feu et se précipitèrent pour m'aider a réanimer la jeune femme. Je me levais et tournais ma tête vers le quartier commerçant. Si celui qui était a l'origine de ça était encre dans les parages il allait passer le reste de sa vie en cachot. Il lui en faisait la promesse.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que sur le court trajet vers l'incendie, Malorsie n'avait pas été des plus rapides ni des plus motivés. A la traîne de son essaim, elle avançait presque sans hâte, lorsque quelqu'un la bouscula, manquant de lui faire échapper son seau. Prête à fulminer sur le malheureux ayant osé porter la patte sur l'Inquisition, son cri était resté dans sa gorge quand elle avait réalisé à qui elle avait à faire. Messire Frambault de Montdargue en personne !! Ô joie divine, il s'adressait directement à elle ! Cette fois-ci, le seau chuta bel et bien au sol sans qu'elle s'en préoccupe un instant, obnubilée par les paroles de son idole, sous le charme. Bien sûr qu'elle obéirait, après tout il avait raison, que ces boutiques de pécheur brûlent jusqu'en Enfer, de toute façon-
Elle ne put en rajouter plus dans sa tête, une violente explosion venant de les souffler, et projetant le noble Limier sur la milicienne - qui elle était aux anges, malgré le choc et la douleur de leur chute. L'idée que des gens puissent être blessés voire morts ne l'effleurait même pas ; bon sang mais sire Frambault était presque couché sur elle, voilà qui était impensable ! Un miracle !
De toute façon, il lui sembla très rapidement que toute souffrance l'avait abandonnée, du sang perlait à sa truffe sans qu'elle en ressente la moindre gêne, et elle put se relever à la suite de son Roy sans soucis. Étonnée, elle avisa alors l'étrange personnage qui se trouvait devant eux, nimbé d'une aura surnaturelle, et le corps de Milet de Longroy qui flottait à côté de lui ! Sorcellerie !!
Sourcils froncés, la demoiselle se posta aux côtés du Seigneur de Montdargue, montrant presque les crocs. Elle était d'accord avec chacun de ses mots, et toisait méchamment tout ceux qui semblaient douter de l'hérésie de ce mage noir paru devant eux... Voilà sûrement le châtiment de Paris, qui n'aurait jamais dû héberger en son sein toute cette racaille de païens...
Les choses s'étaient passées bien trop vite pour qu'Eusebio tienne le rythme ; il se sentait comme absent de son propre corps, observant la scène de l'extérieur, se voyant enchaîner les seaux pleins et les seaux vides contre les flammes, comme un automate... Ses sens lui revinrent quand il y eut l'explosion - heureusement il était retourné remplir son récipient à ce moment-là, et put échapper au plus gros des dégâts. Les tympans sifflant, il avait avisé la gravité de la situation ; plusieurs blessés en feu, notamment une damoiselle qui se tordait de douleur sur le sol. Il fallait faire vite ! Saisissant son fidèle seau, le paysan se précipita vers elle, mais une fois de plus, il se sentit partir...
Sauf que cette fois, c'était pour de vrai. Toute force l'abandonna et il chuta lourdement sur les pavés, dans une roulade grossière et peu élégante. D'aucuns auraient pu croire qu'il s'était pris les pattes dans quelque chose, mais lui savait, il n'y avait rien, il n'avait heurté aucun obstacle... il était juste totalement incapable du moindre mouvement. Il ne pouvait qu'entrouvrir les yeux, sonné, percevant les sons de la panique autour de lui, les bruits de course, l'odeur âcre de la fumée... Que lui arrivait-il ??
Puis soudain, un grand calme. Tâchant de retrouver une respiration normale, le jeune loup se sentit revenir à la vie, récupérant un brin de mobilité, mais il était également si fatigué... Alors qu'il peinait à se relever sur une épaule, il réalisa le silence tombé sur les lieux, puis cette étrange lumière, comme un halo qui les enveloppait... De plus en plus inquiet, Eusebio remarqua alors la silhouette noire, le centre de toute l'attention, et sûrement la source d'ennuis à venir. Un prophète... voilà qui ne présageait rien de bon pour l'avenir.
Frambault, sonné par sa précédente chûte s'était immédiatement sentis revivre. Cet étranger, cette aura, mais qu'est-ce que ça pouvait bien être. À la fois terrifié et ébaït par le spectacle, l'Inquisiteur ne savait plus que faire. Comme à son habitude, bien rapidement, il s'était laissé envahir par la colère et la haine.
- ... Un prophète? Mais qui donc peut s'auto-proclamer prophète de la sorte? Avait hurlé le chasseur, les crocs dévoilés, la rage montant doucement. Vous n'allez donc pas faire confiance à ce sorcier et son maléfice? Parisiens, ne vous laissez pas avoir par le démon! Il était hors de question pour lui de faire confiance à ce prestidigitateur. Doublé d'une sorte de nécromancien qui plus est? Le corps de Milet qui flottait à ses cotés n'aidait en rien à le rendre amical aux yeux du Limier de l'Inquisition.
Gino avait ouvert les yeux, comme après un long et agréable repos: Quelle ambiance, quelle douceur. Le bâtard s'était redressé sans aucun mal et s'était immédiatement trouvé obnubilé par le prophète. Les cris de l'Inquisiteur enragé n'avaient même pas réussi à le faire sortir de sa plénitude. Qui était cet individu? Que faisait-il? Était-il vraiment un prophète? Il avait pourtant lui aussi remarqué que l'Église parisienne était corrompue, il ne pouvait pas avoir de mauvaise intention. Mais Gino n'était pas naïf.
- Prophète, il l'avait interpellé en esperant avoir une réponse, que nous veux-tu? Comment vas-tu t'y prendre pour nous laver de nos péchés?
Le ciel s'était couvert, était-ce à cause de la fumée noire qui s'élevait dans le ciel ou bien était-ce simplement le temps qui se gatait? Personne n'était vraiment à même d'en juger ou bien simplement d'y faire attention. Le feu quant à lui semblait se calmer, étrangement, soudainement après l'explosion. Les blessés gisaient tous à terre, aider par qui le pouvait.
Quand soudain...
Une étrange lueur dorée était venue envelopper les décombres encore en feu et les avait tous soulever. Bientôt cette enveloppe s'était étirée à toute la rue et tout citadin s'y trouvant s'étaient immédiatement senti à l'aise, protègés de tout et prêt à se remettre sur pied. C'était comme si les blessures ne faisaient plus mal, comme si le malaitre s'était enfui, comme l'étreinte douce d'une mère. De sous les décombres était sorti un grand chien gris.
- Parisiens, de coeur ou de sang, Avait annoncé l'individu au visage brulé par les flammes. Il dégageait une certaine aura à n'en pas douter et les décombres se poussaient sur son passage. A coté de lui flottait le corps sans vie de Milet de Longroy. Cette force, cette lueur dorée, c'était de lui qu'elle venait. Je suis venu vous sauver, vous délivrer de vos péchés, de cette Église corrompue. Il avait alors cherché du regard l'Archidiacre. Je suis votre prophète, le créateur m'a envoyé. Croyez en moi et je vous promet le paradis. Avait-il assuré à tout le monde. Il n'y avait aucune animosité dans ses paroles et sa présence était si rassurante...
- Si l'Église veut bien, je vous aiguillerai, je vous montrerai la voie à prendre, Il avait finalement clos les yeux, comme s'il attendait la réponse des individus présent. Rejoignez moi, que l'Archidiacre marche également à mes cotés...
Déroulement -Il est temps de voter. Voulez vous faire confiance à ce prétendu prophète? C'est l'Archidiacre qui aura le dernier mot, il est libre d'écouter son peuple ou bien de ne pas le faire mais ça aura bien évidemment un incidence sur sa réputation. De même que de choisir d'écouter ou non le prophête aura une incidence sur votre experience sur Reign!
Vous avez jusqu'au samedi 26 juin au soir pour répondre. Notez s'il vous plait à la fin de votre réponse si votre personnage est pour ou contre le Prophète. Bien évidemment, l'Archidiacre Clotaire peut se manifester mais sa décision sera définitive et prise le samedi 26 juin.
une dernière chose: grâce à l'Aura du prophète si vous aviez été assomé, inconscient, vous êtes en capacité de vous relever. Cependant vos blessures n'ont pas disparu, mais vous ne les sentez plus.
Le désordre et la terreur régnaient en maîtres dans le quartier commerçant. Toutefois, malgré tout, les parisiens restaient solidaires et faisaient tout leur possible pour tenter d'éteindre l'incendie. Rowena revenait d'un deuxième voyage avec son seau rempli d'eau lorsqu'elle aperçut elle aussi les deux silhouettes à l’intérieur de sa boutique.
Une fraction de secondes plus tard, alors que certains commençaient déjà à s'avancer pour les aider à sortir, une déflagration détruisit le reste de l'apothicaire et souffla les personnes les plus proches. Par chance, Rowena en était assez éloignée et ne reçut que quelques débris. Posant son seau sur le sol, elle se précipita elle aussi à l'aide de ceux qui avaient été touchés. Sa boutique, tout ce qu'elle possédait était perdu. Il ne servait plus à rien d'espérer sauver quoi que ce soit de matériel, toutefois des gens avaient besoin d'aide.
Le feu semblait commençait à abandonner la lutte sous le manège incessant des sceaux jetés, et eux à espérer sauver les personnes coincées. Du revenait de chercher de l'eau quand un murmure général la sortit de son rythme mécanique de eau - incendie - eau.
Elle leva la tête, et deux silhouettes se dessinaient au milieu des flammes. Il lui sembla entendre une voix dire quelque chose, mais alors qu'elle pressait le pas pour apporter son sceau et les sortir de la fournaise, une explosion retentis soudain, et l'apothicairerie s'effondra sous elle-même, souffla personnes et objets sur son passage, se dirigeant vers elle et -
Théo fut soudainement là, devant elle, et devant Blanche, qui était juste derrière elle, et elle ne sentit que le souffle brûlant sur son pelage tandis que son cœur se glaçait en songeant que, par les Forces des Flammes, et s'il avait pris un projectile mortel ?
Mais il demeura debout, l'air aussi sain et sauf que peut l'être toute personne réchappant à une telle explosion, tout comme Blanche à ses côtés, elle s'en assura par un examen détaillé, et le soulagement la frappa comme une massue. Il lui fallut l'aide de Blanche pour se relever, et elle fixa avec ahurissement son frère: Est-ce que ça va ? Vraiment ? Tu viens de te prendre une explosion pour nous, bon sang. J'espère bien qu'au moins toi tu vas bon sang de bien !
Elle resta muette, se contentant d'hocher la tête, avant de le retenir avec Blanche - est-ce qu'il allait encore jouer au foutu héros ? Elle ne voulait pas le perdre, par les quatre Forces ! Elle ne voulait perdre ni l'un ni l'autre ! Au moins, le tissu de Blanche était là, pour les blessures les plus importantes.
Autant satisfaite que possible du dernier coup d’œil, elle se détourna enfin, remarquant alors une douleur diffuse dans ses côtes - sans doute rien de grave, elle songea - et chercha du regard un blessé qui aurait besoin d'aide. Son regard tomba sur Gino, immobile à l'écart, silhouette sombre au sol et dont il semblait qu'une auréole d'un rouge sombre s'étendait petit à petit autour de sa tête.
Elle courut à ses côtés, sortant un linge de sa sacoche, et, en arrivant, elle grimaça en voyant la large blessure. Par les forces de la Terre, elle n'avait que des compétences minime en soin, savait à peine tamponner une plaie, chose apprise sur le tas durant son enfance. Elle pressa autant qu'elle put le linge sur la plaie, réduisant au moins la perte de sang, et se mit à appeler à l'aide un médecin - enfin, en espérant qu'ils ne soient pas tous surchargés par l'explosion.
Comme son frère et sa sœur, Blanche participait activement à éteindre les flammes, se pressant pour remplir de sceaux d’eau avant de les vider sur les flammes qui dévoraient la boutique de l’apothicaire.
Bientôt, le feu s’étouffa, déclarant forfait face à leur forces unies. Et tandis que Blanche amorçait un nouveau chemin vers l’incendie, elle se stoppa, stupéfaite, lorsqu’elle aperçu deux silhouettes au cœur des flammes.
Piquée au vif, elle s’élança à la suite de son frère et de sa sœur, déterminée à extirper les deux individus des flammes en se moquant peu du fait que la seconde silhouette ne lui paraissait pas le moins du monde familière.
Hélas, leur nouvel espoir fut balayé en un rien de temps, par la déflagration qui suivit.
Les oreilles sifflantes, Blanche ouvrit les yeux, battant des paupières et toussant un grand coup pour chasser la poussière qui flottait dans l’atmosphère et qui tentait, par tous les moyens, de s’infiltrer dans son corps. Elle mit un instant avant de reprendre ses esprits, et d’un coup, le poids qui l’écrasait s’en alla, et la lumière revient. Du était à ses côtés et Theobald les surplombait.
« Est-ce que ça va ? » Leur demanda-t-il.
Blanche se releva doucement, déliant ses muscles endoloris. Elle grimaça légèrement en s’appuyant sur sa patte arrière : sa cuisse avait été touchée, mais rien de grave et d’irréversible, sa petite blessure superficielle attendrait. Un rapide coup d’œil aux alentours lui indiqua qu’il y avait bien plus grave. Et la bohémienne s’inquiéta soudainement pour son frère, qui s’était servi de son corps comme barrière pour protéger ses sœurs.
Tendant une patte à sa sœur, Du, pour l’aider à se relever, elle retint Theobald de l’autre :
« Attends ! » Le héla-t-elle.
Elle lâcha les deux bohémiens pour dénouer son foulard d’un coup de patte habile et rapidement, fouilla dans sa sacoche pour en sortir sa gourde d’eau. En deux temps trois mouvements, elle humidifia le bout de tissu pour le débarrasser de sa poussière, avant de le nouer, non sans mal, autour du corps de Theobald.
« Interdiction de l’enlever avant que tu sois allé voir Mama Illfada. » Lui dit-elle d’un ton sévère mais doux, soucieuse de sa santé.
Mais les blessés alentours ne lui laissèrent pas le temps de bavarder plus. Déjà, non loin, le conteur tombait lourdement au sol. Victime la plus proche d’elle, Blanche se précipita vers lui pour, d’une patte, lui soulever la tête et de l’autre, présenter le goulot de sa gourde aux babines du vieux chien.
« Buvez, il faut vous hydrater. »
Bien en retard sur tout le reste du petit peuple, Frambault de Montdargue et son essaime étaient finalement arrivés sur place. Et alors qu'il s'amusait presque de voir les demeures de tous ces hérétiques sous les flammes il avait aperçu du coin de l'oeil un de ses essaims risquer sa vie pour tenter d'éteinre l'incendit. Bien rapidement le Limier de l'Inquisition avait bousculé d'un leger coup d'épaule Malorsie en suposant qu'elle fasse tomber son seau.
- Ce n'est pas notre problème, cet incendit c'est la volonté du Seigneur, nous n'avons pas à agir contre. Les crocs dévoilés, les oreilles dressées dans la direction de sa camarade inquisitrice. Derrière lui les flammes venaient de reprendre de leur magnificence et une incroyable deflagration était venu le pousser contre sa camarade dans un violent heurt, les envoyant certainement valser plus loin.
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Gino
Gino de son coté était là depuis un bon moment et voir sa galerie dévorée par la flamme avait été une atroce torture: Tout ce qu'il possèdait, tous ses tableaux, ces magnifiques peintures irremplaçable venaient de se faire engouffrer par les flammes. Et lui, il était impuissant... Il ne savait que faire. Il s'était tenu immobile devant sa boutique, la queue entre les jambes et les oreilles enfouies dans sa cheveulure bouclée. Il ne faisait attention à rien ni personne. Tout le brouhaha à coté de lui ne l'interessait plus, il ne s'en préoccupait même pas... Lorsque soudain, les flammes ainsi que le souffle de l'explosion de la boutique d'à coté le projetèrent contre le sol avec une violence incommensurable. Il n'était pas en première ligne mais toutefois pas loin d'avoir perdu un oeil: Dans la deflagration un immense débris de bois était venu l'assomer, lui ouvrant le crâne de l'arcade à l'arrière de l'oreille. Même un grand gaillard comme lui n'avait pas pu tenir debout face à une telle force.
Si elle avait su !
Il n'avait fallu que d'un instant ! Elle l'avait vue, cette silhouette rousse, qu'elle reconnut ! Et puis, ces silhouettes, les flammes...
Craquement.
Explosion.
Bruit horrible.
Sibylline hurla. Violemment projetée par les flammes, elle sentait le feu la brûler de toute part. La douleur était incommensurable, tandis que ses hurlements poursuivaient. Quelle idiote, parvint-elle à penser ! Elle se roula sur le sol, la douleur la dévorant, tandis qu'elle essayait désespérément de s'échapper des flammes. Elle se traîna lourdement, tentant d'échapper au carnage, gémissant. Il lui fallut déployer le peu de volonté qu'il lui restait. Vivre ! Elle devait vivre ! Par chance, elle avait couvert son visage lors de l'explosion, diminuant seulement d'un iota les dégats sur celui-ci. Idiote, idiote, idiote. Sa vision floue lui laissait apercevoir des silhouettes, tandis qu'elle gémissait.
- Ale... Alex... Alex-an-andre... Le peu de conscience qui lui restait était accordée à ce sauveur. Elle pleurait, de douleur, de honte. Se roulant toujours au sol, entièrement brûlée, elle eut juste le temps d'entendre des cris de toutes parts, et de fermer les yeux, gémissant de douleur, sanglotant, répétant le nom de celui qui avait risqué sa vie pour elle.
Les flammes reculaient sous les valses d'eau lancées. Ils avaient fait le bon choix et les voilà là, si proches. Si Theobald s'était un instant figé en apercevant cette silhouette droite et macabre parmi les décombres et qu'un second frisson avait fait soulevé son pelage, la vision du corps de Milet s'effondrant n'avait fait que le précipiter un peu plus dans ses manœuvres. Usant ses muscles pour aller plus vite, toujours plus vite.
Et il y eu une inspiration. Un courant qui s'engouffrait dans la bâtisse de feu et de cendres... Faisant manquer un battement au coeur du bohémien qui avait fait volte-face, se jetant par instinct sur les deux silhouettes familières de ses soeurs.
L'instant d'après, tout ce qu'il entendit fut un bruit tonitruant. Sous le choc, ses yeux s'étaient fermés, son corps électrisait par quelques pics de douleur soudains. Fort heureusement, ils avaient été plus loin de l'explosion que d'autres... Et ce fut d'ailleurs leurs hurlements qui réveillèrent le colosse, le faisant se redresser sans attendre. ❝ Est-ce que ça va ? ❞ demanda-t-il précipitamment. Il avait été brusque dans son mouvement mais au moins, il avait fait parade à la plupart des débris qui auraient pu les atteindre. C'était le principal.
De nouveau sur ses pattes, il jeta un coup d'oeil par dessus son épaule. Les morceaux avaient fait des ricochets sur lui, laissant de fines fentes brûlantes dans sa chair mais sans réelle gravité. Theobald s'ébroua, délaissant les picotements faisant tiquer son pelage pour se tourner vers les vrais blessés. Une seconde fois prêt à aider, aux côtés de sa soeur Blanche qui semblait elle aussi vouloir se diriger vers les blessés.
Un grand chien balafré était venu soutenir Yolande de l'autre côté et Geoffroy n'avait pu qu'approuver ses dires, résonnant d'un grand rire tonitruant: le feu le terrifiait, mais le rire lui redonnait du courage. Le Balafré et la Dame étaient d'avis à aider et le Conteur ne pouvait qu'approuver. Confiant la courageuse Noble à un groupe de bourgeoises qui s'organisaient pour aider les brulés. Laissant là les deux chiens, Geoffroy étaient parti dans une course effrénée vers le puit, où on lui donna immédiatement un grand seau chargé d'eau, terriblement lourd. Sans se poser de question et malgré la douleur dans la nuque à soulever un tel poids, il avait pris la anse entre ses crocs et avait commencé à l'approcher de l'apothicairerie, où l'on avait concentré les forces de frappe.
Il n'avait eu que le temps de s'approcher un peu, percevant dans la fournaise deux silhouettes (et la plus frêle s'était effondrée dans le brasier), qu'une prodigieuse explosion avait soufflé la boutique. L'air chaud avait léché le poil de Geoffroy et l'air, soudainement chargé de fumée et de braise, l'avait fait tousser et les larmes perlaient de ses yeux. Hébété, il lui avait fallu une minute entière pour retrouver pleinement ses capacités. Quand il avait enfin réussi à reprendre possession de son corps, il avait senti sa nuque raide, si raide et le mouvement circulaire qu'il avait fait pour balayer du regard la rue lui avait arraché un gémissement: un débris lui avait heurté le cou et le laissait endoloris.
Mais alors qu'il constatait les dégâts de sa propre intégrité physique, il avait remarqué que gisait au sol le Balafré qui l'avait aidé quelques minutes plus tôt.
"Ah non !"
Il avait couru vers lui et l'avait attrapé par la peau de son cou.
"Vous m'excuserez pour le manque de ménagement belle gueule, mais le brasier va pas vous faire de cadeau."
Tirant le corps du grand chien à l'abri de la fournaise, impossible de le soulever comme il l'avait fait pour dame Yolande, il avait arque-bouté son corps sous l'effort. Quand ils étaient un peu éloignés, à quelques mètres de la boutique, Geoffroy s'était laissé tomber, pantelant, la nuque si raide que la douleur se propageait dans sa colonne vertébrale. Il ne pouvait plus bouger, épuisé.
Dans la calèche, Beata s'était sentie faible.
"... Odette ?"
Et elle s'était comme évanouie, les yeux fermés et légèrement révulsés. Un frisson lui avait arraché un léger cri et soudainement, plus rien ! Dans un flash épouvantable, elle avait vu Paris léchée par les flammes, saignant abondamment. Se redressant soudainement, les larmes perlant sur ses joues, elle avait poussé un cri.
"Paris ! PARIS !"
Et puis ses forces l'avaient de nouveau quitté et elle s'était évanouie cette fois pour de bon, le crâne lacéré par sa migraine, prise de tremblements.
Alors que Yolande s'affairait avec les bourgeoises à déchirer des linges et les tremper dans une bassine d'eau déjà chauffée par l'incendie tout proche pour les distribuer aux pompiers du jour afin qu'ils se rafraîchissent et essuient la suie de leurs yeux en attendant les premiers blessés, une silhouette féminine se rua vers elle pour lui coller un tissu au visage. Yolande reconnut de justesse la jeune Sibylline qui lui prodigua d'utiles conseils - en voulant aider les autres, elle s'était elle-même oubliée !
Elle suivit donc l'idée de la libraire et noua le tissu autour de son cou, pour en couvrir son museau. Elle pensait que Sibylline resterait avec elle et les autres dames, dans la brigade de premiers soins - mais la brave demoiselle courut au-devant du danger pour tenter de déblayer, malgré sa faible force, l'entrée de la boutique... s'exposant par la même occasion à toute la violence de l'incendie. Pourvu qu'elle ne le regrette pas... eut à peine le temps de prier Yolande, à défaut de pouvoir retenir l'inconsciente, et juste avant de voir le goujat roux se précipiter à ses côtés.
Les efforts des citoyens payaient et, peu à peu, les flammes semblaient baisser en intensité. Entre leurs langues de feu, l'intérieur de la boutique, pourtant empli de fumée noire, se laissait deviner. Et en son cœur, deux silhouettes - l'une imposante et immobile, bien ancrée dans le sol; et l'autre... L'autre, Yolande aurait pu la reconnaître entre mille. Et elle fut sans doute la première à le faire.
- Milet ! MILET ! s'égosilla-t-elle, désespérée, les yeux rivés sur son tendre époux.
- Nous sommes là, sembla lui répondre la voix calme et grave du premier individu.
Et puis, Milet s'effondra, sous les cris d'effroi de la dame de Longroy. Les bourgeoises autour d'elle - ses amies, ses clientes - durent la retenir de se jeter dans l'incendie. Elles la saisirent, l'empêchèrent de foncer dans les flammes aux côtés de son mari. Et elles eurent raison, car ce fut à ce moment que la boutique vola en éclats. Quelque chose en son sein explosa, envoyant valser les parisiens de toutes parts.
Yolande et les siennes, assez loin du foyer pour ne pas être directement atteintes (leur poste de soin improvisé se trouvant de l'autre côté de la rue), subirent tout de même le souffle brûlant de l'explosion et les débris qu'elle engendra. Le vent chaud roussit leurs poils, et Yolande sentit la douleur d'un morceau de bois enflammé la frappant de plein fouet. A peine le temps de se remettre du choc qu'il fallait déjà agir. Pourtant, la vue de la dame était brouillée, et son ouïe couverte d'un désagréable bourdonnement - le bruit extrême de l'explosion ayant sans doute blessé ses oreilles. Par bonheur, Perrine - son employée au salon - était dans son groupe, et en assez bon point pour avoir la présence d'esprit de soigner sa patronne. Ainsi, le coup dans le flanc de Yolande fut immédiatement pansé (d'un simple et inefficace linge trempé, mais c'était sans doute mieux que rien).
Titubant, elle leva les yeux vers l'apothicairerie. Ou plutôt... ce qu'il en restait. Elle resta là, perdue, incertaine, refusant d'admettre l'impensable. Pendant qu'elle restait tétanisée, la brave Perrine prit sa place aux premiers secours pour jeter un de leurs linges trempés sur la fourrure en feu des malheureux que l'incendie avait atteints, notamment Alexandre. Et Yolande, la pauvre Yolande, sentit en plus de sa patte tordue, de ses légères brûlures, du coup dans son flanc, de sa douleur aux oreilles, un violent mal de crâne l'atteindre et lui brouiller encore plus la vue. Comme si le choc n'était déjà pas assez grand !
- Ne t’en fais pas, tout va bien se passer, résonna encore la voix si calme de l'inconnu. Cette fois, Yolande l'entendit au-delà du bourdonnement de ses oreilles; ou plutôt, en dessous, comme si la voix venait de sa pensée elle-même... ou de son imagination - de ses espoirs secrets, peut-être.
La petite Marie tenait un seau dans sa gueule. Tendu, elle ne comptait pas desserrer sa mâchoire avant d'arriver prêt des flammes. Mais elle n'eut même pas le temps de s'en approcher.
Les grandes langues rougeâtres qui léchaient et dévoraient le bois et les chairs semblaient se reculer, elles donnaient l'illusion de laisser du répit aux deux chiens coincés à l'intérieur qui bientôt apparurent légèrement. Marie s'arrêta quelque seconde à peine, elle sentait la chaleur lui piquer les yeux alors qu'elle n'était pas encore tout prêt. Ou était-ce la fumée ? Elle ne le savait.
Mais heureusement qu'elle ne fut pas si proche, car quelque seconde après que la grande silhouette ait prit la parole, un bruit sourd se fit entendre. Marie n'eut rien le temps de concevoir, elle resta bloquée sur place, tétanisée, alors que le petit magasin se rompit brutalement, projetant des flammes en tous sens dans une déflagration rouge, les silhouette noires disparurent dans un souffle mortel. La crépitation était semblable aux oreilles de Marie de celle qui faisait un poulet sur la broche et cela lui souleva le cœur. Mais il lui était impossible de relâcher ses mâchoires, elle était conçu ainsi.
Elle sentit la chaleur lui brûler le visage, mais la fournaise ne lui envoya que quelque débris qui lui écorchèrent superficiellement le museau. Elle était assez loin.
Elle entendit des cris de supplices autours d'elle et cela lui fit vriller les tympans. Un chien la bouscula en couinant, fuyant l'incendie. Solide sur ses appuis, elle ne chuta pas, cela ne la sortie même pas de sa contemplation sordide. Car étrangement, à cet instant précis, elle se rendit compte qu'il ne lui avait jamais rien été donné de voir de plus beau que ces flammes gigantesques qui s'élevaient vers le ciel en fumée noire.
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Alexandre avait accompagné dame de Longroy jusqu'à un regroupement de bourgeoises organisées par celle-ci dans le but de soigné les éventuels blessés. Mais Il se sentait terriblement inutile, étant donné que ses connaissances n'étaient pas celles de l'art de soigner, mais celle de tuer. Aussi, il resta penaud un instant avant de voir une jeune louve galopé, la roba tailladée vers eux.
Elle parla à Yolande rapidement avant de repartir en courant et Alexandre la regarda. Elle alla jusqu'à la porte bloquée par des poutres abattues par les flammes.
Le rouquin grimaça, aussi proche des flammes, c'était dangereux et il en connaissait les ravages. Aussi, son instinct prit un instant le dessus et il galopa vers elle, alors que peu à peu l'incendie reculait.
Il entraperçu alors des silhouettes dans le brasier, mais il n'y fit pas plus attention que cela. Ce qui comptait, c'était d'éloigner la bibliothécaire de cet endroit dangereux. Sa vie était trop précieuse pour être sacrifiée ainsi, et puis, la garde avait été formelle : Ne jouez pas aux héros.
Il entendit seulement un craquement étrange, mais n'y fit pas plus attention que cela. Il aurait peut-être dû, car alors qu'il arrivait au niveau de la jeune chienne, il vit les flammes avancer si vite qu'il n'eut même pas le temps de réellement le constater. Ses yeux s'écarquillèrent alors qu'il tourna le museau dans l'idée de faire demi tour. Mais il était trop tard.
Le souffle le balaya comme une poupée de chiffon. Il sentit ses pattes se décoller du sol et la douleurs lui broyer les os. Des débris enflammés heurtèrent sa fourrure alors qu'il atterrissait contre le pavé.
Il lui sembla que son crâne se brisa alors que son flanc dérapa. Il roula et ne s'arrêta qu'en heurtant un chien, ou autre chose, il n'eut sut le dire car il ne parvint pas vraiment à rouvrir les yeux.
Il n'y avait que le noir et une horrible douleur. Mais costaud comme il l'était et assez peu consciencieux de lui même, il tenta de se redresser. Ses pattes n’obéirent pas, le choc avait été trop fort pour ses muscles. Il sentit alors une drôle d'odeur et la chaleur le piqua, puis lui brûla l'épaule. Il parvînt à entrouvrir les yeux et, grognant leva le museau pour observé l'objet de ses souffrances.
C'est avec effroi qu'il le vit. Il se dandinait, il dansait sur lui tout en dévorant sa chair. Le feu. Il progressait vite. La peur l'envahit, tordit ses entrailles presque autant que la douleur alors qu'il écarquilla les yeux en poussant un hurlement d'agonisant. Il ne pensa plus une seul seconde à autre chose qu'à lui et tenta de fuir loin de cette flamme qui grimpait sur son cou. Il força sur ses membres, se dressa, puis tomba en avant. Il se débattu, lutta en hurlant toujours plus puis, à bout de force, il ne fit que battre des pattes dans le vide, étalé sur le pavé.
[ Marie reste sur place, elle n'est pas allé assez proche des flammes pour subir de vrai conséquences. Alexandre en revanche a été soufflé par l'explosion, son épaule et son cou commence à brûler et le choc a été si fort qu'il n'arrive pas à se lever. ]
Le peuple de Paris avait fait un choix judicieux; En effet en choisissant de sauver la boutique de la famille Eastwood ils avaient visé juste car les cris venaient d'ici. Au fur et à mesure que tout le monde s'empressait d'apporter de l'eau pour calmer les flammes, ces dernières semblaient battre en retraite et laissaient bientôt entre apercevoir deux silhouettes dans la boutique; L'une d'elle était grande et élancée, certains auraient pu y reconnaitre Milet de Longroy, tandis que l'autre était imposante et restait droite comme s'il s'agissait d'une statue.
- Nous somme là. La voix était calme malgré la déferlante de flammes qui tourbillonait autour de lui. À ses cotés, la silhouette de Milet s'était éffondrée. Alors qu'une lueur d'espoire était venue parcourir le regard de chacun des habitants qui étaient venu aider, une déflagration vint emporter le reste de la boutique et avait projeté sur plusieurs mètres les individus les plus proches de l'incendit!
Mais et les deux canidés qui se trouvaient dans la boutique? Avaient-ils était soufflés? Il y avait peu de chance qu'ils soient encore en vie!
( HJ - J'attend donc la réponse/réaction de ceux qui veulent participer/s'investir dans l'event. Une par personnage s'il vous plait. La suite arrive tout de suite après à 21h )
Son poil s'était hérissé au cri de Bon-Coffre, puis en voyant l'épaisse fumée noire au-dessus du quartier commerçant. Le monde autour d'eux avait alors sombré dans la folie, et son regard avait détaillé sans réellement les voir les gens qui se dirigeaient vers l'apothicairerie et la galerie d'art. Ils allaient avoir besoin d'aide, elle songea, et tout son corps se tendit pour traverser la foule en direction de ces derniers.
Mais elle ne partit pas, et lança un regard hésitant à Théo - ils ne devaient pas se séparer.
Sa voix étrangement calme avait alors retentit, et elle l'avait dévisagé. Mais son frère s'était élancé vers l'incendie, et elle avait dû se frayer un chemin dans sa traînée, malmenée par les mouvements de foule, entre ceux qui fuyaient et ceux qui couraient vers les flammes.
Toute la rue était en feu, et par dessus son crépitement, on entendait des cris horribles... Des cris de brûlés vifs ?
Un frisson la parcourut, sentiment d'horreur détachée d'elle, mais qu'elle sentait comme suinter de ses entrailles, et les paroles qu'échangèrent Blanche et Théobald lui échappèrent.
Elle devait aider.
Elle ne voulait plus jamais rester cachée alors que de tels hurlements retentissaient. Et elle n'était pas grande, elle pouvait se faufiler si besoin était, et ses poils, plus courts, risquaient moins les flammes...
Agrippant un sceau d'eau à son tour, elle suivit Théo et Blanche vers la fournaise qu'était devenue l'apothicairerie.
Melchior venait de quitter la fête quand l'odeur âcre de la fumée l'avait frappée, une odeur acide, cruelle, venimeuse. Il s'était figé, alors que l'annonce de Bon-coffre retentissait comme un glas. Ses yeux s'étaient écarquillés.
"Un incendie ?" avait-il pensé, stupéfait.
Sa première pensée, autre que la surprise, fut la malchance qu'il avait eu à quitter la fête si tôt. Il espérait qu'aucune accusation n'allait le viser pour cela, puis il songea que le feu n'aurait jamais pu se développer aussi fortement si il en avait été responsable. Soulagé par cette pensée, le Beauceron fondit vers certains dévots, restés en retraits, qui observaient la panique naissante avec impuissance.
-Qu'attendez-vous ?! leur lança vivement Melchior, son angoisse l'empêchant de dissimuler la sécheresse de sa voix. Allez mettre en sécurité notre Archidiacre !
Clotaire, de son côté, semblait déjà avoir pris quelques dispositions, puisque l'évêque avisait un mouvement de foule de la part de certains membres du clergé. Mais il connaissait le caractère du barzoï, et il craignait qu'il se mette trop en avant des flammes. Pour sa part, il était hors de question que Melchior risque sa vie auprès de l'aigreur de la fumée, et de la douleur du feu. Il n'était pas un héro. Il n'avait pas l'envie d'aider, mais il savait pertinemment que son inaction serait considérée comme une trahison par certains fidèles.
Avisant les injonctions données par la Garde, Melchior vint s'approcher de quelques évêques, leur ordonnant de se mettre à l'abri - la plupart étant trop âgés pour faire quoique ce soit. Mais Clotaire ayant ordonné aux autres prêtres de prêter leur aide, il organisa quelques groupes de soutien, et d'autres de recherche d'eau, tout en prévoyant avec quelques dévots la mise en place de sa fuite - tout comme celle de l'Archidiacre.
Il était hors de question qu'il s'attarde. Dans quelques minutes, il comptait bien retourner à son logement...Si les flammes n'y étaient pas arrivées avant lui.
L'évêque avait une folle envie de croire que les Bohémiens étaient responsables de cette infamie, mais pour une fois, sa raison lui chuchotait que cela ne tournait pas autour d'eux.
Le Feu !
Celui qui l'avait brisée...
Celui qui l'avait détruite...
Voici que le cauchemar recommençait !
Mais il fallait réagir. Ne pas paniquer, garder la tête froide. Dans des coups de crocs, Sibylline déchira sa robe, bien peu pratique. Elle inspira, et tâcha de se frayer un chemin jusqu'à l'Apothicairerie... Elle avait emporté ses tissus, avait reposé une jarre ancienne reposant, vite, chercha un point d'eau. Elle aperçut alors sa connaissance d'un jour, une précieuse connaissance, la Dame de Longroy. Vivement, elle se dirigea vers elle. Prenez ça, et mettez le autour du museau, couvrez le bien ! La fumée peut être toxique, hors de question de perdre qui que ce soit ! Je vais vous aider ! Se couvrant alors le visage d'un tissu, elle se rua vers une des entrées encombrées. Les cris et la peur sonnaient à ses oreilles, alors qu'elle tâcha, à l'aide de son épaule, de pousser une lourde pièce de bois bloquant le passage. Tout cela n'était pas un accident, non ! Elle craignit pour sa librairie, mais bien plus pour ces pauvres gens dans les flammes. Elle poussa de plus belle, la pièce bougea seulement d'un iota. Seigneur Dieu, que s'est-il donc passé pour laisser arriver un tel désastre !?
Yolande restait là, apeurée et souffrante, jusqu'à ce qu'elle se sente happée vers le haut avec force. Elle leva des yeux perdus sur son allié, un grand chien gris, qui se mit aussitôt à la soutenir avant de l'enjoindre à se mettre à l'abri. Il était vrai que la bousculade pouvait faire autant de victimes que l'incendie en lui-même... Écrasés, piétinés, étouffés - une foule en panique était souvent meurtrière. Par chance, la Garde et l'Archidiacre semblèrent calmer les ardeurs et diriger l'effort populaire vers un des deux points centraux de la catastrophe : l'apothicairerie. Ainsi, c'était décidé.
Un deuxième chien vint l'aider, et quelle ne fut pas sa surprise de reconnaître le roux maroufle qui, un soir, l'avait impoliment accostée dans une ruelle. Mais, aujourd'hui, ils semblaient alliés. Soit. Yolande, malgré son crâne qui la faisait souffrir et une patte qu'elle avait sans doute tordu dans sa chute, reprit ses esprits et retrouva un peu de son calme habituel. Assez, en tout cas, pour donner des ordres fermes et indiscutables :
- Nous devons aider. L'apothicairerie... allons-y !
Elle embarqua ainsi les deux mâles à sa suite et partit vers la boutique, ne pensant même pas à son salon de beauté qui, placé dans le même quartier, était sans doute également menacé. Les gens piégés dans les flammes étaient tellement plus importants... Alors, tandis que ses acolytes s'armaient de seaux d'eau pour sauver le commerce des Eastwood, Yolande rejoignit un groupe de bourgeoises qui avait réuni des linges trempés pour en couvrir les victimes et soulager leurs brûlures. S'ils avaient fait le bon choix, et s'il y avait des gens à sauver à l'intérieur du bâtiment, la dame de Longroy serait là pour prodiguer les premiers soins.
[Geoffroy et Alexandre vont aider chez l'apothicaire. Yolande suit le conseil de Clotaire et peut donner les premiers secours aux blessés, si nous sortons qui que ce soit des flammes.]
Hurlements. Odeur de brûlé. Une scène d'enfer se déroulait sous ses yeux. Après le message de bon coffre, une cohue s'était créée, formée par les gens affolés coulant à tout prix s'éloigner du danger. Les bousculades avait séparé Francesco de Gino. Il était effarant de voir à quel point les évènements s'étaient enchaînés. C'était la même émotion qui envahissait le Pastore à cet instant. Du haut de sa taille plus grande que la moyenne, il chercha sa famille du regard, il vit Beata montait dans un carosse, parfait, son demi frère, un peu plus loin et les autres étaient hors de son champ de vision. Des cris horribles se firent entendre, venant des flammes. Des... Des gens brulent ? Cette pensée le glaçage d'effroi.
La Garde, représentée par une petite chienne, fit son intervention. Francesco se précipita donc sur les seaux pour en prendre qu'il alla remplir. Direction l'apothicairerie. Il courrait, luttant contre son instinct qui lui dictait de s'enfuir. Il allait aussi rapidement qu'il pouvait pour pouvoir éviter de renverser l'eau précieuse qui se trouvait dans le récipient. Un peu plus loin devant lui se trouvait des membres de l'Inquisition. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard...
Le spectacle des flammes léchant les toits des maisons et du peuple en proie à la panique avait quelque chose de fascinant autant que pétrifiant. Interdit, désemparé, Clotaire ne savait à quel saint se vouer pour les garder du mal qui frappait Paris... Heureusement, un semblant d'organisation se mit en place grâce à l'intervention de la Garde - en la personne d'une petite demoiselle, certes, mais cela avait produit son effet - et par la même occasion, l'Archidiacre retrouva quelque peu ses esprits. Regardant de parts et d'autres de l'estrade, il trouva ses subalternes - évêques, curés, novices - aussi figés que lui, et les invectiva rudement pour les sortir de leur léthargie.
- Eh bien, vous avez entendu la Garde, qu'attendez-vous pour prêter patte forte ?? Des seaux, des jarres, de l'eau, vite !! Nous devons arrêter le feu à l'apothicairerie !
Quoi que le nous soit plutôt relatif, empêtré dans ses robes, le barzoï aurait bien du mal à être efficace, et sa position lui interdisait en quelque sorte d'intervenir face au danger de l'incendie - ce qui l'arrangeait quelque peu au passage... Le courage et la force physique n'étaient pas ses plus grandes qualités.
- Que ceux qui ne peuvent pas porter d'eau viennent en aide aux gens, les blessés et ceux qui courent en tous sens !!
Il fallut un moment à Eusebio pour réagir, alors que les badauds autour de lui le heurtaient de toutes parts dans leur tentative de fuite. Comme dans un rêve, la tête prise dans un étau, il jeta un regard absent vers Lacri, qui l'appelait à cors et à cris, mais refit rapidement face aux flammes. Pas question de rester les pattes croisées. Avisant un récipient, il se dirigea vers celui-ci, l'attrapant avec facilité, comme si le seau avait glissé dans sa direction pour répondre à son besoin impérieux ; à grandes foulées, il suivit la file qui se dirigeait vers la boutique de l'apothicaire, mais ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur en pensant à la galerie de Maître Gino. Tous ces beaux tableaux... Quel immense gâchis.
Eh bien, la fête avait été de courte durée, finalement. Malorsie jetait des coups d’œil en biais à droite et à gauche, toisant tous ces crétins qui s'agitaient comme des cochons avant l'abattoir, elle-même ne faisant pas mine de bouger pour le moment. L'apothicairerie et la galerie d'art ? Pas de grosses pertes à son avis, au contraire, c'était plutôt un délicieux châtiment divin qui s'abattait sur leurs propriétaires impies...
Mais la colley finit par se mettre en mouvement à la suite de son essaim, après les vociférations de l'Archidiacre - les ordres ne s'adressaient pas vraiment à eux, mais a priori il aurait été étrange qu'ils ne participent pas à cette mascarade... Mâchoires serrées sur l'anse de son seau, l'ingrate était fort contrariée. Tout ça pour ce qui devait être une broutille, une bougie mal éteinte ou quelque chose du style... A moins que ce ne soit l’œuvre de ces vauriens de marginaux... En ce cas, elle se ferait un plaisir de traquer les coupables une fois le remue-ménage terminé. Poussant sans ménagement les gens sur son passage - Place à l'Inquisition !! - la demoiselle courait avec ses frères d'armes vers l'apothicairerie, se préparant à arroser le tout de son récipient. Si seulement ces cris stridents pouvaient stopper, elle en avait mal aux oreilles...
Marie, sentant que les regards étaient pour la plupart en suspend, paniqua quelques secondes. Conan n'arrivait pas et tous semblait vouloir partir de leurs côté, elle ne savait ce qu'elle devait faire.
Elle secoua la tête, sentant l'angoisse l'envahir et rouvrit la gueule. Le choix n'était pas simple, mais elle fit au plus logique :
" ... OCCUPONS NOUS DE L'APOTHICAIRERIE EN PREMIER ! Aboya-t-elle, QUE DES CHIENS S'OCCUPENT DE RAMENEZ DE L'EAU ET D'AUTRE DE LA JETER SUR LES FLAMMES !!... PERSONNE N'ENTRE DANS LE BRASIER, NE JOUEZ PAS AUX HÉROS, LA GARDE S'OCCUPE DE TOUuuu- " Elle sentit simplement sa voix dérailler dans sa gorge et couina de douleurs. La fumée venait de lui montée aux narines. Elle descendit enfin de son perchoir, sachant pertinemment que tous ne l'écouterait pas forcement.
« Mais qu’est-ce que-- »
« A L'AIDE!!! TOUT LE MONDE, DÉPÉCHEZ VOUS!! LE FEU! TOUT LE QUARTIER COMMERÇANT EST EN FEU!!! L'APOTHICAIRE ET LA GALERIE D'ART, LE FEU SEMBLE ÊTRE PARTI D'ICI!!! »
Le cri de Bon-Coffre la saisit d’un effroi terrible, tandis que ses yeux s’étaient déjà levés vers l’épaisse fumée noire qui montait dans le ciel.
… la galerie d’art. La galerie d’art !!
« Par les Forces de la Terre ! » Souffla la Bohémienne, sous le choc.
Et des hurlements s’élevèrent des bâtiments en flammes…
… des hurlements semblables à ceux des siens, brûlés pour sorcellerie.
Le peuple de Paris ne tarda pas à se réveiller, bougeant dans tous les sens, se bousculant de tous les côtés. Ceux qui avaient les moyens fichaient le camp, à raison sans doute.
« Du. Blanche. Ne vous éloignez pas de moi. »
La voix de son frère sortit Blanche de sa torpeur. Elle secoua la tête, lui indiquant qu’elle ne le quitterait pas d’une semelle. Theobald avait raison : ils devaient rester ensemble, tous les trois, pour veiller les uns sur les autres.
Ils se frayèrent alors tous trois dans la foule qui freinait leur avancer, courant, se bousculant à contre sens. Mais la taille de Theo était un atout, si bien qu’ils ne tardèrent pas à accéder sur les lieux de l’incident, alors que la garde tentait de contenir la foule. Et à mesure qu’elle approchait, la fumée lui piquait les narines et la gorge, si bien qu’elle se sentit obligée de rabattre son foulard sur sa truffe.
« PEUPLE DE PARIS ! CALMEZ VOUS ET ÉCOUTEZ LA GARDE !! E-ÉCOUTEZ !!! IL NOUS FAUT RESTER GROUPÉS !! LA- La panique... LA PANIQUE NE FERA QUE NOUS DESSERVIR !!! »
Mais la voix de la petite Marie ne parût qu’en second plan, aux oreilles de Blanche, derrière les crépitement du feu. Derrière celui des flammes qui dévoraient le bois dans un craquement atroce, lui rappelant l’espace d’un instant celui de la nuque de ses parents qui se brisait sous la potence.
Cette pensée fit courir un frisson le long de sa colonne vertébrale, alors que la lueur des flammes brillait dans ses yeux.
Devant elle, la galerie d’art de Gino ne devenait que cendres, méconnaissable. Et les effluves d’une odeur qu’elle ne connaissait que trop bien - dans ce bâtiment qu’elle avait arpenté maintes fois – passèrent la barrière fine de son foulard pour venir titiller ses narines. Comme un appel, elle voulu s’y précipiter, tenter d’éteindre l’incendie. Sans compter qu’elle ne savait pas où se trouvait Gino, depuis la dernière fois où elle l’avait vu durant la fête.
Et si il était retourné dans sa boutique, l’espace d’un instant...? Son cœur manqua un battement. Elle amorça alors un pas vers la galerie.
Mais, toujours liée au bras de son frère, ce dernier resserra son étreinte pour l’interpeller :
« Je t'en prie, reste. » Lui souffla-t-il, suppliant.
« Mais Theobald, je... »
Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais un regard en face d’elle lui indiqua que le peuple de Paris avait visiblement déjà opté pour sauver la boutique de l’apothicaire. Alors, à contre cœur, elle fit taire son instinct et ses sentiments pour suivre son frère, arrachant son regard désolé à la galerie de Gino qui s’évanouissait, dévorée par les flammes.
Des hurlements. Des piétinements. L'odeur âcre de la cendre. En l'espace d'un instant, la fête avait laissé place à un chaos terrifiant avec en fond de scène, des flammes infernales et des colonnes de fumée noirâtres, monstrueuses. Le pelage hérissé par un frisson d'angoisse, Theobald éleva la voix. Calme. ❝ Du. Blanche. Ne vous éloignez pas de moi. ❞ Ce n'était plus une demande, mais un ordre. Son regard perçant se planta une dernière fois en direction de l'estrade, comme figé, avant de se précipiter vers la direction qu'avait pris la Garde et la foule parisienne- ou ce qui en restait.
Le nom de Marie résonna à ses oreilles, lointain. La voix de Yolande appelant ses filles, parmi tout ses hurlements horrifiants. Celle de la Douce, qui s'égosillait. Et beaucoup d'autres, s'engouffrant, se répercutant dans son crâne, encore et encore au même rythme qu'il jouait des épaules pour se frayer un chemin. Quitte à devenir un bouclier de chair pour celles qui étaient au plus près de lui lorsque des affolés ne prêtaient plus attention à ce qui se trouvait sur leur chemin.
Tout était devenu flou, mais son sang demeurait froid. Même glacial.
Durant sa course, le bohémien avait aperçu Dame Yolande, entouré de deux protecteurs- dont le Conteur, et cette vision le soulagea. Même que pour un court instant. Il n'avait pas une seconde à perdre et en quelques dernières foulées, il fut arrivé au niveau du rassemblement momentanément calmé par la voix de Marie, à laquelle il adressa un maigre sourire. Un instant, ses yeux se posèrent en direction de la Galerie de Gino, se pinçant la lèvre et détourna le regard quand un mouvement similaire chez Blanche attira son attention. ❝ Je t'en prie, reste. ❞ lui avait-il murmuré, presque implorant.
Il ne voulait pas la voir s'éloigner, pour bien des raisons. L'odeur forte qui s'engouffrait dans ses poumons lui était familière ; des plantes. Instinctivement, il s'était tourné vers l'Apothicaire, mais n'était-ce pas là une erreur que de compter que sur son instinct seul ? Qu'importe. Il se dirigea vers la boutique, prêt à aider à n'importe quelle tâche et commençant déjà à porter l'eau vers le flammes.
Alexandre s'était installé dans un coin de la Place, là où personne ne pouvait l'embêter. Il n'avait personne à qui parler et se sentait bien trop peu à sa place pour réellement osé aller embêter les rares personne qu'il connaissait.
C'est lorsqu'il commença à s'assoupir que le petit Bon-Coffre apparu, hurlant :
" A L'AIDE !!! TOUT LE MONDE, DÉPÊCHEZ VOUS!! LE FEU! TOUT LE QUARTIER COMMERÇANT EST EN FEU !!! L'APOTHICAIRE ET LA GALERIE D'ART, LE FEU SEMBLE ÊTRE PARTI D'ICI !!! "
Alexandre, en l'entendant, se dressa sur ses pattes. Il resta contre un mur, voyant les autres s'agiter. La famille de Longroy s'éclipsa, le regard du roux passa de visage en visage.
C'est là qu'il la vit. La femme qu'il avait guidé dans les faubourgs, il reconnu son visage et, la voyant chuter contre le pavé, se hâta d'aller lui porter secours.
Les cris, il les ignora. Il avait été habitué aux exécution et avait souvent participer à celle-ci, la mort des autres le faisait toujours souffrir, mais il pouvait choisir de ne pas s'en soucier.
Cela dit, il vit un grand chien gris voler au secours de la dame bien avant lui. Il eut un moment d'hésitation. Ne valait-il mieux pas s'en aller ?
Il secoua la tête. Le gris avait beau l'aider, ils pourraient toujours avoir besoin de lui et de son gabarit. Alors il les rejoint.
Arrivant à leurs niveau, il lâcha sur un ton qui ne trahissait en rien la légère angoisse que lui inspirait le feu au loin :
" Faudrait pas que vous traîniez par ici les amis ! Il vient soutenir par l'autre épaule la dame. J'peux peut-être vous apportez un peu de mon modeste aide. "
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Marie avait sentit son cœur louper un battement. Tout semblait si confus autours d'elle, l'odeur et les cris étaient insupportables. Elle plaqua ses oreilles contre son crâne et observa un instant son cousin sans savoir ce qu'elle devait faire.
Elle eut envie de vomir, sa sensibilité la rattrapa. Il ne fallait pas qu'ils paniquent, les mouvements de foule étaient parmi les plus destructeur. Il fallait que tous arrive à se calmer mais... Comment ? La petite blanche ne sut que faire et son regard passa sur des millier de visage sombres et informes sans jamais s'y attarder. La terreur, elle pouvait la sentir, presque palpable elle l'ancérait.
Et alors que son esprit cherchait une solution, elle eut une épiphanie. Son regard se posa sur la statue que son cousin lui avait montrer quelque minutes plus tôt.
" Viens, suis moi Conan ! " Avait-elle glisser avant de s'élancer à travers la foule en panique sans une once d'hésitation. Ses petites pattes ne la rendait pas très rapide, mais elle usa de sa carrure musclée pour se frayer un passage. Elle cogna et fut cogner, mais parvint tout de même à son but.
Elle grimpa sur le socle de la statue, celui-ci surplombait assez la foule pour qu'elle puisse être vu.
" PEUPLE DE PARIS ! CALMEZ VOUS ET ÉCOUTEZ LA GARDE !! "
Avait-elle hurler alors que le stress avait effacer la peur. Elle attendait que Conan vienne à son secours, trop tendu pour faire un discours plus élaboré que celui qui suivit :
" E-ÉCOUTEZ !!! IL NOUS FAUT RESTER GROUPER !! LA- La panique... LA PANIQUE NE FERA QUE NOUS DESSERVIR !!! " Elle ne sut pas si elle fut entendu, mais elle fut foudroyée de honte et de gêne, tant et si bien qu'elle baissa le museau. Pitié Conan, dépêche toi...
Rowena avait été sous le choc en entendant les paroles du crieur et en apercevant l'épaisse fumée noire s'élever vers le ciel. Son cœur avait raté un battement lorsqu'elle a appris que l'incendie qui venait de gâcher la fête de l'Ascension soigneusement préparée par l'Archidiacre avait commencé dans sa boutique ou bien la galerie d'art, qui se trouvaient toutes deux dans le quartier commerçant.
Tous se ruaient dans cette direction dans l'objectif de constater les dégâts et d'essayer de stopper ce feu dévorant. Mais alors qu'ils s'approchaient, des éclats de verre qui se brisent et d'horribles cris de souffrance provenant de l'une des deux boutiques glacèrent le sang de la jeune apothicaire. L'odeur suffocante de la fumée se retrouvait mêlée à celle, reconnaissable, de la térébenthine. La panique prenait peu à peu possession de Rowena qui tentait toutefois de garder un minimum de calme et de contrôle sur ses émotions. Voir la boutique qu'avait tenu sa mère et qu'elle même tâchait de rendre digne de confiance partir en cendre lui serra la gorge. Imaginer des parisiens brûler dans l'apothicaire ou la galerie l'horrifiait. Sans perdre de temps, elle rejoint les autres et prit elle aussi un seau entre ses crocs et se dirigeait vers le puits le plus proche, déterminée à sauver la seule chose qu'elle possédait, et les personnes qui s'y trouvaient peut-être.
La foule, l'odeur des flammes, les cris paniqués. Tout cela désorientait la Douce, qui avait résolument donné toute sa confiance à Odette. Cette dernière la guidait, la laissant prendre appui sur son dos: Beata se remettait toute entière à elle. Elle s'écria, soudainement comme possédée:
"Les flammes ! L'apothicairerie ! Tous ces innocents !"
Elle était désorientée.
Des acouphènes résonnaient dans ses oreilles et elle n'entendait que des bribes de l'échange avec Yolande:
"Montez dans notre calèche ! ... ... YSELDE ! ... ... ... escortez Beata et sa compagnie ! ... Je vous confie le manoir."
Elle avait trébuché sur le marche-pied en essayant de monter dans la calèche, puis s'y était hissée. Elle s'était blottie dans un angle et, tremblante, avait attiré Odette contre elle.
"Restez proche de moi je vous en prie."
Essayant de calmer son angoisse en prenant de longues inspirations, la Douce avait fini par ouvrir les yeux et elle avait constaté que Yolande était absente.
"Yolande ? Où est-elle ?"
Mais de la noble dame, pas une trace. Il n'y avait que ses filles, dont les plus jeunes semblaient paniquées. Se penchant un peu hors de la calèche, elle avait scruté la foule. Rien. Pas la moindre trace de sa protectrice. Un mouvement de foule soudaine l'avait révélée, gisant au sol, la tête entre les pattes. Un grand chien gris passait à côté de la calèche et Beata l'avait hélé.
"OHÉ ! Conteur !"
Geoffroy s'était vivement retourné: que faisait autant de nobles dames entassées dans une calèche ?
"Partez ! Rentrez chez vous ! La place n'est pas sûre pour vous !"
Mais la Dame qui l'avait hélé, qui n'était d'ailleurs pas une de Longroy, avait insisté.
"Par pitié ! Dame Yolande est à terre ! Allez l'aider !"
Il avait tourné la tête, l'avait vue. S'était de nouveau tourné vers la Noble.
"Oui, bien entendu je..."
Pas le temps de terminer, le cocher faisait déjà partir à toute allure les chevaux qui piaffaient. Prenant une grande inspiration, Geoffroy avait plongé dans la foule, poussant à grand coups d'épaule les parisiens jusqu'à ce qu'il soit à hauteur de Yolande de Longroy. Elle semblait tétanisée. Sans le moindre ménagement, il avait attrapé le col de son bel habit entre ses dents et l'avait vivement relevée, avant dans la soutenir pour la guider ailleurs.
"Si vous me le permettez ma chère Dame de Longroy, fuyons avant que vous ne vous fassiez écraser ! Votre calèche est partie, je dois vous mettre à l'abris."
La Dame dans le véhicule avait une telle lueur au fond des yeux... Il ne pouvait laisser Dame Yolande se faire piétiner. Néanmoins, il était partagé. Ces cris au fond du quartier marchand lui intimaient de venir. Il fallait aider !
Les dames avaient trouvé un banc libre et, après s'y être installées, Beata sembla se redresser malgré sa douleur. Elle semblait malade, peut-être même fiévreuse - mais au lieu de s'inquiéter pour elle-même, elle continua à craindre pour les de Longroy :
- Dame Yolande, excusez mon insistance, mais je m'inquiète réellement pour votre époux...
Yolande ne savait que dire. Elle s'inquiétait aussi de ne pas savoir où il était passé - de tels secrets ne lui ressemblaient pas -, mais la Douce semblait ressentir un sentiment plus fort, comme une réelle peur... Devant sa détresse, Yolande ne sut que dire, et son regard se perdit dans la foule, où elle croisa les yeux dorés du Bohémien. Elle retint son souffle par réflexe, reconnaissant le fils de Krismund - si elle ne lui avait jamais vraiment parlé, elle connaissait son père, et ne les considérait nullement comme des moins-que-rien.
Mais elle n'eut pas le temps. Pas le temps de répondre à Beata ni d'aller voir Theobald. Les hurlements du crieur public couvrit le brouhaha de la foule, changeant tout en une fraction de seconde. Derrière lui, la fumée qui confirmait ses dires.
L'archidiacre réagit aussitôt en apostrophant les militaires tandis que la migraine de Beata semblait redoubler d'intensité. Le cœur de Yolande se mit à battre à tout rompre devant la panique générale, et elle se dressa d'un bond pour chercher ses filles qui, à cause du soudain mouvement de foule, s'étaient retrouvées éloignées d'elle.
Elle les aperçut enfin, au moment même où la servante de Beata empoignait celle-ci pour l'évacuer de force. L'esprit vif de Yolande calcula les probabilités en un clin d’œil, et elle se tourna vers la brave chienne pour lui expliquer rapidement :
- Montez dans notre calèche ! Allez avec mes filles, la calèche vous emmènera à mon manoir, vous serez en sécurité et on vous donnera de quoi soulager Beata, fit-elle en montrant à Odette le véhicule dans lequel la famille de Longroy était arrivée, et dont les chevaux attelés commençaient à s'impatienter sérieusement. Il fallait partir ! AÉNOR ! YSELDE ! DÉSIRÉE ! MÉLISANDRE ! hurla Yolande vers ses précieuses filles. Les aînées l'entendirent et saisirent les plus jeunes sans ménagement pour les tirer à contre-courant de la foule, vers leur mère. Montez dans la calèche, escortez Beata et sa compagnie ! Puis, elle fit d'un ton plus bas, les yeux emplis de peur : Aénor, Yselde, protégez vos sœurs. Je vous confie le manoir. Ainsi, elles ne pourraient pas protester. La situation était bien trop grave et sérieuse pour jouer les héroïnes.
Les quatre filles partirent donc vers la calèche et son cocher, s'attendant à ce qu'Odette et Beata les suivent. Yolande, son devoir maternel accompli, se retourna en direction du quartier commerçant, prit une profonde inspiration et s'élança. La calèche ne pouvait contenir que six personnes - Odette et Beata allaient prendre sa place et celle de Milet; ils devraient donc trouver un autre moyen de rentrer. Ce n'était pas la première fois qu'un incendie se déclarait - mais d'habitude, le post de guet était beaucoup plus efficace. Heureusement, Yolande vit de jeunes et braves gaillards tout autour d'elle, déjà armés de seaux d'eau ou se ruant vers le puits le plus proche.
Et c'est là qu'elle les entendit. Les cris. Les cris déchirants de chiens qui hurlaient. Là-bas, vers les commerces, et tout autour d'elle, et même en elle. Elle trébucha dans sa course, la vue soudain brouillée par le choc et une douleur perçante lui tombant sur le crâne. Meurtrie contre les pavés, ses beaux habits souillés par la poussière et la suie, elle se prit la tête entre les pattes. Des gens hurlaient. Là, tout près, des gens risquaient de perdre la vie. Le choc était trop pour elle, comme pour bon nombre de spectateurs - il fallait absolument que la Garde réagisse ! Qu'elle canalise et aide la populace impuissante !
Il y avait l'odeur, le bruit des flammes, et surtout, les cris. Il n'y avait rien de pire que les cris qui résonnaient dans sa tête. Et par-dessus les lamentations, un hurlement, plus fort que les autres, qui les couvraient tous. Et Yolande sentit des larmes couler de ses yeux alors qu'elle reconnaissait en son esprit ce cri de douleur si distinct. Était-ce la peur ? Le choc qui la tourmentait ? Elle ne savait pas, mais elle l'entendait quand même - pas par ses oreilles, mais en son cœur. Milet.
Bon-coffre surgit d'une ruelle en hurlant à plein poumons la raison pour laquelle une affreuse odeur de souffre s'embarrait de la place. Odette, dont l'état de santé de sa maîtresse ne faisait qu'empirer, se retourna vers le chien qui appelait à l'aide et examina la scène d'un air tendu. Ses oreilles en avant, la mine sérieuse, la petite servante retrouvait soudain de vieux réflexe campagnard qu'elle c'était efforcer d'oublier pour faire bonne figure chez les Pastore. Cependant, il y avait danger.
Son coeur se serra soudain quand, des cris surgirent des flammes, mais pire encore quand la douce voix de Beata se fit de plus en plus grinçante. Odette se mordit les lèvres et fit son choix. Elle fit volte-face vers sa dame, saissit ses pattes et la questionna à nouveau.
- Maîtresse, est-ce que tout va bien ?
Visiblement non. Beata était déjà souffrante, mais cette migraine qui la prenait au tempe lui faisait plisser le front, fermer les yeux et grimacer sur fort que sa douleur pris sa servante à la gorge. Elle ne pouvait l'accepte. La collie se redresser, passa ses pattes sous les aisselles et se maîtresse et la tira vers elle.
- Dame Beata, il faut y aller maintenant. Appuyer vous sur moi.
La suivante leva les yeux vers Dame Yolande de Longroy sont la beauté l'avait éblouie quelques instants plus tôt.
- Dame Beata est trop souffrante et l'incendie ne peut en aucun cas lui faire du bien grande dame, je vais l'emmener en lieu sûr.
La cathédrale s'écroulerai que Odette serait encore aux services et aux soins de Beata. Sa détermination était sans faille !