En cette soirée de lune, la cour principale baignait dans un silence presque solennel. Les candélabres rendaient l'architecture et les autres figures austères de l'endroit effrayante, tels des démons prêt à se saisir de n'importe quel âme innocente. Seulement la Générale, impérieuse, trônait telle une statue gardienne, livre sacrée en pattes et aucuns maux, aucun ne viendrait effriter la fierté qui gonflait sa poitrine.
"Jeune fille. "
Bellevale invita la fille d'étable à s'avancer vers elle. Ses collègues gardes, garçons d'écuries, patrouilleurs, capitaines étaient là pour assister à l'envol de Marie, de sa condition de simple recrue, elle allait maintenant devenir gardienne de l'Ordre. Une véritable halle d'honneur. Les soldats en deux lignes rangées laissèrent au centre la chienne minuscule gravir les marches jusqu'à son succès.
" J'ai ouïe de ton courage tandis que Paris était proie des flammes. " De la patte, elle referma brusquement le livre. L'ombre d'un capitaine sortit de la pénombre, un casque en fer dans la gueule, une magnifique plume rouge décorant le dessus. Il était parfaitement sculpté pour sa petite taille.
" C'est pourquoi en ma qualité de Générale, je vous nomme vous : Marie Deschênes, patrouilleuse officielle de la grande cité de Paris. Que votre cœur soit grand pour y recueillir les plaintes, que votre corps soit fort pour surmonter les obstacles et enfin, que votre épée soit prête à pourfendre les démons de l'Injustice ! "
Tous hurlèrent, Leurs voix s'élevant vers le ciel.
La cérémonie qui s'apprêtait à se dérouler en cette douce nuit d'été était très importante pour la garde, pour Bellevalle, pour les Deschênes, et pour Emma, bien évidemment.
Sa demi-soeur, Marie s'apprêtait à se faire nommer patrouilleuse officielle de la garde. C'était un grand honneur pour elle, notamment que Marie l'avait bien méritée. Jeune chienne vaillante, elle avait courageusement agit durant l'incendie de Paris.
Baigné dans la lumière bleutée de l'astre, la cour de la Caserne était silencieuse et solennelle. La petite chienne gravit les marches, non sans émotion, et la Générale la nomma Patrouilleuse.
Emma gonfla sa poitrine de fierté, elle était si contente pour Marie ! Elle savait que la jeune chienne attendait ce moment depuis si longtemps.
Elle ne put s'empêcher de sourire et de bouger frénétiquement la queue, émue pâr cette cérémonie.
" C'est pourquoi en ma qualité de Générale, je vous nomme vous : Marie Deschênes, patrouilleuse officielle de la grande cité de Paris. Que votre cœur soit grand pour y recueillir les plaintes, que votre corps soit fort pour surmonter les obstacles et enfin, que votre épée soit prête à pourfendre les démons de l'Injustice ! "
A ces mots, la garde entière commença à s'échauffer, et bientôt, des aboiements et des hurlements fusèrent de partout. En quelques secondes, le silence fit place au désordre -qui ne dura qu'une fraction de seconde-, puis, le désordre fit place à l'harmonie. Tout les chiens renversèrent leur tête vers l'arrière et hurlèrent. Emma, elle aussi, hurlait à s'en déchirait la gorge. Elle était si heureuse à ce moment précis. Elle n'était plus la patrouilleuse maladroite, mais elle était seulement un individu de la arde, et plus important, une Deschênes. Et aujourd'hui était un jour de fête pour les Deschênes : Marie était patrouilleusse dorénavent. Et elle était fière de sa soeur.
Marie ne tenait plus. Elle avait attendu ce moment depuis tant de temps ! L'excitation dans son petit corps était à son paroxysme et elle faisait tous les efforts du monde pour ne pas se mettre à couiner d'impatience.
Elle s'efforça de ne pas sourire, d'avoir l'air digne face à Dame Bellevale. Elle voulait être à la hauteur de la fierté que la Grande Ourse avait pour elle. Aussi, lorsqu'elle dut gravir les marches, elle le fit avec lenteur, mais pas une lenteur de vieux chien, chacun de ses pas s'ancraient au sol avec force, témoignant du poids et de la force de ses membres courts. Elle s'arrêta devant Dame Bellevale, l'observant avec une digne détermination qui masquait toute sa joie.
Le livre se referma dans un claquement qui manqua de faire sursauté Marie. On apporta un petit heaume taillé pour son crâne, elle l'observa du coin de l’œil, n'osant l'admirer de peur qu'on lui retire.
" C'est pourquoi en ma qualité de Générale, je vous nomme vous : Marie Deschênes, patrouilleuse officielle de la grande cité de Paris. Que votre cœur soit grand pour y recueillir les plaintes, que votre corps soit fort pour surmonter les obstacles et enfin, que votre épée soit prête à pourfendre les démons de l'Injustice ! " Les voix de ses futurs camarades s'élevèrent dans le ciel, un hurlement puissant où toutes les voix n'en faisaient qu'une. Marie tourna le regard vers ses cousins, souriante, elle n'avait put cacher son émerveillement.
Elle leva le museau et aboya avant de hurler à son tour, sa voix était si aigüe par rapport à celle des autres chiens... Mais elle s'en fichait, elle avait la sensation de faire enfin partie d'un tout. Elle était tout et rien à la fois. Elle était membre de la Garde, membre de sa famille.
Paris était baigné d’une douce lumière lunaire lorsque Edwin rejoint les autres membres de la Garde dans la cour principale. Cette nuit était loin d’être ordinaire, car, à cette heure où la ville était en sommeil, on allait célébrer la promotion d’un membre de l’ordre. Le capitaine n’aurait manqué ce moment unique pour rien au monde, d’autant plus qu’il s’agissait aujourd’hui d’un membre de sa famille.
Il ne faisait aucun doute que Marie méritait cette promotion. La jeune chienne était pleine de ressources et l’avait largement démontré lors de l’incendie qui avait répandu la panique dans tout Paris.
Son sérieux, sa logique, son calme et son sens de la justice seront des atouts précieux pour les années qui suivraient. Silencieux comme une ombre et immobile entre les autres membres de la Garde en rang, Edwin observait Bellevale, majestueuse et puissante, s’apprêtant à commencer la cérémonie. Son regard empli de respect se porta également sur Marie, tandis que la générale de la Garde débuta son discours. Il devinait la fierté de la Grande Ourse lorsque la jeune Deschêne s'avança vers elle en gravissant les escaliers. Tous restèrent solennellement silencieux jusqu'à ce qu'un Capitaine apporte son heaume à Marie, et que Bellevale prononce les paroles qui feraient d'elle une véritable gardienne de l'Ordre. C'est alors qu'ils joignirent leurs voix de concert, en un seul hurlement qui traversa les cieux.