Aénor menait les chevaux avec la chambrière qu'elle tenait dans sa gueule. Elle avait attelé les deux équidés et se rendait maintenant avec eux sur le port afin de les atteler à des chars à bois sur lesquels reposeraient 2 troncs. La petite Angélique de Saintance avait ramené du bois du Portugal de l'un de ses précédents voyages et avait accepté dans donner une partie pour la reconstruction des commerces. Aénor avait même entendu qu'elle avait aidé à déblayer les rues. Une brave demoiselle.
La voilà qui remontait maintenant Paris menant ses deux chevaux harnachés. Il était un peu compliqué pour elle de gérer les deux animaux mais elle y arrivait tant bien que mal. Heureusement que les bêtes la connaissait bien sinon cela aurait été une catastrophe.
- Allez mes beaux ce n'est plus très loin. Il faudra refaire encore un ou deux allés/retours puis ce sera fini pour vous aujourd'hui !
Les trois animaux trottinaient ainsi dans la ville, un drôle de cortège que les gens observaient avec incrédulité. Une grande dame qui travaillait de ses pattes pour aider à la reconstruction... En voilà une drôle d'histoire... Mais son aide précieuse serait grandement appréciée, elle le savait.
En arrivant sur les lieux, elle s'aperçut que les troncs étaient posés à même le sol. Elle se demandait bien comment elle allait pouvoir les mettre sur les chars... Regardant de pars et autres, elle se décida d'appeler à l'aide...
- Bonjour, y aurait-il de bonnes âmes parmi vous pour venir m'aider à mettre ses troncs sur les chars ? Ils vont servir à reconstruire le quartier des commerces !
Clotaire arpentait les rues pleines d'animation, heureux de voir que les foules s'activaient et travaillaient patte dans la patte pour reconstruire Paris. Si certains regards jetés dans sa direction transpiraient d'animosité, plus nombreux étaient les visages souriants et les saluts joyeux auxquels il répondait allègrement. Dans une soutane simple au tissu grossier mais chaud, l'Archidiacre surprenait les badauds en se présentant avec une pareille tenue, mais finalement ils semblaient s'y accoutumer lorsque le barzoï aidait à porter telle ou telle charge quand quelqu'un manquait.
Il était nécessaire pour lui de se trouver parmi les gens du peuple, pour conserver ce sentiment de cohésion qui avait commencé à fleurir lors du jour de conscience. Et même s'il était de nature frêle et un poil hypocondriaque, il commençait à prendre goût à ces exercices au grand air, oublieux des courbatures qui le tançaient une fois rentré au presbytère.
En arrivant au port par la rue des commerces, il avisa une silhouette familière qui semblait s'adresser aux gens des alentours. Curieux, Sa Grâce s'approcha et reconnut Aénor de Longroy, rencontrée il y a peu chez elle, tandis qu'il visitait leur manoir pour prendre des nouvelles de la famille. Un placide sourire aux babines, le grand chien s'avança auprès d'elle, avisant les troncs, puis eut un petit rire d'excuse.
- Bonjour, mon enfant ! J'espère qu'un autre volontaire se joindra à nous, la force de mes pattes est loin de rivaliser avec celle de ma foi...
Arborant toujours son calme sourire, il fit le tour des troncs, jetant des coups d’œil dans la foule pour voir si un Hercule ne pourrait pas sortir du lot et leur venir en aide.