L’eau suintaient des charpentes usées alimentant les flaques noires qui barraient le passage du grand Hugues. Le grand chien sombre baissa les yeux sur les filons d’eau sale qui serpentait entre les dalles, puis poussa un long soupir. Il n’était pas rentré depuis plus d’une semaine qu’il avait appris beaucoup trop de chose qui lui brisait le cœur. L’incendie, le prophète et surtout cette racaille de bohémien. Hugues enjamba d’une foulés le sillon d’eau croupie et s’aventura vers les quartiers calcinés admirant d’un œil critique l’avancer des travaux. En temps que héro de guerre, et membre d’une des plus grandes familles de Paris, il avait eu l’opportunité de choisir le poste qu’il désirait occuper dans la ville. Il avait longuement hésité sachant qu’on aurait besoin de bras et de muscles pour reconstruire la ville, mais en même temps voir la vermine foulé sa magnifique ville l’exécrait au point de lui donner des ulcères. Alors, contre toute attente il c’était diriger d’un pas rageur vers les baraquements pour prendre l’uniforme.
Le plastron de cuir qui lui serrait le poitrail faisait saillir ses muscles portait au-devant les armories de sa famille et son épée, son inséparable Caïn, était sangler à sa hanche. Son regard acérer parcouru l’assistance, jugeant d’un air acerbe la plèbe qui s’attelait à rassembler ce qu’il restait de décombre pour assimiler plus aisément les nouvelles poutres et la chaux qui servirait à reconstruire les murs des maisons. Il hocha la tête, satisfait, bien qu’aucun sourire ne vint étirer ses babines puis repris son chemin en zyeutant les quelques ruelles sombres les plus encombrés dans l’espoir d’y apercevoir un deal entre malandrins qu’il pourrait interrompre.
Lambert avait passé l'âge de s'amuser à déchiffrer chaque petite émotion qui circulait sur le museau de ses congénères, surtout quand leur présence l'indifférait hautement. Néanmoins, il était suffisamment expérimenté pour reconnaître lorsque sa présence n'était pas appréciée par son interlocuteur- en général, c'était le genre de regard auquel il était accoutumé. Le patriarche était de ceux que l'on déteste ou que l'on craint. Souvent les deux d'ailleurs.
Il plissa les yeux, agacé par l'impudence de son interlocuteur et ne lui rendit pas son sourire. Ce n'était pas trop son truc, les "sourires".
-Épargnez-moi vos badineries, elles ne m'intéressent pas. Et vous êtes toujours sur mon chemin.
Les deux molosses qui encadraient Lambert grognèrent à nouveau et s'avancèrent légèrement vers Hugues avant que leur seigneur ne leur intime en levant une griffe de s'arrêter. Ses yeux perçant ne brillaient d'aucune lueur autre que la froideur.
Des badauds se regroupaient autour des interlocuteurs, agaçant profondément Lambert qui détestait attirer l'attention de la plèbe. Il était toutefois hors de question qu'il soit obligé de contourner le garde : sa vanité ne le supporterait pas. Mais d'un autre côté, l'assassinat d'un membre populaire de la Garde en plein milieu de la rue ne jouerait pas vraiment en la faveur des moyens que Lambert avait mis en oeuvre pour redorer son blason. Il cilla légèrement et remua ses griffes contre sa dague, tic qui dévoilait sa reflexion et son irritation, puis il ajouta enfin :
-Par égard pour vos services à cette ville et à ce pays, Sieur Deschênes, je me montrerai magnanime, continua-t-il, las. Ne me faites pas plus éprouver ma salive et cheminez avec moi, au lieu de gâcher mon temps.
Ce retournement de situation pouvait sembler inattendue, mais un stratège y verrait une imperceptible diplomatie, bien que la voix sèche et indolente du De Montdargue soit impérieuse et peu prompte à un refus.
Lambert n'aimait pas parler. Néanmoins, Hugues semblait avoir la langue bien pendue, alors autant qu'il l'utilise en marchant et loin des badauds plutôt qu'au milieu de la rue.
De là où il était, Hugues avait remarquer l'entrevue entre le Seigneur de Montdargue, dont il reconnaissait l'aspect malgré les années passé loin de Paris, et l’artisan qui s'en allait la queue entre les jambes hurler sa frustration sur ses pairs pour les hâter à faire quelques chose. Hugues se moquait pas mal de ce qu'il pouvait faire tant que son Paris d'antan était reconstruit. Cependant, en reportant son regard devant lui il eut le droit à un spectacle de crocs l'invitant à se détourner de son chemin. Simple réflexe ou par habitude, le grand molosse baissa légèrement la tête et retroussa les babines pour faire comprendre aux sbires qui entourait le seigneur qu'il n'était pas du genre à se laisser intimidé.
- Sieur Deschênes. Vous êtes sur mon chemin.
Le grand chien tourna ses yeux mordorés vers le patriarche qu'il jugea d'un regard sévère. Il faut dire qu'à l'époque où il s'est engager dans l'armé il était trop turbulent pour s'intéresser à la cour, qui était d'avantage le domaine de ses soeurs, et s'intéresser aux grandes figures. Nul n'ignorait qui était Lambert De Montdargue, mais tout le monde n'était pas au fait de son caractère fier et irascible comme Hugues le découvrait aujourd'hui, d'autant plus qu'il s'attendait à un minimum de reconnaissance de sa part pour les faits d'armes qu'il avait accomplie pour la France. Une veine apparue sur sa tempe alors que le chevalier s’efforçait à sourire à son interlocuteur.
- Seigneur De Montdargue, vous ici ! C'est fou, qui aurait put me faire croire que je croiserait le chef d'une de nos grandes familles parisiennes auprès des ouvriers en rentrant.
Il passa sa grosse patte derrière son oreille et se gratta d'un air faussement gêner.
- C'est dingue, j'aurait mis ma patte à couper d'y trouver vos fils à votre place. C'est qu'ils doivent être bien occuper, non ? - Dit-il en relevant ses prunelles dorés vers Lambert.
-S-...Sire de Montdargue, pardonnez mon outrecuidance mais je crains que votre commande ne puisse être livrée à temps...
Lambert toisa froidement son interlocuteur qui tressaillit. Il ne pouvait pas savoir qu'il s'agissait du regard habituel du Fourvoyeur, mais il pouvait deviner qu'il était préférable de ne pas mécontenter le grand chien.
- Ce bâtiment doit être terminé d'ici lundi, déclara Lambert sans l'once d'un sourire ou de compréhension. J'attends donc des poutres qu'elles soient livrées demain. Il ne me semble pas avoir laisser d'ambiguïté sur un quelconque délai.
L'artisan déglutit, mal à l'aise et angoissé. Il détourna les yeux et chercha ses mots pour ne pas risquer de froisser le noble, mais ce dernier ne lui en laissa pas le temps. Assis avec suffisance devant lui, il tapotait ses griffes contre la dague suspendue à son autre antérieur d'un geste distrait qui trahissait l'irritation dont son museau était dépourvu.
Lambert n'aimait pas les mondanités. Parler avec la plèbe l'agaçait prodigieusement, il déleguait généralement ce rôle à ses inutiles de fils et neveux, mais malheureusement l'affaire qu'il avait en cours avec Maître Galard était pressante et Lambert n'avait pas envie d'en laisser la négociation à un de ses hommes de mains. Le patriarche des De Montdargue savait que sa simple présence suffisait à taire les ardeurs des pires charlatans, et pour le bien de la reconstruction de la ville - dans le but de redorer le blason Montdargue - il n'avait pas de temps à perdre.
-Demain. Et pas un jour de plus.
Les mots secs de Lambert cinglèrent l'air et le pauvre artisan se confondit en excuses tandis que le grand seigneur se détournait sans ajouter un mot. Dans ce mouvement, il manque de rentrer dans un immense membre de la garde. Les gardes du corps de Lambert montrèrent les crocs et le De Montdargue arqua froidement un sourcil en reconnaissant Hugues Deschênes. Ses informateurs lui avaient parlé de ce chien là.
-Sieur Deschênes, déclara-t-il de sa voix indolente. Vous êtes sur mon chemin.