Lorenzaccio avait la boule au ventre. La peur se mêlait à son sentiment d'attachement profond pour Beata. Cette dernière lui avait envoyé un coursier afin qu'il lui remette une missive, l'invitant au Fort des Pastore pour le remercier de sa vaillance lorsqu'il l'avait sauvé quelques nuits plus tôt. Mais il se doutait bien qu'il n'y avait pas que cela. Elle voulait savoir...
Après avoir demandé au Capitaine s'il pouvait avoir son après-midi de libre afin de répondre à son invitation, le Renard retira tout son attirail de garde, ôta presque toutes ses armes pour ne garder qu'un fin poignard. Il se doutait bien qu'il devrait l'enlever pour voir Beata mais le chemin jusque là-bas, il le faisait seul et il pouvait croiser n'importe qui.
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En arrivant devant le fort, la gorge du renard se serra. Il appréhendait sa réaction une fois qu'il lui aurait dit toute la vérité. Il n'en avait jamais parlé à personne. Son geste... avant qu'il l'ait fait, personne n'avait été au courant et une fois fait... il avait fui et caché sa réelle identité de cousin du Duc de Florence. Là-bas, tout le monde savait qu'il était son assassin. Et la France était bien proche de l'Italie pour qu'il s'amuse à crier sur les toits ce qu'il avait commis.
On le fit entrer à l'intérieur. Loren fit semblant d'être ébahi devant la déco splendide du Fort. Après tout, il était censé n'être qu'un simple garde. Il suivit ensuite une servante ou femme de chambre à travers un dédale de longs couloirs ornés de tableaux représentant la famille Pastore. Un château de noble quoi.
Puis on le fit entrer dans un petit boudoir. Là, il reconnut la décoration. Beata avait fait du beau travail. En général, chaque femme de grande famille se voyait attribuer un boudoir, une pièce où elle pouvait recevoir, écrire... Elle lui était réservée.
Là, il attendit sa belle et lorsqu'elle fit son entrée, il en eut le souffle coupé. Elle était splendide. Son toilettage était frais, elle sentait bon, elle avait de l'allure. Rien à voir avec la jeune Beata et encore moins avec la Beata de la ruelle sombre. Aujourd'hui, c'était une vraie dame. Et en tant que telle, il se devait de la saluer dignement. Il lui fit une petite révérence en penchant légèrement la tête :
- Bonjour dame Beata.
Puis il se redressa pour plonger ses yeux dans les siens. Il en fut troublé mais n'en montra rien. Il savait qu'ici elle ne manquerait rien et que la famille prendrait soin d'elle. Et cela le rendait heureux.
" ... J'attendrai ce jour avec impatience. "
[THE END]