La nuit était tombée sur les toits de Paris. Du moins, c'était en cours. Tout semblait calme et mort tandis que le soleil coulait dans une mare de nuage mousseux et rouges.
Il n'y avait d'agitation que chez les ivrognes qui se réveillaient alors que tous s'endormait. C'était le cas d'un chien en particulier. Un mercenaire au poil roux que la plupart des gens connaissait sous le nom du Balafré. Il n'était guère sympathique et tous savait où le trouver à cette heure de la journée : dans une taverne.
Alexandre venait tout juste d'entrer. Le serveur qui le connaissait bien commença directement à lui servir un verre alors que le grand chasseur s'approchait. Il n'accorda de regard à personne alors qu'il vint s'asseoir devant le comptoir en bâillant. Il n'y avait pas grand monde pour le moment, seulement deux trois habitués et l'endroit n'était pas bien éclairé - en plus de puer la vinasse.
" Garde cette force pour la semaine prochaine alors. Père lance la première chasse. " Au départ, Alexandre prit cela comme une simple provocation. Il posa sur lui un regard accusateur et l'observa se retourner.
" J'imagine que si l'alcool ne te l'a pas fais oublier tu y seras. " Et en marchant comme le snobinard qu'il était, son cousin s'éloigna. Alexandre resta longuement surpris, n'était-il pas chassé de la famille, privé de nom et d'honneur ?
Il secoua le museau avant de répondre, tandis que Frambault disparaissait dans la rue :
" J'y serais, préviens mon frère ! Cela risque de lui faire chaud au cœur de me revoir..."
( Ya ! FIN )
L'ivrogne se ventait de ses prises; Il était vrai que Frambault - en tant que Roy de l'Inquisition - avait entendu des bruits courire sur les missions secretes de son cousin. Biensure ce genre de rumeur n'arrivaient pas aux oreilles de tout le monde.
- Garde cette force pour la semaine prochaine alors. Père lance la première chasse. Frambault avait fait volte face et n'avait même pas daigné croiser le regard de son cousin. Essayait-il de se racheter auprès de ce dernier? Ou plutôt aux yeux du Seigneur en accordant son pardon à l'hérétique de la famille. D'un coté, au fond de lui il espèrait qu'il refuse.
- J'imagine que si l'alcool ne te l'a pas fais oublier tu y seras. Affirmait le chasseur en prenant soin d'éviter la crasse qui trainait, s'avançant vers la porte pour laisser le Balafré à son alcool. Quant à son jugement sur si oui ou non Alexandre était lié de près ou de loin dans l'attaque qui avait laissé Frambault inconscient, il le réserverait à plus tard. Les preuves n'étaient pas suffisantes.
( On termine sur ta réponse? )
" La chasse est ouverte tant que le gibier n'a pas poussé son dernier souffle, comme on dit. " Dit le blond vénitien en observant Alexandre. Le rouquin ne répondit rien à cela, se contenta de lever un oeil distrait vers lui. Qu'est ce qu'il faisait encore là, maintenant qu'Alexandre avait répondu ?
" Ces pattes sont incapable de faire quoique ce soit d'autre que d'attraper une bouteille et la porter à ta gueule. Soupira Frambault, Seraient-elles au moins encore capable de te porter pendant une partie de chasse ? " Le roux redressa son museau. Il était vexé, mais pas seulement pour la presque insulte de son cousin. Il l'était car il lui rappelait sournoisement sa condition et le rouquin sentit son cœur se serré. Il fronça le museau dans une expression de colère, mais ne grogna pas.
" Tsk... Lâcha-t-il en faisant mine de sourire, tu me prends pour quoi là ? Je passe mes journées à chasser un gibier plus coriaces que des simples sangliers. "
Il poussa le verre vide de sa patte en plantant son regard dans celui de son cousin.
" Mes pattes restent assez fortes pour t'étrangler, même avec d'l'alcool dans l'sang. "
Biensure, pour un esprit aussi ravagé par l'alcool qu'était celui d'Alexandre la conversation devait être bien sinueuse. Et il avait presque réussi à convaincre Frambault; Il était vrai que bien qu'Alexandre était un de Montdargue deshérité il n'en restait pas moins un de Montdargue de naissance et avait été élevé avec ces principes: Oeil pour oeil, dent pour dent.
- La chasse est ouverte tant que le gibier n'a pas poussé son dernier souffle, comme on dit. Ajoutait Frambault en observant Alexandre récupèrers son verre. Etrangement l'espace d'un instant la condition de son cousin lui avait fait regretter certain gestes et certaines paroles: Mais il avait été un traitre.
- Ces pattes sont incapable de faire quoique ce soit d'autre que d'attraper une bouteille et la porter à ta gueule. Avait-il ensuite ajouté dans un soupire. Seraient-elles au moins encore capable de te porter pendant une partie de chasse? La saison approchait et Alexandre n'était plus vraiment le bienvenue depuis quelques années à cause des deux Inquisiteurs de la famille. La question était à la fois sincère et sarcastique.
" Bien vu, je n'ai effectivement rien à faire dans ce genre de déchetterie et n'imagine pas que comme toi j’apprécie de venir salir mes pattes dans ce genre d'endroit répugnant. Le blond vénitien offrit à son cousin une grimace avant de poursuivre, En parlant de gorge arraché d'ailleurs... " Il leva les yeux au ciel avant d'enfin regarder le rouquin dans les yeux. J'imagine que tu as éventuellement entendu les bruits qui courent ? Tu sais, ma triste rencontre avec un Sanglier ? "
A dire vrai, Alexandre ne l'écoutait que d'une oreille. Son regard avait dérivé vers son verre que le sale mioche gâté devant lui venait de lui retirer. Il sembla dépité et perplexe, puis releva le regard sur son interlocuteur. Un sourire satisfait déforma ses babines, se remémorant le jour où il avait apprit cette attaque. Il s'était amusé à imaginé le fils prodigue de la famille se faire vaincre par un simple sanglier...
" Je me suis dis que tu connaissais éventuellement des "Sangliers" dans ton misérable entourage, hum? "
Le roux perdit son sourire. Il sembla encore une fois ne pas comprendre et pencha la tête sur le côté, tâchant de trouver où l'indésirable voulait en venir.
" De quoi est-ce que tu parle ?... " Finit-il par souffler entre ses babines. C'est alors qu'il eut un éclair de génie. Il ouvrit grand ses billes dorées et s'exclama. Il avait compris l'insinuation et... Elle le fit éclater de rire. Un rire rocailleux d'ivrogne.
Il frappa sa patte sur le comptoir et secoua la tête avant de souffler pour tenter de se calmer. Les larmes aux yeux, il tendit la patte vers son verre pour le retirer vers lui et, hilare, répondit enfin à son cousin.
" Sérieusement Frambault ? Tu me pense assez sournois pour faire cela ?! Il soupira avec un sourire légèrement arrogant. Les fourberies, les traitrise, ça a toujours été ton domaine, mon vieux. Ou celui de mon frère. Il lapa une gorgé. Tu sais très bien que si j'avais eut envie d'en finir avec toi, je l'aurais fait de mes pattes. "
- Monsieur? Tu n'as décidement aucune gène, Traine-Misère. La face déjà bien amochée d'Alexandre était venu se tordre derrière un désagréable sourire qui se voulait cynique mais qui aux yeux de Frambault n'était rien de plus qu'une énième bassesse du déshérité.
- Bien vu, je n'ai effectivement rien à faire dans ce genre de decheterie et n'imagine pas que comme toi j'apprecie de venir salir mes pattes dans ce genre d'endroit répugnant. Avait à son tour grimacé l'héritier en réponse à son cousin.
- En parlant de gorge arraché d'ailleurs... Il avait levé les yeux au ciel durant sa courte pose avant de replanter ses deux dague ambrée dans qui lui servaient de yeux dans ceux de l'autre. J'imagine que tu as éventuellement entendu les bruits qui courent? Tu sais, ma triste rencontre avec un Sanglier? Frambault avait poussé doucement du bout de la patte le verre d'Alexandre avant de le tirer vers lui. Si l'ivrogne ne tenait pas debout il ne pourrait jamais répondre convenablement aux questions du noble.
- Je me suis dis que tu connaissais éventuellement des "Sangliers" dans ton misérable entourage, hum? Frambault n'était pas dupe, du moins il était même peut-être trop paranoïaque et actuellement il était convaincu que Alexandre était mêlé dans cette histoire! Il devait certainement avoir payé des gros bras pour venir regler leur compte à Frambault et Hermant. Le pauvre nobliau n'était même pas encore conscient de l'agacement et la haine qu'il provoquait chez les autres.
Dès qu'il entendit la porte grincer, Alexandre fut prit au nez par une odeur qu'il connaissait que trop. Si la senteur d'alcool l'empêcher de discerner l'être en particulier, il savait qu'il s'agissait là d'un membre de sa famille et cela le fit instinctivement montrer les crocs.
Pourquoi était-on venu le chercher ici ? Il ne voulait qu'un peu de tranquillité. Il sentit bientôt peser sur lui le regard lourd du De Montdargue et ne put réprimé un grondement lourd s'échappant de sa gorge. Il n'était pas du tout à son avantage et n'avait plus rien de l'air dominant d'il y a quelque secondes.
" Tiens donc... Le déchet balafré... Je vois que tu continue de faire honneur au nom que tu as regnier... " Alexandre reconnu immédiatement cette voix et il n'eut pas besoin de jeter le moindre regard au petit imbécile qui venait de s'installer à côté de lui. Il fixa son verre et rien que son verre, tâchant de rester calme. Il ne supportait pas cette appellation.
" Pour toi ce sera Monsieur le Déchet Balafré. Je te f'rais remarquer, cher cousin, que je n'ai plus besoin de faire honneur à ce nom que vous m'avez retirer. Il eut un sourire cynique qui déforma ses babines. Tu n'as rien à faire ici, Frambault, je te conseillerais de déguerpir avant qu'il me vienne l'idée de t'arracher la gorge. "
Son regard doré se posa sur le petit arrogant à ses côtés et son museau froncé exprima sans mal toute sa rancœur.
L'endroit était dégueulasse, répugnant, la petite ruelle puait déjà l'ivrogne à des kilomètres et Frambault craignait à chaque pas d'avoir posé les coussinets dans du vomis ou bien dans les entrailles d'un poivreau assassiné. Alexandre était vraiment un moins que rien pour être tombé dans ce genre d'endroit; Pire! En être devenu un habitué! Le jeune sire portait sa tête haute, jugeant et dédaignant le moindre bougre qui venait croiser son chemin. Il se serait fait assassiné mainte fois s'il n'avait pas porté avec lui l'insigne de l'Inquisition...
L'odeur familiale, celle de son cousin l'avait amené jusqu'à une taverne sombre et mal fagoté du coin de la rue. L'héritier observa l'enseigne quelques secondes avant de plisser les babines de dédains et de pousser d'une pression de l'épaule la porte d'entrée. L'endroit était nauséabond pour un bourgeois tel que le de Montdargue! Les regards s'étaient tourné vers lui et beaucoup semblaient même à la limite de l'hilarité de voir ce genre de petite frappe entrer dans un tel endroit.
Il n'avait pas fallu beaucoup de temps à la dite frappe pour localiser son cousin: Cette abomination, ce traitre. Le regard du fils de Lambert était désormais planté comme la lame fine et tranchante d'un sabre sur le pauvre ivrogne. Il s'avançait lentement, d'un pas fier et assuré en direction de ce dernier puis il s'assit à coté de lui montrant les crocs au tavernier pour lui préciser qu'il ne prendrait aucun des rince-pisses qu'il lui proposerait.
- Tiens donc... Le dechet balafré... Fit remarquer Frambault à son cousin. Je vois que tu continue de faire honneur au nom que tu as regnier...