Krismund Mavlaka était adossé au mur de sa demeure. Il réfléchissait, la mine sombre.
Il sentait qu'il commençait peu à peu à perdre pied. Non, il ne se mourrait pas. Mais il lâchait peu à peu son rôle de meneur des Mavlaka, de patriarche. Il sentait bien que son fils, à présent grand, prenait petit à petit sa place.
Et c'était bien normal, quelque part, c'était le cycle de la vie.
Alors, il était temps de lui parler.
Il entendit les pas gracieux de son fils s'approcher de l'entrée.
- Theobald. Viens s'il te plaît.
Son ton était calme et sans appel.
Le combat était terminé ; son père s'était couché. Il avait laissé son fils haletant, la gueule et la gorge dégoulinantes de sang ; ses muscles s'étaient violemment étirés durant leur danse acharnée et les efforts avaient réveillés ses plaies, mais il tenait encore debout. Sa détermination l'empêchait de courber l'échine. Pas encore, du moins.
❝ Qu'un guérisseur s'occupe de mon père, s'il vous plaît. ❞ ordonna-t-il d'une voix enrouée, en reprenant ses esprits. Doucement, la foule revenait à la vie ; tantôt avec des sourires, tantôt avec des rires. La nouvelle agitait les esprits : les Mavlakas avait un nouveau chef.
Celui-ci avait un beau sourire, fatigué et fier à la fois. Il accueillait avec joie les chiens et chiennes qui venaient à lui, assis sur les pavés, en l'attente d'un guérisseur.
Il avait quelque part, encore du mal à réaliser.