" (...) Je sais. J'aurais aimé que tout cela se passe autrement. "
Étalée de tout son long dans l'herbe fraiche, Bellevale souffla, sa respiration faisant danser les brins d'herbe. La Générale ne s'accordait que très peu de repos, même en temps de paix mais cette fois, son corps et son esprit avaient atteint un seuil critique et réclamait leur soirée au calme. Plus d'incendies, plus de prophètes, plus de Créateur le temps d'une seconde, seulement le chant des rossignols et l'écoulement de l'eau qui berçait sa nuit.
" Tu penses que j'ai fait le bon choix avec cette... " Elle grimaça. " Aisance. Si elle est de mèche avec ce Prophète, je ne me le pardonnerai pas. Paris n'y survivra pas. " Son regard dorée lancée devant elle, elle retint soudain son souffle. " La tuer ? Mais, sans preuves, c'est impossible. Ne racontes pas de sottises. " Elle ricana, presque. Son sourire affichant un rictus amusé et quoiqu'un peu las.
Un temps.
" Tu as peut-être raison. Je me laisse aller. "
Un nouveau silence.
" ... ! Je ne suis pas vieille ! Retire cela tout de suite ! " Elle contra pour la forme en se couchant sur le flanc, le regard accrochée sur l'immense tige d'acier affutée. Avi, son épée et jusqu'à aujourd'hui, seul compagnon.
Les crocs dans sa fourrure rêche et maintenant rasés de près par endroits, ils s'accrochèrent tels des crochets dans sa peau. Dans son moment de victoire, Bellevale s'autorisa une pointe d'humour comme elle savait si bien (ne pas) faire.
" Vous souhaitez que je vous lise vos droits ? " Elle marqua une pause. " Ah oui c'est vrai, vous n'en avez pas. "
(FIN)