Les petits galopaient à droite à gauche sous la supervision d'Angélique. Elle avait reçu une missive la veille l'informant que Lacri, la mère d'Eusebio l'invitait elle et les petits à souper chez eux. Angélique n'avait pas réfléchis longtemps avant d'accepter. Ce serait l'occasion pour elle de penser un peu à autre chose en ces temps si sombre... Et cela permettrait également aux jumeaux de se défouler avec leurs amis.
Ils étaient donc partis de bonne heure afin de profiter pleinement de la nature et de prendre leur temps sans arriver en retard. Angélique avait également confectionné une boîte garnie dans laquelle se trouvait une multitude d'épices provenant des pays du sud... de quoi assaisonner sa viande et son poisson.
Lorsqu'elle arriva sur les terres de son ami paysans, elle commença à demander son chemin pour savoir dans quelle maison elle devait se rendre. C'était si agréable d'être loin de la ville pour une fois... et de voir les jeunes heureux...
Le jeune paysan n'avait pas réellement menti à son invité ; même si l'identité du renard n'était pas la bonne, le principe d'accueil restait le même, et constituait d'ailleurs un pilier dans la vie des Gianotti. Aussi, il fut ravi de constater qu'Angélique partageait cet état d'esprit, ce qui ne le surprit guère. La chienne blanche avait le cœur sur la patte et ne ménageait aucun effort pour le bonheur de ses marins, il en était persuadé.
- C'est exactement ça. Je suppose que vous parlez d'expérience !
Il y eut d'autres éclats de rire, plusieurs sujets de conversations défilèrent et se chevauchèrent parfois, entourés par les rires et les cris de joie des enfants qui faisaient les pitres non loin. Faisant passer les gamelles vides en bout de table, Eusebio observa la marchande, touché de la voir heureuse mais aussi un peu nostalgique dans cette ambiance pleine de vie. Il répondit sans mal à son grand sourire, heureux d'avoir pu leur offrir ces instants de bonheur simple.
- Il y a toujours de la place pour plus de monde ici ; n'hésitez pas à revenir quand vous le voudrez avec les enfants, Angélique !
Son père trouva drôle de s'immiscer dans la conversation en glissant un « si en plus vous attendez qu'il vous réinvite, on ne vous reverra pas avant des années, il court toujours partout ! » qui fit lever les yeux au ciel de son fils. Ce dernier le chassa gentiment, hochant ensuite la tête vers Angélique qui annonçait son départ.
- Il a raison, cependant, j'insiste. Vous serez toujours les bienvenus ici !
Il y eut quelques embrassades, saluts et vœux chaleureux envers la petite famille du port, et Lacri insista longuement pour qu'ils emportent quelques biscuits de sa confection dans un torchon brodé - « ce sera toujours une occasion de revenir ! » - puis ils les regardèrent s'éloigner sur le chemin de terre, agitant la patte. Enfin, il fallut se remettre au travail : laver la vaisselle, récurer les plats, ranger les tables, et préparer la maison. Demain, les champs n'attendraient pas, et les ouvriers devraient y mettre tout leur cœur.
Eusebio accomplit sa part sans rechigner, comme dans un état second ; il était heureux d'avoir pu dispenser de la joie autour de lui, d'avoir pu faire profiter de la quiétude et du bonheur de son cocon familial, et espérait que la chienne blanche n'hésiterait pas à revenir en profiter. Dieu savait qu'il fallait en profiter, tant qu'ils le pouvaient...
Car que donnerait la suite ?
FIN.