C'était jour de marché aujourd'hui. Comme tout les jours. La Grand Place était remplit de petits stands de fortune, tantôt tenu par des saltimbanque, des paysans venu des villages alentours ou de petits commerçants.
Krismund était accompagné d'un petit bohémien chétif ayant perdus ses parents depuis peu.
Le mâle était assis à côté d'un stand de petits ornements en acier, emmitouflé dans sa cape sombre, deux cartes dépassant de sa poche, deux as pour être précis. Il regarda le gamin et lui fit signe de tête.
Le bohémien se mit à engager la conversation avec le marchand pendant que le jeunot vola quelques petits ornements et les glissa dans sa poche. Ils ne volaient pas beaucoup pour que le commerçant ne remarque rien. C'était ça, l'art du vol. Avoir des complices et être malin. Mais aujourd'hui, le duo n'avait pas de chance : un petit rouquin de la garde les avait observé silencieusement tout le long de leur manœuvre.
Le jeune renard écouta attentivement le loup lorsqu'il prit la parole pour lui donner son point de vue. Et le rouquin ne pu acquiescer devant la vérité de ses propos. Mais après... cela restait une croyance et lui, il ne croyait plus en rien depuis longtemps. Si quelqu'un supérieur à eux existait réellement, toutes ses horreurs seraient proscrites et tout le monde s'aimerait. Malheureusement, ils étaient bien loin de ce monde rose que la plus part des canidés s'imaginaient.
Puis le loup le remercia chaleureusement tout en lui offrant son service si un jour il avait le moindre problème. C'était très généreux. Sans doute trop pour le jeune renard. Mais cela n'était pas de refus. Il savait que tôt ou tard il devrait courir à nouveau pour fuir les gardes ou même... l'Inquisition.
- Je vous en remercie Monseigneur... Vraiment. C'est très généreux. A mon grand regret, je vais devoir vous laisser, il me faut retourner à mon poste sinon ça risque de grogner. J'ai été ravis de vous rencontrer. A bientôt...
Et il fit demi-tour pour rejoindre son poste, un sourire ravi sur les lèvres. Sa journée avait bien commencée finalement.
-Ne vous en faites pas Monseigneur, je ne porte pas non plus ces bêtes cruelles dans mon coeur. La semaine dernière encore j'ai rencontré Hermant sur cette même place. Je devais arrêter un voleur. Un épagneul. Lui le poursuivait en l'appelant l'hérétique. Encore un accusé à tord...
Krismund soupira. Ce que lui disait le renard ne l'étonnait guère. Hélas. Les Montdargues, et plus largement l'Inquisition avait la fâcheuse tendance d'appeler les bohémiens, les hérétiques. Sans aucune raison apparente. Le gros mâle était sûre que si l'Inquisition avait attrapé cet épagneul, il l'aurait envoyé au bûcher en prétextant une offense à l'Église, prétexte inventé de toute pièce par leurs cerveaux malades.
- Vous savez, Sir Lorenzaccio, je plains sincèrement les Inquisiteurs. Vous savez pourquoi ? Même si je ne connais pas grand chose à propos du Canisthisme, je ne pense pas l'assassinat de chiens innocents soit très bien vu par leur Divinité. J'ai entendu une fois un verset de leurs curieux écrits : Celui qui mord son prochain une fois est pardonnable; Celui qui mord son prochain une deuxième fois ne peut être un bon chien. Je pense ne pas me tromper en disant que celui qui tue son prochain ne sera jamais pardonné.
Krismund haussa les épaules. Le patriarche n'avait pas ce genre de problème. Il n'avait rien à se reprocher, de plus, comme tout les bohémiens, il croyait aux Dieux de la Terre, et uniquement à ces divinités.
Le rouquin sourit au mâle et lui intima avec un petit sourire :
- Si un jour j'en attrape un je vous ferais appeler afin que vous puissiez vous venger.
Le bohémien sourit à son tour :
- Vous êtes trop bons, mon ami. Si un jour vous avez le moindre soucis, n'hésitez pas à me le faire savoir. Dîtes seulement que vous souhaitez parler à Krismund à n'importe quel bohémien et je viendrais à vous.
Le Rouquin écouta attentivement le loup. Ce qu'il apprit l'horrifia. Il savait que certains brûlaient mais il ne s'était jamais plus penché sur la question afin de rester fixer sur son objectif. Mais maintenant qu'il entendait ce que l'énorme chien avait à dire... Il n'en revenait pas. Et dire qu'il s'était contenté de baisser les yeux lorsque le Reître l'avait interrogé... Une honte, il aurait dû lui pisser à la raie.
Lorenzo s'assit en face de lui lorsque le Patriarche le fit. Il n'avait aucunement besoin de s'excuser, il comprenait parfaitement.
- Ne vous en faites pas Monseigneur, je ne porte pas non plus ces bêtes cruelles dans mon coeur. La semaine dernière encore j'ai rencontré Hermant sur cette même place. Je devais arrêter un voleur. Un épagneul. Lui le poursuivait en l'appelant l'hérétique. Encore un accusé à tord...
Le jeune canidé avait toujours apprécié la culture des bohémiens. Ces derniers avaient plein de chose à leur apprendre... sur les plantes, les manières d'instruire et de vivre. Et pour ces différences il fallait les brûler. A partir d'aujourd'hui, Lorenzo allait mettre des bâtons dans les roues de l'Inquisition, il s'en faisait la promesse.
- Si un jour j'en attrape un je vous ferais appeler afin que vous puissiez vous venger.
Il lui fit un sourire entendu. Pour lui, Krismund valait autant qu'un noble de la ville. Il avait ses valeurs comme tout un chacun et l'âge pour se démarquer. Le Renard ne pouvait que l'apprécier.
- Je viens d'Italie.
Krsmund hocha la tête. Le ton du soldat indiquait que ce sujet était clos. Et cela, le patriarche pouvait le comprendre. Après tout, il n'aimait pas parler de certains sujets, comme de sa femme par exemple, ou des insectes. Krismund détestait les insectes et les avait en horreur.
Le rouquin changea de sujet rapidement ;
- L'Inquisition vous importune-t-elle beaucoup ?
- L'inquisition importune beaucoup les bohémiens. Mon peuple, vous savez, ont plus de tripes que ces maroufles de Montdargue. Les miens meurent chaque jour pour des sottises que ces couards inventent. Sorcellerie ? Et puis quoi encore ? Vol ? Certes. Mais être brûlés pour des faits aussi anodins, c'est scandaleux. Nous ne sommes pas les bienvenus ici, mais nous sommes chez nous, Paris ne leur appartient pas. Nous ne sommes pas dangereux. L'inquisition, elle, persécute chaque jour des jeunes chiots comme des vieillards pour des lubies que seuls eux voient comme une menace.
Krismund s'assit et ramena sa queue sur ses pattes avant.
- Je vous prie d'excuser ma franchise et ma hargne, mon jeune ami, mais l'Inquisition est un sujet sensible. Hier encore, un jeune bohémien de seulement 7 printemps a été brûlés. Pourquoi ? Pour sorcellerie. Pourquoi ? Ce pauvre minot cueillait des fleurs pour sa mère. C'est une honte. J'espère les tuer un jour. Tous.
Il tourna la tête vers l'autre molosse de garde, puis vers la foule.
- Je ne suis pas sûre que parler de l'inquisition ici soit une bonne idée, Sir Lorenzaccio.
Encore et toujours cette même question. Mais bon à vrai dire il faisait encore partie des nouvelles têtes, il était donc normal que les anciennes tiennent à l'interroger quant à ses origines.
- Je viens d'Italie.
Il était vrai que le rouquin avait quelque peu réussi à dissimuler presque en entier son accent. Il fallait vraiment y prêter l'oreille pour l'entendre. La réponse de l'Italien avait été brève, sans appel. Le roux n'aimait pas parler de ça, c'était se mettre en danger et dieux sait qu'il avait horreur de ça. Mais après tout Krismund comprendrait pourquoi il avait agis ainsi dans le temps. Ils étaient un peu du même bord... à mort les tyrans. Et ici, les tyrans c'était bien les Montdargues.
- L'Inquisition vous importune-t-elle beaucoup ?
Il n'avait eut affaire à elle qu'une fois. Cela devait bien être différent pour les gens de la rue... Il se demandait bien ils le vivaient... Lui avait très mal supporté la persécution d'Alexandre et de ses sbires... d'où son acte. Mais si les bohémiens ne réagissaient pas ainsi, que faisaient-ils ? L'Inquisition était très peu appréciée par ici...
Le garde avait rit de bon cœur avec le gros chien.
Lorenzaccio n'avait pas l'air d'être un bourgeois qui n'avait rien dans la cervelle, il semblait être très malin.
- Je vois ! Et bien félicitations c'est très ingénieux ! Oui je vous écoute ?
Krismund sourit au rouquin, en effet, ces tours de passe-passe était malin et très simple. Même les plus jeunes pouvait s'y risquer.
- Vous savez, Monsieur Lorenzaccio, je suis là depuis maintenant bon nombre d'années. J'ai grandit dans les rues de Paris et je connais beaucoup de monde. Cependant, cela fait peu de temps que je vous vois. Permettez moi de vous demander ; d'où venez-vous ?
Le Renard rit avec le patriarche. Il avait entièrement raison au sujet de l'Inquisition. Cela lui rappela sa rencontre avec le Reître alors qu'il traquait un voleur justement... Le Roux de l'Inquisition l'avait stoppé dans son travail pour lui poser des questions inutiles. Rien qu'à y penser, il se mit à grincer des dents. L'Inquisition était vraiment une invention... il n'avait pas de mot pour la décrire mais il était contre.
Puis après avoir demandé au petiot de rentrer au bercail, le Loup s'intéressa à nouveau au Renard. Il lui expliqua alors tout leur art en quelques phrases. Effectivement ça n'était pas bien compliqué.
- Je vois ! Et bien félicitations c'est très ingénieux ! Oui je vous écoute ?
Lorenzaccio était maintenant tout ouïe, curieux d'entendre la question de son interlocuteur.
/Aaaah x') Merci :)
Le jeune garde était très sympathique à la grande surprise de Krismund.
- Je voulais juste vous mettre en garde contre l'un de mes collègues qui traîne de ce côté-ci du marché.
Le regarde glacé de patriarche se dirigea vers le molosse en question. En effet, c'était une belle bête qui n'avait absolument pas l'air encline à laisser passer une quelconques fraudes.
- Pour ma part, je voulais juste vous demander comment vous pouviez parvenir à faire ça ? Simple curiosité de ma part, je ne vais pas vous dénoncer, je voulais juste en apprendre plus.
- Je vous remercie, Lorenzaccio. Et bien, actuellement, j'initiais le minot à l'art du vol. Vous savez, les marginaux sont de temps en temps obligés de voler pour survivre, alors autant les entraîner jeune, vous ne pensez pas ? C'est pas l'Inquisition qui nous aiderait à survivre, nous bohémiens.
Il lâcha un rire tonitruant qu'on lui connaissait bien. Il pouvait faire passer cette dernière remarque pour de la rigolade, cependant, tous savait que c'était vrai.
Il redevint sérieux et invita le gamin à rentrer aux repères des bohémiens. Sa leçon était finit.
- Et bien, Sir, si un jour il vous vient l'idée de voler, sachez que l'art du vol est très simple. Il vous faut être deux, l'un pour voler et l'autre pour détourner l'attention de l'interlocuteur. Si il y a plusieurs commerçants pour un stand, tout les commerçants doivent être occupés. Pendant que l'un détourne l'attention, l'autre vole. Attention, il faut toujours prendre peu pour que le commerçant ne s'en rende pas compte, finit par dire le gros mâle. Dîtes moi, garde, pourrai-je vous poser une petite question ?
[Je crois que le premier message est toujours écrit en gros (a)]
Les bohémiens lui avaient emboités le pas. Le jeune renard n'avait vraiment rien contre eux car lui aussi n'était pas de ce pays et s'il n'avait pas été pris dans la garde, il aurait très certainement finis comme eux à faire la manche ou à voler pour subvenir à ses besoins. Donc au contraire il les avait en grande estime même si des fois il se devait de les arrêter... pour vol justement.
- Je voulais juste vous mettre en garde contre l'un de mes collègues qui traîne de ce côté-ci du marché.
Il pointa du doigt un gros molosse au loin, le buste redressé et scrutant la foule. Ce dernier, s'il les avait surpris, n'aurait rien laissé passé du tout.
- Pour ma part, je voulais juste vous demander comment vous pouviez parvenir à faire ça ? Simple curiosité de ma part, je ne vais pas vous dénoncer, je voulais juste en apprendre plus.
Après tout il restait un renard avant tout, les trucs et astuces pour ruser il adorait. Et dans l'ancien temps il avait lui-même beaucoup fraudé et commis de crimes... Il sourit à Krismund, aimable avant de rajouter qu'il se nommait Lorenzaccio.
// Comment fais-tu pour écrire en petit ? Je n'y arrive pas x')
Krismund n'avait pas regarder le gamin durant toute la manœuvre. C'était ça la règle d'or, ne pas reporter l'attention sur l'étalage du commerçant en observant son binôme.
Alors que le jeune chiot âgé de 8 ans environ s'avançait vers lui, tout heureux, la vision de quelque chose ou de quelqu'un changea son expression. Le patriarche se retourna et se retrouva face à un petit renard qui était visiblement un garde.
Kris' avait appris à faire la différence entre garde et inquisiteur. Il supportait les premiers et voulait tuer les seconds.
Docilement, le bohémien se leva et intima à l'enfant de rester derrière lui. Il suivit le garde, s'attendant à une explication de sa part, même si il se doutait déjà de la raison de cette arrestation.
NB : Ha bah non, je viens de réussir x')
Jour de marché c'était égal à jour de garde et ce n'était pas ce que préférait faire Lorenzaccio. Enfin surveiller le marché. C'était des heures ennuyeuses passées à loucher sur les canidés suspects. Et le Rouquin en avait deux dans sa ligne de mire. Un grand chien loup au pelage sombre et un jeune chiot. Le Renard les observa longuement, laissant le duo oeuvrer. Certes ils commettaient un crime mais les voir exercer leur art était quelque chose qui avait toujours sidérer le jeune roux. D'autant plus qu'il n'avait pas envie d'arrêter Krismund aujourd'hui. C'était aller au devant des ennuies et se mettre à dos la famille Mavlaka. Non merci. Mais il pouvait tout de même se permettre de les accoster pour leur demander de faire attention. Il n'était pas le seul à avoir une vue plongeante.
- Messieurs, veuillez me suivre s'il vous plaît.
Dit-il à leur intention tout en se rapprochant des bohémiens. Il avait pris un ton nonchalant et une allure non agressive. Il venait en ami. Lorenzo offrit un sourire rassurant au loup noir et attendit qu'il le suive avec son avorton sur ses pas.