Aux portes de la fameuse galerie, Antonito faisait le pied de grue devant en dessous de l'enseigne. Le Pastore s'était levé aux aurores, là où les riches et autres bourgeois roupillaient encore et que les honnêtes travailleurs allaient aux champs. Emmitouflé dans un tissu sombre afin de parer le froid et le reconnaissance faciale. L'Héritier Pastore avait joué gros en tentant de contacter son frère d'une autre mère de vive-voix. Mais après ces nombreuses lettres sans réponses, le bouvier avait décidé de prendre le taureau par les cornes. Il l'avait soigné, apprêté et même parfumée. De sa plus belle plume, oui, celle de son chapeau. Il l'avait calligraphié lui-même avec quelques tournures de phrases que seuls les ultramontains pouvaient comprendre. Il y avait même dessiné une fleur, tout le monde aime les fleurs.
Toc. Toc. Toc.
" Sire Gabrieli. "
Toc. Toc. Toc.
" Sire Gabrieli. "
Toc. Toc. Toc.
" Sire Gabrieli. "
Étrange. Aucune réponse.
Ses yeux émeraudes s'attardèrent sur la fente d'aération en dessous de la porte. Un petit regard à droite, puis à gauche et il sortit la lettre cachetonnée de cire. D'une patte maladroite et pressante, il essaya de glisser le papier par le défaut de l'entrée près du paillasson. La lettre avant si belle se retrouva meurtrit à force de racler contre le panneau de l'entrée. La boule de papier chiffonnée était coincée.
A la dernière question de son demi, Antonito tordit sa bouche pour " Ou-.." qui transforma rapidement en " Hm, nooon ? " Plus interrogatif qu'autre chose. " Pourquoi tu en connais un ? Qui est-ce ? " demada-t-il alors, tout sourire pénétrant dans l'antre de l'artiste. Si la culture d'Antonito était vaste, l'italien continuait à faire quelques erreurs et amalgames sur les appellations et nouveaux mouvements
qui naissaient chaque seconde dans le domaine artistique. Oh, combien de fois il avait froissé sa mie sur son talent de tisseuse en confondant son travail avec celui des tapis de sol. Pourtant, c'était un métier tout aussi respectable. " Tu me retirerais une véritable épine de la patte ! Je savais bien que au fond tu n'étais pas si méchant ! " Il leva la patte dans une accolade chaleureuse pour finir par s'abstenir maladroitement en se rappelant l'animosité de Gino à propos de leurs sang. Il approcha sa patte près de celle du noiraud, encore un hésitation. Non, il la replia près de son corps. " Je .. J-jai beaucoup entendu parler de ta galerie ! Père est tellement friand de peintures, surtout celles représentants la mer ou les courbes ! Je suppose que c'est dans les gênes, ha-ha... ha. " Le Pastore déglutit silencieusement, jetant un moment son regard vers la gauche avant de le reporter sur son frère.