Paris - dans les environs du Repaire des Bohémiens
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Avec un soupir exaspéré, Eusebio dut bien se rendre à l'évidence : il était perdu. Lui qui se targuait de pouvoir retrouver la route ou au moins un indice de l'emplacement du Repaire en y étant allé une fois se trouvait maintenant idiot de son audace. Ce n'est pas pour rien s'ils avaient élu domicile dans les parages, après tout, les rues se ressemblaient toutes : étroites, sombres, sales et tortueuses. Le paysan était persuadé qu'il n'existait même pas de plan de ce quartier tant il était biscornu.
Bien qu'il soit d'une carrure imposante, le gaillard n'était pas rassuré ; bien sûr, le coin n'était pas tranquille, et on ne savait jamais sur qui on pouvait tomber, mais il n'y avait pas que ça. Il était angoissé à l'idée de faire face aux bohémiens, de regarder Theo dans les yeux, après ce qu'il avait découvert...
La gorge nouée, le jeune loup déglutit, se passant une patte sur le front. Il se sentait désemparé et ne savait plus que faire de lui-même ; la situation n'était pas facile pour sa famille en ce moment, ils subissaient le contre-coup des événements survenus chez les Pastore, et les recettes commençaient déjà à en subir les conséquences. Une injustice qui avait le don de mettre l'italien hors de lui, le plongeant dans une colère noire qu'il devait aller extérioriser en forêt, s'acharnant sur de gros troncs avec sa hache ou simplement toutes griffes dehors.
Il avait plus que jamais besoin d'un peu de bonne compagnie pour se sentir mieux ; mais présentement, égaré dans une sombre ruelle à la nuit tombée, il se sentait tristement seul.
Un cri soudain dans la nuit sombre hérissa le poil du paysan ; ce n'est pas tant le timbre féminin et désespéré qui attira toute son attention, mais le contenu du message. Quelqu'un venait d'appeler Theobald !! Était-ce un appel au secours ? Un cri de détresse... sentimentale ? Le joues rouges et la gorge nouée, Eusebio se jura de tirer le tout au clair. Saisissant son panier, il tâcha de retrouver la trace de la "victime", qui lui facilita finalement bien la tâche.
Étendue sur une caisse à l'arrière d'un grand et austère bâtiment, la silhouette d'une âme éplorée semblait déverser tout son chagrin au creux de ses pattes. Mal à l'aise, le jeune loup toussota pour annoncer sa présence, et posant son bien non loin, fit un dernier par vers la pleureuse.
- Excusez-moi, hem... Tout va bien ?
Et il n'était pas le seul ! Le pauvre Blondie était dans le même état - perdu, seul, triste. Le pire, c'est qu'il sentait qu'il était tout proche ! Mais impossible de trouver l'une des nombreuses entrées du repaire. Il errait donc comme une âme en peine, maudissant déjà les sinistres ruelles de Paris qu'il venait pourtant tout juste de retrouver. Dire qu'elles lui avaient manqué durant ces deux longues années, alors qu'il était paumé dans la campagne ! A l'instant présent, il était tellement frustré qu'il avait presque envie de tout laisser tomber, de changer d'avis et de repartir de la capitale. Il pouvait se trouver une petite ferme tranquille, loin des problèmes de Paris, loin des bas-fonds et des égouts, où le lait et le miel couleraient à flots... avec une petite fermière pour lui masser les épaules...
- Theobaaaaald ! finit-il par chouiner de sa voix féminine, désespérant de ne pas trouver son frère. Et au diable la discrétion ! Pour le coup, il avait vraiment besoin de se faire remarquer ! En véritable drama queen, l'androgyne se laissa choir de tout son long sur une grosse caisse qui traînait derrière ce qui devait être un entrepôt. Et tel une statue d'ange pleurant sur une tombe, Blondislav s'étendit lascivement en faisant mine de fondre en larmes dans le creux de son coude.