-Cet événement se produit après le combat avec son fils, Theobald, mais juste avant [le jour d'avant] son combat avec Bellevalle et son emprisonnement.-
Krismund dormait tranquillement dans sa maison. Son lit de fortune, fait de pailles et de diverses couvertures, draps et bouts de tissus, s'était tassé au fil du temps. Il pensait souvent à le changer, à rajouter de la paille, jeter ses lambeaux de tissus aux couleurs défraîchis pour les remplacer, c'est à dire que ce n'est pas du tissus qui manquaient au marché des bohémiens !
Mais chaque fois, il repoussait ce moment. Depuis des années, il n'avait pas touché au bout de tissus bleu délavé qui était posé nonchalamment au coin du lit. Il appartenait à Elizabeth. Elle s'obstinait à garder ce chiffons qu'elle avait trouvé dans une petite étale et qu'elle trouvait particulièrement jolie. Lui le trouvait particulièrement hideux. Mais à présent, ce détail n'avait plus d'importance. Il resterait là, ce tissus bleu, jusqu'à la mort de Krismund. Et peut-être qu'enfin, quelqu'un décidera de jeter à la poubelle ce fichus voile bleu.
Le patriarche rêvait. Il bougeait dans son sommeil et rêvait justement à ce tissus bleus. Il l'entendait dire dans son rêve "Krismund, tu trouves réellement cette étoffe moche ? Je trouve pourtant que ce bleu est magnifique." "Ce draps est réellement moche, Lizbeth, oui. Jettons-le." "D'accord".
Il ne savait pourquoi, mais à chaque fin de rêve, ils jetaient tout les deux ce tissus dans le feu, et le chiffons semblait hurler. Puis, il se réveillait, tremblant. Ce rêve ne voulait rien dire.
Cette fois-ci, cependant, ce n'était pas la fin de son rêve qui le réveilla, mais du bruit.
Rapidement, il se leva de son alcôve et se dirigea à pas de loup vers l'entrée. Assis à l'embrasure de la porte, il vit une fine silhouette traversait la place. Il pencha la tête sur le côté et se demanda qui pouvait être éveillé en pleine nuit.
Doucement, il s'avança vers l'extérieur de la place et regarda la chienne. Elle l'avait remarquée.
Le patriarche s'était immobilisé et d'était finalement assis. La petite chienne, elle aussi immobile, finit par se mettre en mouvement. La petite ombre traversa rapidement la place des bohémiens et arriva droit sur Krismund. A toute allure, elle alla se blottir entre les pattes du géant et sanglotait. Le bohémien fut quelque peu surpris et baissa la tête pour regarder la petite boule de poil enfouit dans ses poils. Erin finit par articuler : " Pa... Pa-pa... Theobald ne va pas brûler, hein ? Ni toi, ni Mama Illfalda non plus, hein ? C'était horrible, tout ces cris, ces flammes, cette odeur de souffre... "
Le mâle fut abasourdit par les dires de la femelle et il se tut pendant un instant, yeux écarquillés.
Puis, il caressa la tête de la petite et en souriant, il dit d'une voix douce et bienveillante :
- Non, Erin, tout le monde va bien. Personne ne va brûler, d'accord ?
Il resta encore quelques minutes, là, à la caresser pour l'apaiser. Il se balançait d'avant en arrière, pour créer un mouvement de balancier qui permettait généralement aux enfants de s'apaiser. Il savait que la jeune chienne n'était plus réellement une enfant, mais visiblement, elle avait besoin d'être rassurée.
Il demanda alors, intrigué ;
- Tu fais souvent des cauchemars de ce genre ? Que s'est-il passé exactement ?
Cela inquiétait Krismund.
Il n'aimait pas savoir sa famille en proie à des cauchemar qui les empêchait de dormir. Notamment ce genre de cauchemar morbide. Il posa des yeux heinveillant sur Erin.