Au final, la journée n'avait pas été si infructueuse que cela. Si Dame de Longroy s'était perdue dans les baraquements de la caserne à la recherche de Bellevale, elle s'était vue sauvée par un preux chevalier au pelage roux - un gentil garde serviable qui avait proposé de l'aider à retrouver son amie. Il l'avait réellement sauvée et, non content de lui servir de guide, s'était également révélé être un parfait interlocuteur. Le bougre cachait bien son jeu et possédait plus de conversation que nombre de ses confrères - un détail que ne manqua pas de remarquer Yolande. On aurait presque dit qu'il connaissait le monde de la Haute bien plus qu'il ne le prétendait...
Mais soit ! Si elle avait des questions le concernant, ou concernant n'importe quel autre garde, elle n'avait qu'à interroger Bellevale. Yolande n'ignorait pas l'affection qui la liait aux siens, et combien elle considérait ses soldats comme sa famille. A tous les coups, la capitaine les connaissait tous par leur nom, ne les confondait jamais et se souvenait aisément de chaque détail les concernant. Un attachement que la grande bourgeoise ne comprenait pas : si elle traitait bien ses propres employés et domestiques, elle n'irait jamais jusqu'à les traiter comme de la famille... Mais peut-être Bellevale en était-elle capable car elle n'avait pas eu l'occasion de se construire un foyer stable et bien mené ? Oui, c'était sans doute cela.
Enfin, enfin !, Yolande avait retrouvé l'objet de sa quête. Elle quitta donc la compagnie de Lorenzaccio, non sans l'avoir convenablement remercié et salué, et trotta élégamment vers l'imposante chienne qui supervisait l'entraînement de ses subalternes.
- Bellevale ! Enfin, je vous trouve ! Voilà des heures que je vous cherche !
Des heures, c'était peut-être exagéré, mais la bourgeoise n'était plus à ça près.
- J'ai été fort fortunée de tomber sur l'un de vos Italiens ! Il m'a dit que je vous trouverais ici.
Au terrain d'entraînement, avait-il dit. Et la voilà.
Abandonné !