Avec un plaisir non dissimulé, Geoffroy jetait un regard serein sur l'assemblée captivée à ses pieds, laissant le suspens augmenter. Les plus jeunes, pendus à ses babines, ne savaient plus comment attendre la suite. Reprenant le fil de son récit, le Conteur avait gonflé les joues en roulant de grands yeux:
"Fuyant dans les sous-terrains de Paris, le Gardien avait emporté avec lui un imposant grimoire. Dans ce livre tant convoité, les secrets de toute la ville y étaient consignés, du simple petit commérage au plus grand secret. Les plus téméraires, ceux qui ont osé approcher ce légendaire chien, racontent que certaines pages de ce manuscrit comportent..." il leva les yeux, observant à droite puis à gauche, comme s'il s'assurait qu'aucune oreille indiscrète traînait dans les parages, puis reprenant de la voix des messes-basses, il avait achevé, "des secrets concernant le roi, notre bon Pons de Carmille !"
Observant son petit effet, il s'était rassit comme un propriétaire en terrain conquis, jetant un coup d'œil complice aux chiots. Quand le brouhaha s'était apaisé, il avait reprit:
"Mais le Gardien des Savoirs, ce légendaire chien, a disparu. Certains ont tenté de le retrouver, de mettre la main sur le grimoire ! Hélas... de ces malheureux, n'est resté aucune trace. On est venu me raconter, comme vous le savez mes amis, je connais moi-même bien cette ville et ses petits secrets, et bien, que si le Gardien n'avait plus jamais posé une patte dans les souterrains, il avait néanmoins laissé derrière lui son précieux livre."
Le vieux Conteur, prenant un air cette fois terrible, avait gonflé son poil, fait résonner un grondement puissant dans son poitrail et avait lâché entre ses crocs:
"Gare à celui qui se lancerait dans la quête du légendaire Gardien ! Son ouvrage est une précieuse ressource, mais elle se mérite ! Et puis... qui saurait se montrer digne de toutes ces connaissances ?"
Achevant finalement son récit, il avait sourit à son auditoire et dans un sourire, avait ajouté:
"Mais cela mes bons amis, ne reste peut-être qu'une légende, une belle chimère sommeillant sur une drôle de vérité."
Amalthée soupira en posant sa tête sur sa patte. Si l'idée ne l'enchantait pas, elle ne lui déplaisait pas non plus. Beaucoup c'était lancer dans la quête à l'annonce du héraut disgracieux, mais même sous l'effet de l'alcool elle était capable de comprendre qu'il ne sera pas chose aisé de l’acquérir. Elle se glissa élégamment de sa chaise et rejoins les côtés puants du grand bohémien qui l'invita à le rejoindre. Il n'y avait pas à dire, le Père avait eut moins de chance d'elle sur ce point là et son groupe, même s'il se voyait composé d'un traîne-misère, lui convenait.
A la dérobé, elle commande à sa servante d'attendre les nouvelles de Céleste et, par la suite, d'aller rejoindre la maison où sa pauvre mère dormais pour prendre soin d'elle, ainsi que de sonner l'alerte si, d'ici trois jours, elle n'avait pas donner signe de vie. Ne sait-on jamais !
Une fois cela fait, elle se retourna vers ses comparses et, en leurs adressant un délicat sourire, elle dit :
- Ma foi. Si les Saints existent, alors ce livre doit bien se trouver quelque part.
Elle espérait juste ne pas avoir à trop se salir les pattes. Bien qu'elle avait pris une robe plus adapter à son escapade nocturne, elle n'en restait pas moins délicate et précieuse. L'idée de salir ses jupons l’écœurait déjà. Amalthée se réjouissait, finalement, d'avoir un bohémien avec elle pour s'occuper du travail, de plus l'idée lui vins que ses liens familiaux avec Céleste de Laurier pourrait lui être utile cette fois.