Avec un plaisir non dissimulé, Geoffroy jetait un regard serein sur l'assemblée captivée à ses pieds, laissant le suspens augmenter. Les plus jeunes, pendus à ses babines, ne savaient plus comment attendre la suite. Reprenant le fil de son récit, le Conteur avait gonflé les joues en roulant de grands yeux:
"Fuyant dans les sous-terrains de Paris, le Gardien avait emporté avec lui un imposant grimoire. Dans ce livre tant convoité, les secrets de toute la ville y étaient consignés, du simple petit commérage au plus grand secret. Les plus téméraires, ceux qui ont osé approcher ce légendaire chien, racontent que certaines pages de ce manuscrit comportent..." il leva les yeux, observant à droite puis à gauche, comme s'il s'assurait qu'aucune oreille indiscrète traînait dans les parages, puis reprenant de la voix des messes-basses, il avait achevé, "des secrets concernant le roi, notre bon Pons de Carmille !"
Observant son petit effet, il s'était rassit comme un propriétaire en terrain conquis, jetant un coup d'œil complice aux chiots. Quand le brouhaha s'était apaisé, il avait reprit:
"Mais le Gardien des Savoirs, ce légendaire chien, a disparu. Certains ont tenté de le retrouver, de mettre la main sur le grimoire ! Hélas... de ces malheureux, n'est resté aucune trace. On est venu me raconter, comme vous le savez mes amis, je connais moi-même bien cette ville et ses petits secrets, et bien, que si le Gardien n'avait plus jamais posé une patte dans les souterrains, il avait néanmoins laissé derrière lui son précieux livre."
Le vieux Conteur, prenant un air cette fois terrible, avait gonflé son poil, fait résonner un grondement puissant dans son poitrail et avait lâché entre ses crocs:
"Gare à celui qui se lancerait dans la quête du légendaire Gardien ! Son ouvrage est une précieuse ressource, mais elle se mérite ! Et puis... qui saurait se montrer digne de toutes ces connaissances ?"
Achevant finalement son récit, il avait sourit à son auditoire et dans un sourire, avait ajouté:
"Mais cela mes bons amis, ne reste peut-être qu'une légende, une belle chimère sommeillant sur une drôle de vérité."
Amalthée soupira en posant sa tête sur sa patte. Si l'idée ne l'enchantait pas, elle ne lui déplaisait pas non plus. Beaucoup c'était lancer dans la quête à l'annonce du héraut disgracieux, mais même sous l'effet de l'alcool elle était capable de comprendre qu'il ne sera pas chose aisé de l’acquérir. Elle se glissa élégamment de sa chaise et rejoins les côtés puants du grand bohémien qui l'invita à le rejoindre. Il n'y avait pas à dire, le Père avait eut moins de chance d'elle sur ce point là et son groupe, même s'il se voyait composé d'un traîne-misère, lui convenait.
A la dérobé, elle commande à sa servante d'attendre les nouvelles de Céleste et, par la suite, d'aller rejoindre la maison où sa pauvre mère dormais pour prendre soin d'elle, ainsi que de sonner l'alerte si, d'ici trois jours, elle n'avait pas donner signe de vie. Ne sait-on jamais !
Une fois cela fait, elle se retourna vers ses comparses et, en leurs adressant un délicat sourire, elle dit :
- Ma foi. Si les Saints existent, alors ce livre doit bien se trouver quelque part.
Elle espérait juste ne pas avoir à trop se salir les pattes. Bien qu'elle avait pris une robe plus adapter à son escapade nocturne, elle n'en restait pas moins délicate et précieuse. L'idée de salir ses jupons l’écœurait déjà. Amalthée se réjouissait, finalement, d'avoir un bohémien avec elle pour s'occuper du travail, de plus l'idée lui vins que ses liens familiaux avec Céleste de Laurier pourrait lui être utile cette fois.
Les épaules de Du se courbèrent sous le reproche. Bien évidemment, c'était de sa faute. Elle n'aurait même pas dû toucher à ce verre. Elle avalait silencieusement de l'eau, quand soudain, comme la réponse à ses espérances sonna brusquement dans la taverne. La fine bohémienne sursauta en se redressant, découvrant un vieil étrange bougre. Et ses paroles la laissa silencieusement pensive, fixant d'un regard mauvais cet évêque. Oh, mais Du en avait presque marre de toujours rester en arrière, prudente et silencieuse. Certes, elle se méfierai de ce démon, ainsi que l'enjoignai son frère - comme si sans son avertissement elle aurait joyeusement accouru vers lui prête à gober toutes ses paroles. Mais rien que l'idée de forcer ce grippeminaud à la côtoyer la remplissait d'une joie maligne. Alors elle s'engagea vers le chien de l'église, s'adressant au vieux bougre d'un ton théâtral amusé : - Puisqu'ainsi sont les termes de cette quête, je l'accepte.
Eh bien, on peut dire que cette auberge crasseuse ramenait du beau monde... c'est était presque étonnant. Malorsie suivit des yeux l'évêque qui évoluait au milieu des gueux, intriguée par sa présence ; intérêt pour la populace, ou enjeux politiques ? Mais avant qu'elle n'ait pu pousser plus loin son investigation, un nouveau personnage entra en scène, et attira rapidement à lui l'attention de tout le public, l'ingrate comprise. Cette dernière fronça les sourcils ; quoi, voilà un maraud qui tombait à point nommé pour corroborer cette vilaine histoire de livre... et c'est qu'il en avait l'air convaincu ! Quoi qu'il en soit, la blonde n'aimait pas le regard insistant qu'il avait eu sur elle, et grimaça en rabattant un peu plus un pan de sa capuche. Le vieillard continuait à les haranguer, cherchant à jouer sur une corde sensible, et sans le vouloir, elle commença à prêter l'oreille. S'il y avait des secrets pouvant ramener l'Inquisition dans Paris, après tout, elle ne cracherait pas dessus...
La foule se montrait de plus en plus curieuse, incitant le fou à continuer, et de son côté Malorsie se trémoussait sur son tabouret, tendant l'oreille. Haha, voilà qu'il faisait entrer dans la danse l'évêque Lalonmarche, avec de la vermine en plus !! Un rictus narquois étira les babines de l'insolente, mais elle manqua s'étrangler quand elle entendit son propre patronyme, et la mine furibarde, se retourna vers le bâtard. Comment l'avait-il reconnue ?? Et de quel droit ne respectait-il pas son vœu de discrétion ??
Des jurons silencieux se glissèrent entre ses mâchoires serrées, et elle répondit aux quelques regards curieux autour d'elle par des œillades furibondes. Dans quel pétrin se trouvait-elle à présent ! En équipe avec le roi des pouilleux et une dame aperçue lors de l'exécution... Au moins cette dernière était d'un avis éclairé, si l'ingrate se rappelait correctement les rumeurs de ce jour béni.
Déjà, le bohémien fanfaronnait, invitant courtoisement les deux chiennes à le rejoindre - démon. Repoussant rageusement son écope, l'ingrate vint à sa rencontre, sans prendre la peine d'ôter son capuchon. Elle jeta un regard mauvais au vieillard, et acide envers le grand brun.
- Il faudra bien quelqu'un pour faire régner un peu d'ordre...
Elle avait râlé à voix basse, mais son ton n'avait rien perdu de sa suffisance.
La discussion qu'initiait Melchior fut interrompue par un hideux vieillard qui proféra quelques paroles à son encontre. Le regard du vieux chien s'attarda sur quelques personnes, dont l'évêque, mais également certains visages familiers que Melchior n'avait pas reconnu : s'il fut enchanté d'apercevoir Amalthée, qui lui avait fait bonne impression, il fut horrifié de voir que Théobald avait également assisté au conte. Quel mauvais coup manigançait ce sacripant ? Savait-il quelque chose sur le livre que Melchior ignorait ? Melchior n'avait pas aimé l'insistance du regard du vieillard sur lui quand il avait parlé de peur, comme s'il savait, et il lui adressa un regard sévère.
Et puis venait cette histoire d'équipe : Dumyr ? Dieu Tout-Puissant, qui donc était cette personne ? Melchior n'aimait pas son nom, il sonnait bohémien, et l'évêque n'aimait pas qu'on lui impose une équipe. Il était chien de foi, pas membre de la Garde !
-C'est une proposition intéressante, mon fils, intervint alors Melchior en s'efforçant de prendre un ton doucereux. Les équipes que vous proposez sont des plus...Incongrues, dirons-nous. Mais ne sont-elles pas superflues ?
Même si Melchior chipotait, il savait qu'il ne pouvait pas refuser, c'était bien trop important. Mais quitte à avoir une équipe, il aurait préféré pouvoir la choisir, ou au moins être en compagnie de la Comtesse de Laurier. Le regard du beauceron glissa sur les bohémiens, chargé d'un mépris haineux. Au moins, Melchior n'avait pas à supporter l'insolente présence du méprisable Théobald.
Malgré ses doutes et sa méfiance, Melchior ne pouvait pas laisser ces hérétiques mettre la main sur le livre, s'il existait vraiment. Le vieillard avait raison : il avait peur.
Les griffes du colosse tapotèrent contre le vieux bois de la table, tandis que sa voix se chargeait de reproches. ❝ Dumyr... Tu es murgé comme un goret... ❞ Ce n'était plus de l'inconscience, c'était de la stupidité : une aubaine pour la vermine qui grouillait à chaque recoin. D'une tape sur l'épaule, il commandait un serveur de lui amener de l'eau et la carafe arrivée, il la poussa sous le museau de sa soeur. ❝ Bois. ❞
Le mot passait la barrière de ses babines, quand une voix se réverbéra dans l'ensemble de la taverne. Aussitôt, ses oreilles se dressèrent et il tourna la tête vers l'étrange personnage, sans le moindre mot. Ce livre, réel. Son regard suivait celui du vieillard, qui l'avait mené à deux silhouettes capuchonnées et le faux évêque. Peur.
Le bohémien n'exprimait rien, malgré la tombée des noms. Dans le même silence, il se détourna de la scène et plissa ses yeux en fixant l'alcool dans son verre, comme s'il trouverait ses réponses dans leurs reflets ambrés.
Et il fallait croire que c'était le cas, puisque l'instant d'après, il posa doucement une patte sur celle de sa soeur, murmurant à son oreille pour qu'elle seule entende son avertissement. ❝ Méfie-toi du démon qui porte la croix. ❞ Ainsi, Theobald jeta un dernier regard à Geoffrey avant de rejoindre le plancher de la taverne, faisant craquer le bois sous ses larges pattes.
❝ Soit. ❞ Un grand et aimable sourire étira ses babines, remontant la commissure de ses yeux. ❝ Si mesdames souhaitent tenter l'aventure, alors je serais bien aise de les accompagner. ❞
- Mais ce livre existe! S’était alors élevé une voix à l’encontre de ceux qui se questionnaient. Sortit de l’ombré cet étrange personnage semblait tout droit venir d’une histoire lui aussi. Il avait l’air vieux, son dos était voûté et son visage difforme. Le pauvre bougre ne ressemblait pas à grand chose mais sa voix résonnait aisément dans toute la taverne, tranchant meme le bruit ambiant qui s’était instauré après l’histoire du conteur.
- Je l’ai vu de mes propres yeux. Ce qu’il révèle pourrait en dérouter plus d’un. Son regard s’était alors arrêté sur certains personnages de l’assemblée; Malorsie, Amalthée, Théobald, Melchior et Dumyr, ceux-là semblaient avoir attiré l’attention du vieil animal.
- Avez-vous peur de la vérité? Il s’était arrêté sur Melchior et Amalthée, N’avez vous pas soif de découvrir quelque chose qui pourrait changer toute la donne? Cette fois-ci c’était à Malorsie, Théobald et Dumyr qu’il semblait s’adresser.
- Je peux vous indiquer le chemin, mais vous allez devoir accepter la présence de ce qui vous dérange le plus...
TOUR 2
On dirait bien que vous êtes tombé sur un PNJ donneur de quête qui, tant que vous n’avez pas accepté, va répeter en boucle ses derniers mots; Alors pitié acceptez!
Pour le deuxième tour il s’agit donc toujours d’une simple réponse réaction à tout cela. Qu’est-ce qui va pousser votre personnage à faire partie de la quête? Vous pourrez également prendre en compte la suite de l’explication du vieil inconnu;
- Bien, je vois que pour une raison ou bien pour une autre vous êtes finalement très assez intéressé par cette fable que certains qualifiaient de conte pour enfants... Avait ajouté le vieillard; Sachez que pour arriver à votre but vous ne pourrez pas être seul, mais vous ne pouvez pas être plus de trois... Il va donc falloir faire deux équipes et l’une d’elle seulement pourra accéder à ce savoir... Il observait l’assemblée. Voilà selon moi la configuration qui fonctionnerait le mieux; Mon père, Melchior, vous serez accompagné de Dumyr (et Geoffroy). Nous allons avoir une autre équipe composée si vous le voulez de maitre Théobald ainsi que dame Malorsie et dame Amalthée.
L’étrange individu avait ainsi composé d’autres équipes parmi le reste des poltrons de la taverne. Vous n’êtes donc pas les seuls...
Du se redressa péniblement. Elle tendit la patte, essayant de saisir son verre - mais c'était bizarrement difficile. "Je crois que je suis ivre", elle songea lourdement, mais cette pensée fut suffisante pour l'amener un instant à une brève envie de vomir, tant son dégoût pour elle-même fut fort. Mais la brève envie ne passa pas, et elle se jetta sur la porte, respirant enfin l'air frais - un spasme la parcourut et elle ouvrit la gueule, perdant tout du repas qu'elle avait réussi à avaler, puis un autre, et à chaque fois qu'elle se disait qu'enfin c'était fini, un autre hoquet soulevait son corps. Puis tout sembla achevé, et elle se laissa tomber au sol, savourant le froid glacé des pavés sous ses poils ras. Les étoiles étaient si magnifiques. Ce qu'il devait être apaisant d'être une étoile. Pas de sentiments, pas de magma boueux et douloureux à gérer... Pas de morts. Elle se redressa péniblement une nouvelle fois, trempée, à la fois sans doute du liquide suintant des pavés - pisse, eau et elle ne savait quoi d'autre - et de son propre vomi. La lévrier se sentait si mal... Et au-delà de ça, elle n'arrivait qu'à supposer des raisons qui l'avait conduite à cette situation. Comment de telles choses, ces sentiments ?, qui lui appartenaient, pouvaient-elles lui être si étrangères ? En premier lieu, la fine bohémienne avait poussé la porte de la taverne pour entendre l'histoire du Conteur, songeant que ces choses douloureuses disparaîtrait peut-être, ou s'apaiserait à minima, si elle se changeait les idées. Alors elle s'était glissée sur un tabouret du bar, et le tavernier l'avait dévisagée, s'attardant sur ses habits bohémiens, avant de lui lancer un regard noir, aboyant d'un ton hargneux qu'il lui fallait consommer pour rester là. Du avait tiqué, mais sorti une pièce, demandant la même chose qu'un voisin. Elle avait observé le patron du lieu croquer avec méfiance sa pièce, vérifiant qu'il s'agissait bien d'or et non de cuivre, puis sortir un verre sale et le remplir. Réflexe de politesse, elle avait tiré ce dernier vers elle, et en avait avalé une grande gorgée, manquant de s'étouffer sous la brûlure de sa gorge. Puis l'histoire avait commencé, et petit à petit, sans trop faire attention, son verre s'était vidé, tandis qu'elle avalait - et s'étouffait -, tant prise dans les paroles du grand chien gris. Puis elle s'était sentie mal... Et la voilà dans la rue. Comment avait-elle pu se laisser à boire ? Voulait-elle devenir comme son père ? Du ferma fort les paupières, puis les rouvrit, avant de pousser la porte, voulant faire... Elle ne savait quoi, en fait. Mais elle était entrée dans la pièce, et entendait les derniers mots du chien gris. Réalité ou fiction ? Peu importait au fond. Un peu vacillante, elle se laissa à rêvasser... Ah si elle pouvait avoir ce livre... Elle trouverait les responsables de la mort de Mama Mifalda, que ça soit la tête, Frambault, ou les mains, l'espèce de colley blondasse, elle les trouverait ces secrets, et alors elle en ferait ce qu'elle voudrait d'eux, ils seraient à son bon vouloir... Elle n'aurait plus qu'à trouver une mort atroce pour eux deux. Était-ce ceci qui la mettait dans cet état, la perte de Mama ? En soit sans doute que c'était logique. Quand quelqu'un perdait quelqu'un à qui il tenait, ce premier quelqu'un... Oui c'était ce premier quelqu'un, et bien il était bouleversé. Puis alors, elle trouverait les secrets de Bellevale, et Krismund serait libre... C'était un joli rêve. Puis elle tiqua. Et, perdant sa prudence, elle jetta, bafouillant sans doute : - Conteur !... Puis elle marqua une pause, et se tut, ayant oublié sa précédente pensée. Son regard vagabonda dans la salle, soulevant silencieusement ses babines lorsqu'elle aperçu Melchior, puis elle vit Théo, et elle tenta de bondir vers lui... Au moins d'avancer vers lui. Là elle hoqueta: - C'était très mignon cette fleur tu sais. Puis, dans un soupir, elle s'assit et essaya de s'appuyer sur son frère. - Ce livre... J'aimerais qu'il existe. Il règlerait tous nos problèmes.
Amalthée enfonça d'avantage sa tête dans le large capuchon bleu-marine qu'elle portait pour y dissimuler son visage. Elle n'aimait l'idée de se faire voir, elle, une comtesse, dans une taverne aussi sale et déplorable, mais ses diverses recherches infructueuses l'y avait conduite. Céleste avait encore disparu. C'était maladif chez lui, de partir sans prévenir et de disparaître comme ça du jour au lendemain, mais sa soeur n'en restait pas moins inquiète. Alors, elle avait engager des espions qui avait retrouver ses traces à la nuit tomber. Comme elle s'y attendait, Céleste n'était jamais loin de la pègre bohémienne pour qui il vouait un amour incompris de sa soeur et malsain de surcroît.
Elle soupira, agacé de devoir se rendre elle-même dans un endroit aussi lugubre pour pouvoir avoir des nouvelles fraîche de son frère. Amalthée envoya sa suivante acheté des boissons, pour paraître discrète, et se trainna dans un coin obscur et tranquille où elle ne serait pas ennuyer. La comtesse, déjà lasse de sa soirée, s'appuya nonchalamment sur sa patte et tourna son regard céruléen vers le conteur qui narrait une histoire à des enfants dont le visage couvert de poussière ne faisait pas tarir l'éclat de leurs sourires. Ils étaient mignon, crade, mais adorable.
La servante rapporta deux grosses choppe de bière qu'elle posa devant sa maîtresse et devant elle. Si cette dernière tenait sa boisson timidement, le rouge lui montant aux joues à l'idée que sa dame la voit se laisser aller, Amalthée y trempa assez naturellement les lèvres. Il se fallait être discrète, se faire passer pour un consommateur lambda et à défaut de pouvoir baisser sa capuche au moins pouvait-elle profité du breuvage qui n'était pas si mauvais qu'elle l'aurait pensé. La grande dame prenait son mal en patience, attendant la venu d'un chien qui saurait lui dire où était Céleste, en buvant et en écoutant une vieille histoire. Étrangement, l'alcool rendait la situation bien plus appréciable pour Amalthée qui en vins même à sourire.
La gamine qui courra dans les pattes du conteur pour lui offrir une fleur lui paru si mignon qu'elle en lâcha même un petit rire attendrit.
Elle avait envie de croire à cette jolie histoire. Enfin jolie... L'histoire racontait quand même qu'un chien était assez sage pour détenir tout les savoirs de Paris. C'était intéressant... très intéressant même. Au vue de sa situation obtenir ce livre ne pourrait être que bénéfique. Une idée saugrenu commença à lui venir à l'esprit. Et si elle utilisait ses relations pour retrouver ce bouquin et mettre enfin la patte dessus !? L'idée lui plaisait.
En tournant la tête, un sourire rendu béat par l'alcool qui lui montait à la tête, Amalthée remarqua la figure bien connu de Melchior dont elle se souvenait de sa bienveillance à son égards lors de l’exécution de l'autre sorcière dont elle ne se souvenait pas le nom. Elle esquissa un geste en sa direction, mais se ravisa vite. Il y avait trop de monde qui la ferrait. Elle se mis à rougir en se frottant le museau.
Melchior avait assisté au conte de loin, sans toucher une goutte d'alcool - il serait très mal vu de la part de l'évêque de Paris de boire en public. Il n'était pas venu pour boire de toute manière, mais bien pour être vu en public aux côtés de la populace : il lui semblait important d'avoir l'air proche de ses brebis pour pouvoir gagner leur confiance. Sa relation avec Clotaire était en effet tendue, ces derniers temps, puisque Melchior avait choisi de prendre le parti de l'Inquisition, tandis que la bonne âme de l'Archidiacre lui préférait les bohémiens. Cela attristait Melchior autant que cela l'irritait, car l'Archidiacre étant apprécié par le peuple, cela représentait un frein à son ascension. Et puis Clotaire était son ami, du moins il l'avait été - l'était-il encore ? Melchior ne lui avait pas parlé depuis un certains temps.
D'un air préoccupé, il planta ses griffes dans la table à laquelle il était assis. Ses yeux noisettes balayèrent l'assemblée, son esprit vagabondant vers l'histoire du conteur pour se distraire.
Un livre contenant tous les secrets de Paris ? S'il existait, ce serait une catastrophe pour Melchior qui serra les babines avec anxiété. Que se passerait-il si quelqu'un venait à apprendre ses ascendances bohémiennes ? Ce serait une catastrophe, nul doute que ce petit fot-en-cul de Théobald l'utiliserait contre lui ! L'évêque haïssait ce sang impur qui parcourait ses veines, il préférait le renier au plus profond de sa mémoire. Mais si ce livre existait...Il ne pouvait pas exister, pas vrai ?
Nerveux et distrait, le grand chien ne parvint à reconnaître personne dans la foule, son esprit était ailleurs. Avec agacement, il se demanda où diable - pardon, Dieu - pouvait donc se trouver André. Melchior lui avait pourtant recommandé, depuis leur alliance, de se montrer en public SANS verser dans l'alcool. C'était peut-être trop demander à ce petit chien entêté.
Melchior n'y tint plus, et il se leva pour s'approcher du conteur qu'il salua d'un sourire, ignorant l'enfant qui venait de passer devant lui. Il salua les quelques chiens qui le reconnaissaient, puis déclara d'un ton badin :
-Très belle histoire, mon fils. Dites moi donc : qui vous a raconté une telle fable ? Un livre d'une telle importance n'a pas pu s'inventer tout seul, à supposer qu'il ait existé.
Melchior connaissait Geoffroy Petit, il en avait entendu parler, comme toute la ville. Il savait également qu'il avait des relations avec les bohémiens, et il s'en méfiait donc, mais il était trop inquiété par ce conte pour s'en préoccuper.
Les cris et les rires raisonnaient dans la taverne, synonymes de bonheur et d'insouciance ; seule une silhouette postée en retrait, dissimulée dans l'ombre d'un recoin et de sa capuche, pestait en silence, jetant des regards assassins de parts et d'autres. Lorsqu'on lui apporta sa boisson, elle jeta avec suffisance quelques piécettes sur la table, se penchant ensuite sur son godet. De sous l'étoffe ne transparaissait qu'un long museau fin aux babines pincées, qui reniflait parfois de dégoût lorsque les enfants bohémiens passaient non loin d'elle.
Sous l'étoffe, ses yeux de glace transperçaient le public idiot venu écouter de ridicules histoires d'ivrognes, notant les noms, les attitudes, les liens et œillades... Autant d'informations qui lui serviraient un jour, elle le savait. L'histoire n'était pas finie. Que ces culs-terreux rient et s'amusent, tant qu'ils le pouvaient... Bientôt, Paris serait débarrassée de la vermine, de ses contes indécents et de ses cultes douteux.
Autour d'elle, les discussions et hypothèses sur l'existence du soi-disant Gardien et de son bouquin magique allaient bon train ; pff, encore de la graine de délinquance encouragée à aller fouiner dans les catacombes. Remarque, il n'y avait qu'à y installer des pièges, ça dissuaderait un grand nombre d'explorateurs en herbe... et ce serait toujours ça de moins en vols et spectacles outrageux dans la ville.
Surveillant le haut chien brun attablé - et accablé hi hi - plus loin, Malorsie se contentait de faire tourner son godet entre ses pattes, sans en prendre une goutte. La boisson du péché, des fainéants et des pouilleux... pas question d'y tremper les lèvres. Elle devait garder l'esprit clair et affûté pour noter tout ce qui allait se passer ce soir, comme autant d'âmes qu'elle s'empresserait de livrer à son Seigneur, pour la justice et un monde plus sain... Et bientôt, elle aurait retrouvé sa place, dans la lumière. La lumière d'un grand bûcher.
Silencieusement, Theobald écoutait les échos de l'histoire du vieux conteur et couvrait d'un regard fraternel, quelques marmots bien agités à ses pattes, dont les supplications l'avaient mené à la taverne, ce soir. Du haut de son tabouret, les pattes croisées sur sa table et un petit verre entre deux griffes, il était soulagé de constater que son vieil ami restait fringuant, malgré le temps qui passait et les dernières tragédies qui les avaient secoués.
Le retour de ses légendes apportait un sourire aux babines de son visage obscurci par la fatigue, qui s'agrandit à l'arrivée des bambins après la fin du récit, se précipitant maladroitement sur les tabourets restants pour chuchoter leurs innombrables questions sur ce mystérieux gardien, mais l'engouement était tel qu'ils s'exclamaient à voix basse.
❝ Et toi grand frère, tu crois que c'est vrai !? ❞ l'avait interpellé l'un deux, reposant leurs yeux pétillants sur le bohémien capuchonné qui répondait d'un air malicieux. ❝ Les sous terrains regorgent de secrets... Qui sait ce que pourrait découvrir celui qui aura l'audace de s'aventurer dans leurs profondeurs ? ❞ Les mâchoires tombèrent et lentement, tous se tournaient les uns vers les autres en s'imaginant déjà les milles et un secrets des catacombes qui les attendaient.
Un petit rire s'échappa de sa gueule, tandis que les enfants repartaient aux pattes du conteur, aussi vite qu'ils les avaient quittés.
Tous sauf une, qui tira doucement sur l'un des pans de son habit pour faire pencher le colosse et chuchoter une demande à son oreille. Avec un sourire attendri et un peu de magie, il sortit une fleur de derrière l'une de ses oreilles et lui glissa dans la gueule, regardant la petite se frayer un chemin jusqu'au vieux chien et lui tendre son offrande avec des yeux étoilés.
D'un geste tranquille, le bohémien leva son verre à son attention avant d'en boire une mince gorgée, que trop peu intéressé par l'alcool.
Ce soir là dans la taverne l'alcool coule à flots et les tournées sont distribuées à qui le veut bien. Rapidement le breuvage alcoolisé monte à la tête de tout un chacun et les esprits s'échauffent et malgré tout l'ambiance est bonne enfant. L'histoire de Geoffroy résonne, et vous qu'en pensez vous?
TOUR 1
On commence avec un gentil tour de chauffe pour cette reprise des hostilités sur REIGN. Chacun va pouvoir expliqué sa présence dans la vieille taverne pour venir entendre l'histoire de Geoffroy, qui est devenu un rendez-vous immanquable de Paris pour se tenir au courant de l'actualité de façon ludique.
Mais alors, que pense votre personnage de ce Gardien des Savoirs? Légende ou réalité, n'oubliez pas que l'alcool a surement frappé ...